Football: Pep Guardiola a toujours des choses intéressantes à dire

Publié

FootballPep Guardiola a toujours des choses intéressantes à dire

C’est rare alors profitons-en. Mardi soir, l’entraîneur de Manchester City a répondu aux questions des médias, avant que son équipe s’entraîne sur le synthétique bernois, en vue du match de Champions League contre YB. Un bon moment.

Robin Carrel
par
Robin Carrel
Le coach espagnol sur l’estrade bernoise.

Le coach espagnol sur l’estrade bernoise.

AFP

Ce n’est pas tous les jours Noël. Dans le journalisme, à notre époque, ça ne tombe même plus une fois par année. Enfin sauf peut-être quand Pep Guardiola passe par la Suisse… Parce que ça permet de voir l’un des plus grands entraîneurs de tous les temps là où d’habitude on croise Raphaël Wicky, Heiko Vogel ou encore Mattia Croci-Torti et compagnie. Bon, comme on n’a pas une rédaction extensible, on a suivi ça sur YouTube. Mais il n’empêche que ça donnait envie de vous retranscrire en entier ce bon moment de football, quelques heures avant le match entre le champion de Suisse et le champion d’Angleterre + d’Europe.

Element of type ad is not supported

Pouvez-vous nous livrer vos pensées quant à cette surface artificielle du Wankdorf, ainsi que les difficultés potentielles pour votre équipe de s’y adapter?

C’est ce que c’est… Si c’est dans le règlement de pouvoir jouer là-dessus, c’est parce que ce sont de bonnes conditions… C’est pour ça qu’on est venu un peu plus tôt que d’habitude sur place, alors que normalement on ne s’entraîne jamais sur le terrain adverse avant les matches à l’extérieur. Là, on a fait une exception. On a voyagé mardi matin pour que les joueurs puissent sentir ce revêtement synthétique. Pour voir comment la balle roule, comment bouger à droite, à gauche, en avant… Les joueurs vont tout de suite comprendre quand ils seront sur la «pelouse».

Est-ce un mythe qu’il y a plus de blessures sur ce genre de surface?

Peut-être. Je ne sais pas… Je n’espère pas, et ce pour les deux équipes. On n’y est pas habitué et les joueurs non plus, mais comme des clubs suisses et d’autres équipes de Champions League l’ont fait avant nous, on doit s’adapter. Nous ne sommes pas la première formation à qui ça arrive.

Plus globalement, pour le football, est-ce que c’est mieux ou pire que l’herbe?

Généralement non. Le gazon, c’est mieux. Pourquoi est-ce que 99,9% des équipes de haut niveau jouent sur un terrain naturel? Sinon, l’UEFA et la FIFA décideraient de tout faire jouer sur synthétique. C’est juste du bon sens, j’ai l’impression.

AFP

On a beaucoup parlé de Jack Grealish ces dernières semaines. Lors de la pause internationale, il a expliqué que la «béquille» subie lors du match à Sheffield avait été la pire de sa vie et que c’est la pire que son médecin ait vue. On ne l’a pas vu lui pendant quasiment un mois. À quel point sa non-sélection avec l’Angleterre était à des fins de convalescence et à quel point vous en attendez plus de lui?

Je n’ai pas le moindre doute le concernant. Pas une seconde, pas une miette, rien. Le remettre en question après ce qu’il a fait pour nous ou sur ses qualités depuis trois ans et surtout la saison dernière, c’est une hérésie. Il a commencé la saison un peu en retard et quand elle a été lancée, il a été incroyable, mais a reçu ce coup et été forfait un mois. À cette période, quand vous manquez aussi longtemps et, en plus, avec la morphologie qu’il a, vous avez besoin de retrouver du rythme, du rythme. Parce que c’est un gros morceau. Il ne ressemble pas physiquement à Phil Foden ou Bernardo Silva, par exemple. Eux, ils ont besoin de deux ou trois séances d’entraînement et ils sont prêts. Jack, davantage. Il est incroyablement concentré pour revenir et il sera bientôt de retour à fond. Nous recommencerons à l’utiliser quand on pensera qu’il pourra nous aider. Il sait, on sait et vous savez tous qu’il y a de la compétition à l’interne. Tous les joueurs doivent se battre avec leurs coéquipiers pour gagner leur place à l’entraînement, pour ensuite devenir frères la semaine en Champions League ou le week-end en Premier League. Des frangins! Jack va être de retour, Foden peut jouer à gauche, Jérémy Doku aussi et les saisons passées, il y avait aussi Sterling et d’autres. C’est ainsi. Mais je suis très calme et confiant. Jack Grealish est un élément très important pour nous.

Element of type ad is not supported

Et cette semaine, ont-ils été un peu plus ennemis que d’habitude dans l’effectif? Ou est-ce qu’ils sont un peu trop amis?

Non, non, non! Durant la semaine, tout est parfait. Mes joueurs s’entraînent très bien, comme des ennemis. Ils ont tous une excellente relation entre eux. Le groupe que j’ai cette saison est plus qu’exceptionnel. Ils vivent bien ensemble, mais ils se tirent la bourre aussi, pour essayer de me convaincre de les choisir à l’arrivée. Parce qu’à la fin, c’est ça qu’ils doivent faire. Ils savent aussi qu’un jour ou l’autre, leur chance va venir s’ils travaillent bien. Ainsi, quand l’opportunité arrive et que tu t’es bien entraîné, tu es prêt. Ensuite, plus tu joues bien quand tu as été choisi, plus tu as de chance de rejouer la semaine suivante.

AFP

Jack Grealish a été un élément clé de la conquête de la Champions League l’année dernière, d’autant plus lors des matches à élimination directe. Est-ce qu’il n’y aurait pas eu ensuite, après la conquête du triplé, une certaine gueule de bois? Pour lui comme pour l’équipe…

Certains ont eu un peu plus mal à la tête que d’autres (rires)… Mais non, en vrai, je ne pense pas. Jack… Jack a été un joueur différent au cours de sa seconde saison chez nous. La première, après son arrivée, il n’avait pas joué très souvent. Et la saison dernière, il n’y a pas qu’en C1 où il a été décisif. Il l’a été dans toute la quête du triplé! Lors de toutes ces rencontres à enjeu, il a montré à quel point il était unique et décisif dans de très nombreux domaines. Son contrôle du ballon, ses passes laser, sa vision du jeu, sa puissance, sa mentalité. Il a vraiment beaucoup de qualités. Mais là, il a eu sa blessure, ça a traîné en longueur et ça a été dur. Le docteur n’avait jamais vu un tel coup et c’est pour ça qu’il a été sur le flanc pendant si longtemps. Et je vous parlais du rythme à retrouver… Le truc, c’est qu’on ne peut pas l’attendre. Nous devons lui permettre de retrouver du rythme à l’entraînement et lui donner quelques minutes.

Vous avez dit le week-end dernier que le triplé avait influencé un peu tout le monde au club et que vous vous comptiez dans le lot. Pourriez-vous élaborer une réponse sur ce sujet? Qu’en avez-vous appris?

Franchement, je trouve que c’est sévère de dire qu’on a eu la gueule de bois et que c’est compliqué en ce début de saison. Je nous ai trouvés compétitifs lors de tous les matches que nous avons joués jusqu’ici. Sinon, nous ne serions pas juste deux points derrière Tottenham au classement et avec deux victoires en autant de parties en Champions League. Tout le monde nous attend à chaque match et tout est remis à zéro quand on part dans une nouvelle saison… C’est aussi compliqué quand tu sors d’un exercice pourri et que tu t’es à peine qualifié de justesse pour une Coupe d’Europe la saison suivante. Tu donnes juste tout jusqu’au bout. Nous, on se remet en piste après avoir tout gagné et tu as besoin de remettre la machine en route. Ça montre la mentalité de nos joueurs, parce que si on avait eu une grosse gueule de bois, on ne serait pas à deux points des Spurs et premiers de notre groupe en C1, après avoir gagné à Leipzig, notamment. Si on garde l’état d’esprit qu’on a montré jusqu’ici, on ne sera pas loin de la tête du championnat à l’arrivée. On est en novembre, Jack Grealish revient gentiment, John Stones est de retour après deux mois d’absence… On va devenir encore meilleurs. Mais en général, je suis satisfait du comportement de tous à l’entraînement et de la volonté des joueurs en match.

AFP

Depuis qu’Erling Haaland est à City, il est devenu une des plus grandes stars mondiales en peu de temps. Sur le terrain, mais aussi dans les publicités, les réseaux sociaux et il est au centre de l’attention. Il vient de participer à une campagne avec LeBron James quand même. Comment ça l’affecte au quotidien, comment gère-t-il ça? Et aviez-vous déjà, au cours de votre carrière, rencontré des joueurs avec une telle aura?

Element of type ad is not supported

Quelques-uns. Pas beaucoup, mais quelques-uns. Ce serait une question à lui poser plutôt à lui. Mais de mon point de vie, pour le voir tous les jours à l’entraînement, c’est totalement le même gars que l’année dernière. Complètement! Il a les pieds sur terre, c’est un gamin adorable avec la bonne mentalité pour marquer des buts et aider l’équipe. Pour atteindre ses objectifs personnels et participer à l’effort collectif. Après, c’est normal qu’avec un caractère si spécifique et son talent, il connaisse un tel succès en peu de temps. C’est logique. Les publicitaires ont envie de lui et ça arrive partout.

Après avoir analysé les Young Boys et leur style de jeu, quels sont les points forts des Bernois et quels joueurs avez-vous remarqué?

C’est une équipe agressive, qui n’offre pas de profondeur. Une formation grande et physique, qui se connecte bien avec ses attaquants, qu’ils soient deux ou trois sur le front de l’attaque. Ils attaquent vraiment bien ensemble. Ils ont des canaux particuliers et bien travaillés, surtout sur leur flanc gauche. YB met aussi pas mal de joueurs dans la surface adverse. Derrière, les Bernois sont capables de jouer à quatre ou à cinq. Ils ont joué à quatre contre l’Étoile Rouge et à cinq contre Leipzig. On devra vite identifier ça mercredi soir et nous adapter. D’après les informations que j’ai eues, je sais aussi que c’est un stade où le public les soutient toujours bruyamment. Oui, ce sera difficile!

Dernière question: comment jugez-vous les performances de Manuel Akanji, depuis qu’il a rejoint Manchester City?

Oh super bien. Quelle signature il a été pour nous! On a été tellement chanceux de l’avoir engagé la saison dernière… On a eu le feeling dès le début avec lui. A peine avait-il signé, qu’on a su qu’on avait engagé là plus qu’un simple défenseur. C’est un gars adorable. Il peut jouer à deux ou trois différentes positions. Il est un défenseur central normalement, mais qui peut aussi évoluer sur le côté droit. Il a aussi été utilisé au milieu, quand John Stones n’était pas encore prêt à jouer. C’est un homme qui est ouvert d’esprit et tellement intelligent… Sage aussi. Personnellement, je suis très heureux et je prends du plaisir qu’on joue avec Manu.

Ton opinion