Course à piedVomi, bobo et défi: bienvenue au Marathon des Sables
250 kilomètres en une semaine dans le Sahara marocain: le Marathon des Sables attire autant les curieux en quête de défi d’une vie et de compétiteurs chevronnés. Pour le meilleur et pour le pire.
- par
- Rebecca Garcia
Chaque année, des milliers de personnes s’élancent avec entrain dans le Sahara marocain. Tout est fait pour que l’expérience soit inoubliable. Le départ est donné au son de «Highway to Hell», comme un clin d’œil à la difficulté du parcours et à la chaleur qui va enrober ceux qui vont courir 250 kilomètres en une semaine au total.
L’enfer, c’est ce qu’a vécu Florence Cuttat. Elle s’était présentée à l’édition 2021 du «MDS», aux côtés de son frère et de son père. La quête d’un nouveau défi a poussé le papa de 70 ans à choisir cette course. Les enfants ont suivi. «Je ne souhaitais pas y participer à la base, mais je voulais m’assurer que mon père survive», sourit la Vaudoise, habituée aux marathons en famille.
Elle ne croyait pas si bien dire. Un mort, plusieurs comas et de nombreux blessés s’inscrivent au triste bilan de l’événement. «La tente médicale était blindée», témoigne-t-elle. Il y a eu plusieurs facteurs qui ont mené à cette édition particulière. Si le taux d’abandon a grimpé des 5% en moyenne à plus de 50%, c’est en partie à cause de la chaleur (58° sur le thermomètre) et de l’épidémie de gastro-entérite qui a touché de nombreux coureurs.
«La nuit, on entendait les gens vomir.»
Et pas que, puisque les autres fluides se déversaient assez librement d’un autre orifice. L’odeur, d’après Florence Cuttat, était ignoble. Elle dénonce un certain laxisme de la part des organisateurs, qui disaient aux athlètes en bout de course de marcher les 2, 3, 5 derniers kilomètres jusqu’au prochain ravitaillement afin d’être ensuite récupérés. Le bémol? Ils n’étaient plus franchement en état de marcher.
C’est pourquoi, pour elle, la musique ne provoquait plus le même enthousiasme dès le deuxième jour. «On savait qu’on allait véritablement en enfer», commente-t-elle. Elle et son père ont arrêté leur course après quelques jours de souffrance. C’est en parlant avec d’autres participants qu’elle a appris ce qu’il s’est passé lors de l’étape qui se déroule dans les dunes. «Tout le monde m’a dit que c’était traumatisant. Dans chaque coin d’ombre, il y avait quelqu’un en difficulté.»
Des éditions moins traumatisantes
Toutes ces galères, Geneviève Kohli ne les a pas connues. La Valaisanne évoque une belle expérience. «Pour ce genre de course, que ce soit le Marathon des Sables ou des ultratrails, il faut déjà être un peu maso», glisse-t-elle. Une fois cela en tête, le vivre devient plus facile. Geneviève Kohli savait à l’avance qu’il fallait faire abstraction de la douleur.
Après la tempête de sable du premier jour – «Je me sentais malmenée et on ne voyait rien du tout» - c’est son pied qui a fait des siennes. Elle a toutefois tenu bon jusqu’à la ligne d’arrivée, terminant ainsi son aventure humaine sur une note positive.
Son ressenti à l’égard des organisateurs contraste également avec ce qu’a vécu la Lausannoise lors de l’édition cauchemar de 2021. «Il y avait des médecins postés tout au long du parcours», raconte-t-elle, rassurée à bien des moments de sa course.
Une fois la ligne d’arrivée franchie, Geneviève Kohli n’était pas comme une enfant qui descend d’un carrousel avec l’envie d’y remonter immédiatement. «Mon mari m’a demandé si je voulais y participer à nouveau un jour, je lui ai dit jamais de la vie», lâche-t-elle dans un éclat de rire. Avant d’admettre qu’une semaine plus tard, son discours tendait surtout vers le pourquoi pas. «C’est comme un accouchement, on oublie la douleur!»
À voir ce que diront les participants de la 37e édition, qui se sont élancés dimanche pour la première épreuve.