Parlement – Le «bataillon» Cyber est né au Conseil national

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ParlementLe «bataillon» Cyber est né au Conseil national

Doté de 500 hommes, le commandement Cyber de l’armée suisse a été soutenu à l’unanimité mercredi à Berne. Il sera opérationnel en 2024. D’ici là, il devra recruter les meilleurs, qui sont déjà rares au civil.

Eric Felley
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Eric Felley
L’armée veut engager les meilleurs dans le domaine de la cyberdéfense, de la cryptologie et des technologies informatiques. Saura-t-elle les trouver?

L’armée veut engager les meilleurs dans le domaine de la cyberdéfense, de la cryptologie et des technologies informatiques. Saura-t-elle les trouver?

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«Pas un jour ne se passe sans une attaque cyber», Jacqueline de Quattro (PLR/VD) a résumé en une phrase l’urgence que chacun ressent à doter l’armée suisse de meilleures compétences dans ce domaine. Dans le cadre du développement et de la modernisation de l’armée, le Conseil national a adopté sans opposition mercredi la création d’un commandement Cyber au sein de la troupe. «Les enjeux dans le domaine de la cyberdéfense se sont considérablement accrus, a noté Maja Riniker (PLR/AG). Nous devons être prêts à détecter les cyberattaques sur nos propres systèmes, mais aussi à les déjouer. L’attaque de Ruag en 2016 nous a clairement montré que des cyberattaques avaient lieu».

«Il nous faut les meilleurs»

«Il faut monter en puissance dans ce domaine de manière très importante, a ajouté Pierre-Alain Fridez (PS/JU). Il nous faut les meilleurs, potentiellement avoir des hackers et prévoir une collaboration avec la société civile». Pour François Pointet (VL/VD): «Le cyber est un espace à défendre». Tous les parlementaires en conviennent, le nouveau «bataillon» aura besoin d’une expertise très élevée pour répondre aux défis posés par la sécurité informatique, la cyberdéfense, la cryptologie ou la guerre électronique.

370 postes de plus pour la cyberdéfense

Actuellement, 206 postes sont dévolus au domaine cyber dans le cadre de la base d’aide au commandement. Avec le nouveau commandement, l’effectif est porté à 575 postes d’ici 2024. Pour Thomas Rechsteiner (C/AI): «Avec la nouvelle organisation, le commandement Cyber sera placé au même niveau que le commandement des opérations et la base logistique. Mais l’armée aura besoin des ressources humaines et des qualifications professionnelles. Et, comme nous le savons tous, c’est actuellement l’un des plus grands défis, pas seulement dans l’armée, mais aussi dans le monde professionnel: les cyberexperts, les analystes de big data et les spécialistes en logiciels sont très demandés et difficiles à trouver. L’augmentation de l’effectif des 206 postes actuels à 575 est donc très ambitieuse. ».

Les craintes de Fabien Fivaz

Du côté socialiste on défend l’idée d’un commandement Cyber, mais Fabien Fivaz (Vert.e.s/NE) demeure prudent: «L’armée sera-t-elle capable de mettre en place une telle infrastructure pour l’ensemble de ses systèmes? Les déboires liés au projet Fitania, qui a coûté 3,3 milliards de francs, que ce soit en raison de manque de personnel, de manque de moyens ou de changement dans la localisation des infrastructures, nous font craindre pour la suite du projet. Nous ne demandons finalement qu’à être rassurés…»

La cheffe du Département de la défense, de la protection de la population et des sports, Viola Amherd, n’a pas répondu directement aux inquiétudes du socialiste neuchâtelois. Elle a pris acte de la position unanime du Conseil national sur la création de ce commandement Cyber et souhaite que celui-ci devienne une «organisation flexible».

Soutien aux manifestations dans la loi

Le Conseil national a également ancré jeudi dans la loi le soutien de l’armée aux grandes manifestations nationales, comme cela se pratique déjà. «De nombreuses manifestations ne pourraient simplement plus avoir lieu si le soutien de l’armée était supprimé, a noté Jacqueline de Quattro, des manifestations allant du Forum économique mondial à la Fête des vignerons en passant par les fêtes de lutte ou encore la Coupe du monde de ski alpin». Deux minorités qui voulaient réduire la marge de manœuvre de l’armée dans ce genre d’exercice ont été écartées.

Enfin le Conseil national a décidé d’une procédure interne pour les enquêtes concernant l’aviation militaire. Une minorité aurait souhaité que ces enquêtes soient confiées à une commission extraparlementaire. Sans succès.

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