Finlande: De dirigeante respectée à «Sanna la fête»

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FinlandeDe dirigeante respectée à «Sanna la fête»

À 36 ans, la politicienne s’est construit une réputation de Première ministre compétente et sérieuse. Mais son penchant pour l’amusement fait des vagues.

La trentenaire est au cœur d’une polémique qui entache sa popularité.

La trentenaire est au cœur d’une polémique qui entache sa popularité.

AFP

Plus jeune Première ministre au monde, élevée par deux femmes, Sanna Marin incarne à 36 ans une modernité atypique au pouvoir. Son goût assumé pour la fête lui vaut désormais une controverse faisant le tour du globe. «Je suis un être humain. J’aspire parfois aussi à la joie, à la lumière et au plaisir au milieu de ces nuages sombres», s’est-elle défendue jeudi. Quelques jours plus tôt, des vidéos avaient fuité en ligne la montrant s’amusant et dansant avec des amis et des célébrités.

La polémique s’est renforcée cette semaine après la publication d’une photo de deux femmes soulevant leur haut lors d’une fête organisée en juillet à la résidence, contraignant Sanna Marin à s’excuser. Selon un sondage publié vendredi par le quotidien de référence «Helsingin Sanomat», 42% des Finlandais disent que leur opinion s’est détériorée sur leur Première ministre à la suite de l’affaire.

En trois ans comme cheffe du gouvernement, celle que les tabloïds finlandais ont rebaptisée «Sanna la fête» s’est pourtant construit une réputation de Première ministre compétente et sérieuse, qui a su mener la Finlande à travers la pandémie puis sur les chemins de l’Otan. «Les gens se sont habitués à la voir comme une dirigeante de crise», souligne l’universitaire Anu Koivunen. «En tant que politicienne, elle est respectée. Elle est à la fois ferme et ouverte à la discussion», abonde Emilia Palonen, chercheuse en sciences politiques à l’Université d’Helsinki.

Mais son mandat a été émaillé de petites polémiques plus ou moins fondées, là sur un décolleté jugé trop découvrant, ici sur des petits-déjeuners à la résidence officielle remboursés par le contribuable. Plus gênant, elle avait été épinglée en décembre 2021 pour être sortie en boîte de nuit avant qu’on parvienne à l’informer qu’elle était cas contact au Covid-19.

«La fille de la boutique»

Issue d’un milieu modeste, Sanna Marin était relativement peu connue lorsqu’elle est arrivée au poste de Première ministre, après une ascension express. La jeune femme a grandi dans une petite ville près de Tampere, à l’intérieur des terres du sud de la Finlande. «Dans une famille arc-en-ciel à revenus modestes, qui vivait dans un logement locatif de la municipalité», selon son propre récit. «Mes parents ont divorcé à cause des problèmes d’alcool de mon père quand j’étais petite», a-t-elle raconté sur son blog.

Elle est devenue la première de sa famille à aller à l’université, dont elle est ressortie diplômée d’un master en sciences de l’administration. Pour financer ses études, elle travaillait comme caissière. Élue députée dès 2015, c’est par ses talents pour mener les débats que Sanna Marin a commencé à se faire connaître un an plus tard.

Quand elle est arrivée au pouvoir, le quotidien «Iltalehti» a salué «l’ascension remarquable d’une caissière de magasin jusqu’au sommet de la Finlande». Même le ministre estonien de l’Intérieur d’alors avait fait polémique en qualifiant la nouvelle cheffe du gouvernement de «fille de la boutique».

(AFP)

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