CrimesUn livre sur le tueur en série qui a révolutionné les cold cases
Une nouvelle collection sur les grandes affaires criminelles américaines débute avec le Golden State Killer, premier assassin identifié des années après grâce à la révolution ADN.
- par
- Michel Pralong
Le Golden State Killer est un tueur en série qui a failli être oublié. Pourtant, on lui attribue 13 meurtres, une cinquantaine de viols et de nombreux cambriolages qui ont terrorisé la Californie dans les années 1970 et 1980. Mais jamais la police n’a obtenu le début d’une piste et, son dernier méfait qu’on lui impute date de 1986, on pouvait donc penser que jamais il ne serait démasqué.
Pourtant, une nouvelle méthode de recherche sur l’ADN a fait que, en 2018, à 72 ans, Joseph James DeAngelo a été identifié comme étant le Golden State Killer. Il a été condamné à plusieurs peines de prison à vie. Il est le premier «cold case» (vieilles affaires non résolues) qui a trouvé une réponse grâce à cette nouvelle technique. Depuis, on en résout presque chaque semaine aux États-Unis.
Une révolution dans les enquêtes
Dans la police scientifique, l’utilisation des empreintes digitales a permis d’identifier de nombreux coupables. Mais pour attribuer des empreintes relevées sur un lieu de crime à quelqu’un, il faut soit qu’elles correspondent soit à celles déjà enregistrées dans les fichiers de la police, soit à celle d’un suspect. L’ADN a permis dès les années 1980 d’être infaillible dans les identifications. Mais pareil, il fallait que celle du coupable soit déjà enregistrée par la police, soit que lui-même soit suspect et qu’on lui fasse un prélèvement.
Joseph James DeAngelo n’a jamais été suspecté. Et il a su, à chaque fois qu’il sentait que quelque chose pouvait le relier ses crimes, déménager pour recommencer ses méfaits ailleurs. Car il était policier et a même enquêté sur ses propres cambriolages avant d’être renvoyé pour une histoire de vol à l’étalage. Il a visiblement cessé ses crimes parce qu’il sentait que l’arrivée de l’ADN pouvait le menacer. Mais il ne s’attendait pas à ce qu’on finisse par venir frapper à sa porte.
Cela s’est fait car la police a, pour la première fois, comparé l’ADN du tueur à celles que des gens fournissent volontairement sur des sites de recherches généalogiques. Cela n’aboutit pas forcément au possesseur de cet ADN, mais à quelqu’un de sa famille. Après, il reste à chercher dans l’entourage qui pourrait être le coupable.
Un crime par État
La résolution de cette affaire a fait beaucoup de bruit à l’époque. Et aujourd’hui, un livre vient nous raconter en détail tout le parcours terrifiant de ce tueur hors normes. 10/18, en collaboration avec le magazine «Society» vient de lancer une nouvelle collection, «True Crime». Chaque livre va revenir sur une grande affaire criminelle américaine, État par État. Normal que le tueur dont le surnom évoque la Californie soit l’un des deux qui ouvre les feux. Écrit par le reporter William Thorpe, «L’affaire du Golden State Killer» se dévore comme un excellent polar de fiction. Mais ici, tout est réel.
Le parcours de cet homme est hallucinant. Il a débuté par de simples cambriolages, avant de tuer des animaux, puis violer des femmes seules, puis d’en violer aux côtés de leur mari sur lequel il avait déposé des assiettes empilées disant qu’il les tuerait tous les deux si une seule tombait. Enfin, il s’est mis à assassiner, sauvagement. Même en connaissant un peu l’affaire, on en apprend beaucoup à cette lecture, notamment l’étrange phrase que DeAngelo prononcera dans la salle d’interrogatoire, suggérant qu’il était habité par une double personnalité.
Une mère vraiment indigne?
La collection ne va pas se concentrer sur des affaires dont on connaît tous les secrets. Le deuxième livre paru s’intéresse à Alice Crimmins. À New York, en 1965, les deux petits enfants de cette mère de famille sont retrouvés étranglés, dans deux terrains vagues différents. Sans aucune preuve absolue de sa culpabilité, ce sera elle qui sera condamnée, car on l’a jugée uniquement parce qu’elle avait trop d’amants et qu’elle ne pleurait pas assez. Mais aujourd’hui, on ignore toujours la vérité. Pareillement, ce livre écrit par Anaïs Renevier se dévore. On se réjouit du suivant, consacré à «L’inconnu du Cleveland», qui parlera d’un retraité sans histoire retrouvé mort dans sa salle de bains. Sauf que son identité était fausse.