Football«Mon rêve, ça serait de monter avec Yverdon en Super League»
En pleine santé et en confiance, William Le Pogam est un capitaine comblé dans le Nord vaudois. Interview avant le déplacement d’Yverdon Sport chez le leader, Vaduz, vendredi (20h30).
- par
- Jérémy Santallo
William, on veut la vérité sur votre but du week-end passé. Ce n’était pas voulu, n’est-ce pas?
(Rires) Au moment où je reçois le ballon sur le côté, mon intention est de centrer fort devant le but. À la vidéo, on voit le ballon redescendre rapidement comme si j’avais voulu frapper alors que pas du tout. J’ai juste eu de la chance.
Yverdon reste sur cinq victoires consécutives à domicile. Mais à l’extérieur, c’est plus compliqué. Pourquoi?
Franchement, c’est une bonne question. On en parlait l’autre jour justement avec Koro (Koné). Nous avons fait quatre points à l’extérieur depuis le début de la saison (ndlr: un match nul contre le SLO et une victoire à Kriens) et pourtant, on se prépare de la même manière, avec la même envie. Je ne sais pas, je n’ai pas d’explication.
Il en dit quoi Uli Forte (ndlr: l’entraîneur)?
(Rires) Rien de spécial si ce n’est qu’il commence à nous dire que ça serait bien de faire des points à l’extérieur! Que l’on se mette dans la tête que nous sommes à Yverdon, devant nos familles et nos supporters. Il faut que l’on change de mentalité, quelque chose dans notre approche. Après, jouer devant 4000 personnes à Aarau ou Winterthour, ça pouvait être impressionnant pour nos jeunes. Mais il n’y avait pas que ça au début de la saison. C’était catastrophique mathématiquement même si le contenu n’était pas si mauvais.
Entre le départ de Jean-Michel Aeby et l’arrivée de Uli Forte, qu’est-ce qui a changé?
Déjà, il faut dire que ce sont deux coaches totalement différents. Ils n’ont pas la même personnalité ni la même manière de travailler. Jean-Michel, c’est un entraîneur plutôt à l’ancienne, qui aime la jouerie, moins ordonné. Uli, c’est l’exigence suisse allemande. Il structure son équipe pour qu’elle soit le plus solide possible. Si ce n’est pas le cas, cela devient dur d’exister et de faire des points en Challenge League. Chiasso jouait bien au ballon mais au final, tu le paies tôt ou tard. Et lorsque Uli est arrivé, on devait faire des points. Pas s’amuser.
Il y a ce déplacement à Vaduz vendredi. En cas de victoire, vous pourriez regarder vers le haut.
On a déjà eu l’occasion de le faire contre Neuchâtel mais on l’a manquée (ndlr: défaite 2-1 fin novembre). C’est clair que l’on aimerait terminer sur une bonne note à l’extérieur, pour rester dans le coup. Après, même si on est ambitieux, nous ne sommes pas là pour décrocher le titre.
Mais lorsque vous regardez ce classement, vous ne rêvez pas un peu?
Si, un peu quand même. On a envie de rester au contact car on ne sait jamais. Lors de la deuxième partie de la saison, il n’y aura pas de trêve internationale. Donc si nous sommes sur une bonne dynamique, cela peut donner quelque chose de bien étant donné le nombre de points qui séparent le haut et le bas du classement. Ce match à Vaduz va être très intéressant. Car on aime jouer les équipes de tête, mais moins à l’extérieur. Cela va être à nous de faire le job et de ramener quelque chose de là-bas.
On a lu ou entendu plusieurs observateurs de Challenge League écrire ou dire que vous étiez le meilleur Yverdonnois depuis cet été. C’est aussi votre avis?
C’est vrai que je me sens bien, épanoui pour ma deuxième saison. J’ai la chance d’avoir vécu cette montée. J’en avais besoin pour ma confiance. Je suis venu ici pour gagner un titre et on a réussi à le faire. Cette saison, je suis un peu à l’image de l’équipe. Je n’ai pas très bien commencé en étant expulsé. Et puis je suis un défenseur donc si on prend neuf buts en trois matches, c’est que je n’ai pas été très performant… Mais après, on s’est tous mis à niveau et je me sens à l’aise dans le système du coach. Je joue un rôle de piston et cela me va bien car je n’ai pas été formé comme un défenseur. On ne va jamais dire de moi que je suis en roc (rires). Je me considère comme un joueur d’équipe, je ne suis pas Lionel Messi. J’ai beaucoup d’envie et de passion, c’est ce qui fait ma force. Je touche du bois aussi d’être épargné par les blessures.
À l’été 2020, vous avez pris des risques en quittant le SLO et la Challenge League pour l’étage inférieur, non?
Depuis mon année à Xamax, je suis toujours resté en contact avec Mario (Di Pietrantonio, le président). Cela ne s’est pas fait entre nous après Neuchâtel car certaines personnes disaient que je ne pouvais plus jouer au foot, que j’étais fini avec mes blessures. J’ai eu la chance de pouvoir rebondir au SLO, et, même si je n’ai pas fait ma meilleure saison là-bas, j’ai pu reprendre du rythme. Mais j’ai toujours eu Yverdon dans un coin de ma tête et j’ai eu envie de tenter l’expérience.
Vous avez brièvement joué en Super League avec Neuchâtel (ndlr: trois matches et 270 minutes). Avez-vous envie d’y regoûter?
Je suis très heureux à Yverdon. J’ai la chance d’être le capitaine de cette équipe donc je n’ai aucune raison de vouloir partir. Mon rêve, ça serait de monter avec elle en Super League. Si on y parvient, j’aurais bouclé la boucle. Nous aurons vraiment mis le club sur la carte du foot suisse.
Si Yverdon ne monte pas en fin de saison, vous aurez peut-être des propositions. De quoi vous laisser tenter?
Je reste un compétiteur. J’aimerais bien avoir la chance de pouvoir prouver ma valeur à l’étage supérieur car je n’ai pas pu le faire à Neuchâtel, où je suis passé en coup de vent avec mes blessures. Oui, une proposition me ferait réfléchir. Mais si les dirigeants me demandent de rester (ndlr: il a encore un an et demi de contrat jusqu’au terme de l’exercice 2022-2023), je n’irai pas à l’encontre de leur décision.