Tennis - Stan Wawrinka: «Mon cadeau, c’est d’être de retour à la compétition»

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TennisStan Wawrinka: «Mon cadeau, c’est d’être de retour à la compétition»

À la veille de son 37e anniversaire, le Vaudois a évoqué avec nous son grand retour sur le circuit, qui aura lieu mardi, en Andalousie. Interview.

Jérémy Santallo Marbella
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Jérémy Santallo Marbella
Notre journaliste à gauche, Stan Wawrinka au centre, et notre confrère du Tages-Anzeiger René Stauffer, à droite.

Notre journaliste à gauche, Stan Wawrinka au centre, et notre confrère du Tages-Anzeiger René Stauffer, à droite.

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Un patio sur le site du Puente Romano Tennis Club, deux journalistes et Stan Wawrinka, tout juste sorti de la douche après un entraînement de haute volée contre l’autre grand revenant, Dominic Thiem. À 48 heures de son retour à la compétition à Marbella, théâtre de l’un des Challenger 125 les plus relevés de l’histoire, «Stan The Man», doublement opéré du pied et six parties au compteur seulement en 2021, s’est longuement confié.

Stan, vous venez de battre Dominic Thiem 7-6 5-4 ce dimanche. Faut-il y accorder de l’importance?

Le résultat pur n’est pas révélateur, mais mon niveau de jeu et la façon dont je me comporte, oui. Parce que j’aurais très bien pu perdre 6-3 et être très content de mon tennis. Lorsque l’on n’a pas joué en compétition depuis aussi longtemps (ndlr: 9 mars 2021), ce sont ces points et ces tie-breaks qu’il faut travailler, à un instant T. Mais aussi la concentration que nécessitent ces moments. Je n’arrive pas lancé avec vingt matches derrière moi, j’ai besoin de retrouver ces automatismes.

Au sortir de cet entraînement, que retenez-vous? Et comment va votre pied gauche?

Je vois que j’ai encore en moi ce qu’il faut pour pouvoir, dans le futur – si ça se passe bien dans les autres domaines (physique et tennis) –, accrocher les meilleurs et gagner des matches. Je ne suis pas encore là où j’ai envie d’être en termes de forme, mais mon corps me permet de pousser des journées à 3-4 heures d’entraînement. Là avec Thiem, c’était deux heures de haute intensité et le niveau est là. Maintenant, il va falloir le faire en match, le répéter jour après jour. C’est le but des prochaines semaines. Voir comment le pied réagit en compétition, car les émotions poussent le corps à se comporter différemment. Il se tend plus. Mon pied va bien dans l’ensemble. Zéro douleur? Ça n’existe pas, surtout à mon âge. Mais je peux enchaîner les journées sans ces douleurs qui usent mentalement.

Par quelles étapes êtes-vous passé durant cette année loin du circuit?

Il y a eu beaucoup de moments difficiles. Après la première opération au pied (fin mars 2021), je me suis remis en forme, mais les douleurs ne partaient pas. Elles augmentaient alors que j’espérais pouvoir revenir rapidement. Il a fallu repasser sur le billard (en juin) et c’est là que de vrais doutes ont commencé à m’envahir, jusqu’à me demander si je voulais faire les efforts pour revenir. Après, il fallait bien que je me rééduque, même si j’arrêtais ma carrière de joueur, pour me remettre en forme. Je ne savais pas si j’allais réussir. J’ai regardé jour après jour, semaine après semaine, en fonction de comment ça évoluait.

Vous aviez déclaré, dans L’Équipe, vouloir revenir «au plus tard» pour Monte-Carlo mi-avril. Pourquoi Marbella?

Le pied a passé un cap ces dernières semaines. J’ai pu me dire, c’est bon, j’ai moins de douleurs. Le matin, je me réveille et je ne suis pas mal foutu. Et puis, les matches font partie du processus du come-back, on en a besoin pour vraiment se remettre en route. À partir du moment où j’ai atteint un niveau plus que correct à l’entraînement, il me fallait des matches pour mettre ensemble toutes les pièces du puzzle.

Dans cet entretien au quotidien français, début mars, vous disiez que cela ne serait pas grave si vous perdiez, au début. Il faut vraiment vous croire?

Ce n’est pas que ce n’est pas grave. Mais je suis lucide, je sais où j’en suis. Maintenant, je ne rentre pas sur un terrain en me disant: «Si je perds, ce n’est pas grave.» Je viens pour gagner. À l’entraînement, je suis là pour faire de bonnes choses. Si ça ne se passe pas bien, je ne me dis pas que ce n’est pas grave. J’essaie de forcer le destin. Mardi (ndlr: contre le Suédois Elias Ymer, 131e), je vais entrer pour gagner. Mais si je perds et que mon niveau est correct, ce ne sera pas une catastrophe ou la fin du monde comme si j’étais au top de ma forme. Je suis lucide. Je sais que cela risque de prendre du temps pour arriver là où je veux être.

À partir de quand pourra-t-on considérer votre come-back comme un succès?

Il y a déjà eu plusieurs succès. Le premier, c’est d’avoir mis derrière moi cette année où j’étais dans le «trou», de me dire que je suis de retour, que je vais jouer des tournois. Je suis heureux d’être là. C’est un petit succès, mais déjà un vrai. Je pourrai mieux répondre à cette question cet été. C’est là que je verrai vraiment où j’en suis.

Stan, vous aurez 37 ans lundi, mais ne jouez que mardi. Vous avez demandé votre journée?

(Il sourit) Pas du tout! J’ai prévu un entraînement et cela sera sans doute un peu plus léger. Mais je n’ai pas d’autre plan pour le moment. Toutes ces années, mon anniversaire n’a jamais été très important, même si l’année dernière, j’étais en béquilles à ce moment-là. J’ai rarement fait de grandes fêtes le jour J, car c’était souvent à une période où j’étais à Miami. Mon cadeau, c’est d’être de retour à la compétition.

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