Médias – Les journalistes désertent le groupe Prisma après son rachat par Bolloré

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MédiasLes journalistes désertent le groupe Prisma après son rachat par Bolloré

Depuis que Vivendi est devenu fin mai le principal actionnaire du groupe de presse magazine français, plus de 60 journalistes ont démissionné. Selon la direction, l’hémorragie n’est pas finie.

Le groupe Prisma Media est propriétaire de «Télé Loisirs», «Voici», «Femme Actuelle», «Capital» ou encore «Gala».

Le groupe Prisma Media est propriétaire de «Télé Loisirs», «Voici», «Femme Actuelle», «Capital» ou encore «Gala».

Photo d’illustration/AFP

Plus de 60 journalistes, dont une vingtaine de pigistes, ont quitté Prisma Media, premier groupe de presse magazine en France, depuis son rachat par Vivendi fin mai, a indiqué vendredi le groupe confirmant l’information donnée par le syndicat SNJ-CGT.

«Quand vous changez d’actionnaire, quand vous êtes journaliste, vous avez la possibilité de prendre la «clause de cession», c’est-à-dire de quitter l’entreprise avec vos indemnités conventionnelles. Résultat, à Prisma Media, nous avions 400 cartes de presse, là nous sommes déjà à 60 départs», a déclaré Emmanuel Vire, secrétaire général du syndicat SNJ-CGT et journaliste à «GEO», publication du groupe, lors d’une audition au Sénat.

Interrogé par l’AFP, Prisma Media a confirmé 61 départs de journalistes dont 21 pigistes. Selon Emmanuel Vire, la direction du groupe évalue les départs de journalistes «à 140 à la fin de l’année». «On aura à peu près 30% des journalistes qui seront sûrement partis», a-t-il évalué devant la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration des médias en France.

Un interventionnisme qui inquiète les rédactions

Le géant français des médias Vivendi, piloté par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, avait finalisé fin mai l’acquisition de Prisma Media, détenteur des titres «Télé Loisirs», «Voici», «Femme Actuelle», «Capital» ou «Gala», suscitant des inquiétudes au sein des différentes rédactions du groupe.

«L’interventionnisme de M. Bolloré, de Vivendi, ou d’autres, peut prendre des formes différentes: il peut devenir brutal comme il l’a été à Canal+ et Europe 1. À Prisma Media, ce n’est pas le cas parce que M. Bolloré n’en a pas besoin», a ajouté Emmanuel Vire. Les journalistes «partent pour deux raisons», a-t-il poursuivi, «ils partent moins par peur d’une «zemmourisation», d’une droitisation que d’une dégradation de leurs conditions de travail».

Le règne de l’autocensure

Huit mois après le rachat par Vivendi, chez Prisma Media, il existe un «renforcement des synergies», a expliqué le journaliste. «Par exemple, on va mettre plus de Canal+ dans les magazines télé de Prisma Media, on va demander aux journalistes de plus parler de Canal+, de ses émissions», a-t-il détaillé.

Et de poursuivre avec le magazine économique «Capital». «Va-t-il continuer à parler des activités de Vivendi et de Bolloré? Ce que l’on observe depuis le mois de juin, c’est qu’il n’y a plus rien dans «Capital», a-t-il affirmé. «Je pense qu’il n’y a pas eu d’intervention de Vivendi ou de M. Bolloré, c’est de l’autocensure par peur, parce que les journalistes n’ont pas les moyens de résister derrière», a estimé Emmanuel Vire.

(AFP)

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