Attentat de Nice: «Je suis pas un terroriste, j’ai rien à voir avec ce qui s’est passé»

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Attentat de Nice«Je suis pas un terroriste, j’ai rien à voir avec ce qui s’est passé»

Le procès de l’attentat de Nice a pris fin lundi matin, par les brefs mots des accusés avant que la Cour d’assises spéciale de Paris ne se retire pour délibérer.

Le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej Bouhlel tuait 86 personnes au volant de son camion.

Le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej Bouhlel tuait 86 personnes au volant de son camion.

AFP

«Les débats sont terminés. L’audience reprendra mardi à 17 h» avec l’annonce du verdict du procès de l’attentat de Nice, a déclaré lundi matin le président de la cour Laurent Raviot. Composée de cinq magistrats professionnels, la cour s’est ensuite retirée dans un lieu tenu secret en région parisienne. Elle devra répondre à 81 questions sur la culpabilité des accusés et les éventuelles circonstances aggravantes qui peuvent leur être reprochées.

«Je suis coupable d’avoir vendu une arme, sans y réfléchir. Et depuis, ça fait plus de six ans que j’arrête pas d’y réfléchir. J’espère que vous l’avez entendu», a déclaré l’un des trois accusés poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste (AMT), Ramzi Arefa. Chokri Chafroud, Tunisien de 43 ans, poursuivi pour le même crime, n’a pas souhaité s’exprimer. «Je suis pas un terroriste, j’ai rien à voir avec ce qui s’est passé», a une nouvelle fois clamé Mohamed Ghraieb, Franco-Tunisien de 47 ans, ajoutant avoir «confiance dans la justice».

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis quinze ans d’emprisonnement contre les trois hommes, tout en demandant l’abandon de la qualification «terroriste» contre Ramzi Arefa. Celui-ci «ne pouvait connaître la radicalisation» du futur tueur de la promenade des Anglais compte tenu de leurs contacts réduits.

«Faits moins incriminants»

Le Niçois de 27 ans a reconnu avoir fourni un pistolet à l’assaillant, qui s’en était servi pour menacer des gens qui avaient tenté de l’arrêter et tirer sur des policiers. Abattu par la police au terme de sa course meurtrière, le Tunisien Mohamed Lahouaiej Bouhlel, auteur de l’attentat au camion-bélier qui a fait 86 morts et plus de 450 blessés le soir du 14 juillet 2016, a été le grand absent du procès.

Selon le Pnat, Ghraieb et Chafroud ont certes «commis des faits moins incriminants», mais «ils savaient, à la différence d’Arefa, que Bouhlel était en mesure de commettre un attentat». Les trois hommes encourent vingt ans de prison. Aucune des huit personnes jugées ne l’est pour complicité avec le tueur. Les cinq autres accusés sont jugés pour des délits de droit commun relatifs à la législation sur les armes.

Les quatre présents, trois hommes et une femme de nationalité albanaise, ont tous eu des mots de compassion pour les victimes et dit espérer de «la justice française (…) la condamnation qu'(ils) mérite(nt)». «Un seul s’est excusé, les autres ont redit la même chose», a toutefois regretté Magatte Seck, qui était présente sur la promenade des Anglais avec ses deux filles et a témoigné au procès fin septembre.

«Frustrations inévitables»

«Il y aura des frustrations, c’est inévitable», a mis en garde le parquet à l’adresse des quelque 2500 parties civiles constituées. L’avocate générale Alexa Dubourg a souligné que le procès ne compenserait pas la douleur «immense, insondable» des endeuillés et des rescapés.

Certains avocats de parties civiles ont demandé que les accusés prennent «le maximum». D’autres sont plus nuancés. «On doit être condamné pour ce qu’on a fait, pas pour autre chose: aucun homme ne peut être condamné pour absorber la douleur», a plaidé Me Aurélie Cerceau.

Du côté de la défense, les avocats ont mis en garde contre «le risque d’une erreur judiciaire». Les avocats de Ghraieb et de Chafroud ont plaidé leur acquittement, fustigeant des preuves d’une «pauvreté manifeste».

(AFP)

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