Thomas Stettler: «Xénophobe? Je ne prononcerai plus jamais ce mot-là»

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JuraThomas Stettler: «Xénophobe? Je ne prononcerai plus jamais ce mot-là»

Le nouveau conseiller national a choqué en définissant son propre parti comme étant xénophobe. On ne l’y reprendra plus.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Trois jours après son élection, le nouveau conseiller national jurassien Thomas Stettler (UDC) a crevé l’écran en déclarant que son parti était xénophobe. C’était sur le plateau de l’émission «Infrarouge», avec cette précision: xénophobe signifie «qu’on a peur de l’étranger». C’est une phobie «qu’on ne peut pas corriger».

Rencontré dans sa ferme de Courroux (JU), Thomas Stettler assure qu’on ne l’y reprendra plus. «Je ne prononcerai plus jamais ce mot-là», dit-il lors d’un entretien tenu à bâtons rompus. L’occasion aussi pour lui de clarifier des propos perçus comme homophobes, après avoir été épinglé samedi par l’humoriste Thomas Wiesel dans l’émission «52 Minutes» pour avoir déclaré que les homosexuels exhibés dans les séries télévisées, «ça énerve les gens».

Pourquoi avoir déclaré que votre parti était…

Stop! Je ne prononcerai plus jamais ce mot-là! Sa connotation est extrêmement négative, alors que je veux précisément ôter cette peur des cultures étrangères.

Osez-vous moins que l’ancien conseiller national valaisan Oskar Freysinger?

Lui maîtrisait mieux la langue que moi! Il est littéraire et moi pas du tout: je suis surtout bilingue en m’exprimant en suisse allemand comme en français.

Xénophobe, est-ce une insulte?

Non, c’est un état! Si quelqu’un est malade, on ne le montre pas du doigt, on essaie de le comprendre et de le guérir. Une phobie ne doit pas nous guider: ce qui dicte mon action politique, c’est l’écoute de ceux qui éprouvent de la crainte face à l’étranger.

L’étranger, c’est qui?

En allemand, «fremd» veut dire méconnu en parlant d’une manière de fonctionner sans désigner quelqu’un. Dans cette ferme où j’ai grandi, on a toujours eu des employés étrangers, turcs, kosovars, yougoslaves, portugais… Je partageais le repas avec eux midi et soir! Ils ont tous été bien traités, avec beaucoup de respect. Certains sont restés vingt ans!

Qui faut-il refouler?

L’immigration doit être limitée. La première chose à faire quand on veut bâtir son avenir ici, c’est apprendre une langue nationale… et travailler. Le travail fait notre force. Ce qu’on ne veut pas, c’est une culture en décalage avec notre vécu.

Le bon grain, c’est la force de travail, et l’ivraie?

On a le droit d’être exigeant. Je l’ai été avec mes six enfants de 15 à 32 ans. Un prof qui est sévère: c’est le meilleur et vous le savez!

Aviez-vous un bon prof de français?

J’avais de très bons profs et j’ai progressé depuis: mon niveau de français est au-dessus de la moyenne.

Peut-on s’exprimer à la TV comme chez soi?

Je n’ai pas fait campagne sur Instagram ou Facebook. Ce qui se dit sur les réseaux sociaux ou à la télévision, c’est politiquement correct, mais ce n’est pas forcément la vérité. J’ai appris à faire attention, raison pour laquelle je me suis interdit de répéter le mot qui m’a été reproché.

Retournerez-vous à «Infrarouge»?

Demain! Pas de problème! Et je me suis vu dans «52 Minutes»…

…avec votre remarque sur les homos à la TV?

«Mon cousin est homosexuel et j’entretiens avec lui des contacts réguliers, plein d’amis le sont aussi, mais dans les séries, c’est de l’exhibition, et ça énerve les gens! Je connais tout le monde et je peux dire qui dans chaque maison est homosexuel. Je parle ouvertement avec eux, mais dans une série suisse alémanique que je regardais avec mon fils aîné, un fils de paysan devait reprendre un domaine à la mort de son père, et alors que la manière de présenter la vie dans une exploitation agricole nous intéressait, il a surtout été question de ses nouveaux copains. C’est ça qui agace!

Voterez-vous pour une loi favorable aux homosexuels?

Sans autre! J’ai changé d’avis sur le mariage: la promesse entre deux personnes qui s’engagent, c’est positif pour la société. Je suis peut-être d’une vieille école, mais je suis prêt à me corriger pour avancer! Oui, je suis un conservateur pour protéger ma famille, la Suisse et le monde! Ce n’est pas parce que le monde vient en dernier dans la liste que je n’ai pas un avis là-dessus, mais aujourd’hui, j’ai à régler les problèmes de la Suisse et je vais déjà m’occuper de ça!

Êtes-vous chrétien?

Je vais très peu à l’église. Je ne suis pas pratiquant, mais ce qui est bien dans toutes les religions, c’est de savoir que l’Homme n’est jamais tout en haut. Ce que j’aimerais dire à un Trump, un Poutine ou un Erdogan qui se prennent pour Dieu, c’est qu’il y en a un autre qui est le chef… De penser qu’il y a un jugement dernier, ça nous améliore.

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