HumourCharles Nouveau: «Les Français ne se souviennent pas de leur défaite»
L’humoriste romand reprend son spectacle sur le foot, «Hors-Jeu», dès le 3 novembre. Interview.
- par
- Laurent Flückiger
Charles Nouveau aime le foot, aime blaguer sur le foot, aime tacler le foot. C’est pour cela qu’il en a fait un spectacle, «Hors Jeu», qu’il reprend pour une douzaine de dates à partir du jeudi 3 novembre.
Milieu axial «un peu trop lent», l’humoriste suisse de 32 ans nous parle de son sport favori et de sa vie parisienne où il se produit sur les meilleurs comedy clubs.
Quelle est l’origine du spectacle «Hors-Jeu»?
J’ai beaucoup côtoyé le foot dans ma vie, surtout plus jeune et ensuite en tant que professionnel – pas en tant que joueur professionnel, si vous m’aviez vu jouer, vous sauriez pourquoi. Sur scène, je faisais pas mal de blagues sur le sujet. À Paris, quand je préparais mon premier spectacle, on m’a fait remarquer qu’elles n’étaient pas cohérentes avec le reste. C’est en les enlevant toutes que j’ai remarqué qu’il y avait matière à en faire un spectacle entier.
Est-ce que les Français trouvent crédibles un Suisse qui parle de foot?
Mine de rien, ça fait un moment que la Suisse est là dans tous les grands rendez-vous et passe les poules. Et lors du dernier Euro, c’était incroyable. À Paris, je demande souvent aux gens s’ils se souviennent ce qui s’est passé (ndlr.: la victoire de la Suisse sur la France). Ils font semblant de ne pas savoir. C’est fou qu’ils aient oublié alors que, chez nous, le 28 juin est désormais férié.
Vous supportez quelle équipe?
Barcelone. Je n’ai pas eu le choix: la moitié de ma famille vient de là, ma mère y est née et y habite. Petit, c’était assez pénible d’être fan du Barça. À mon adolescence, Barcelone est devenu exceptionnel et c’était incroyable. Maintenant c’est de nouveau compliqué. (Rires.) Le bon côté, c’est qu’il y a moins de gens qui disent «on» en parlant de mon équipe. Les rats quittent le navire.
Qu’est-ce qui fait la beauté du football?
D’abord, c’est un sport. Il demande souvent le dépassement de soi, beaucoup de dextérité. On est touché par la beauté des gestes. Et il y a le storytelling. Il y a tellement d’histoires dans le foot que l’on trouve incroyables, même quand ce sont des équipes qu’on ne supporte pas.
Enfant, vous étiez souvent sur le banc. À travers ce spectacle, vous tenez votre revanche?
Un petit peu. Dans le spectacle, je fais cette réflexion: quand on est sur le banc de touche, on se fait chier, on attend, on observe, on a froid et pour passer le temps on fait des blagues. Des années plus tard, je me suis rendu compte que sans avoir joué à l’US Terre Sainte je ne serais peut-être jamais devenu humoriste professionnel. (Rires.)
Vous avez aussi brièvement travaillé à l’UEFA, à Nyon.
Oui, durant mes études, dans un cadre hypercool. Forcément pour un fan de foot, c’était une expérience assez dingue. Au début, j’étais émerveillé, je rencontrais des gens connus, j’étais dans les coulisses des plus grandes compétitions. Après, je me suis rendu compte que je travaillais dans un bureau. Je pouvais bien être excité parce que j’avais la feuille de match du FC Barcelone entre les mains, en réalité c’était pour faire des photocopies.
Vous aviez en effet un pouvoir décisionnaire plutôt petit…
Sauf une fois. J’étais très fier. Et personne ne le sait. C’est moi qui ai fait les combinaisons chaussettes-shorts-maillots pour les poules de l’Euro de futsal 2013. Plus tard, j’ai vu Serbie-Azerbaïdjan à la TV. Et je me souvenais qu’à la base aucune des combinaisons ne fonctionnait et qu’exceptionnellement les Serbes devaient jouer avec une couleur de chaussettes inhabituelle. Ce jour-là, j’ai eu l’impression de peser un peu dans le game. (Rires.)
«Hors-Jeu» est un spectacle que vous ressortez en période de Coupe du monde au Qatar. Vous auriez pu choisir de vous autoboycotter, non?
Oui, mais je l’ai un peu trop fait dans ma carrière jusqu’ici. (Rires.) Donc on a décidé de plutôt capitaliser.
Vous passez la moitié de votre temps à Paris. Comment se passe votre carrière en France?
Bien! J’adore! Je suis content de faire des allers-retours, ça me fait davantage apprécier les deux endroits. Quand je retourne à Paris, c’est tellement vibrant, je peux jouer jusqu’à cinq fois le même soir dans les meilleurs comedy clubs de Paris. Après, je reviens à Nyon, tranquille au bord du lac, et ça me fait du bien. Je reprends un nouveau spectacle en janvier à Paris.
La scène suisse à Paris grandit bien. Avec qui avez-vous des contacts?
Yann Marguet est le dernier arrivé, sur France Inter. Il y a Alexandre Kominek, Marina Rollman, Thibaud Agoston. Mais on ne se voit pas tant que ça à Paris. Cela tient plus du fait que je suis quelqu’un de pas très sociable. Il ne faut pas mettre ça sur le dos des autres humoristes (Rires.) On a déjà fait des plateaux exclusivement suisses. Les Parisiens trouvent les Suisses forts. On est, modestement, la petite clique qui est devenue ambassadrice de notre humour.
Et ça fait quoi de faire des sketches avec le petit ami de Florence Foresti?
Ça ne m’impressionne pas, puisque je suis moi-même en couple avec Muriel Robin. (Rires.)
Quels sont vos projets pour 2023?
Je refais totalement mon ancien spectacle «Joie de vivre», qui est tout ce qui me représente, n’est-ce pas? Mon titre provisoire, c’est «L’expression de mes sentiments distingués». C’est long, hein? Mais je crois que je vais le garder, j’aime bien ce que ça raconte. Je suis aussi en train de préparer des petites capsules pour Internet qui vont faire réagir en bien et en mal, je crois, et relancer mon podcast «Irremplaçable».
Charles Nouveau en spectacle avec «Hors-Jeu». Les 3, 4 et 5 novembre à Vevey (Théâtre Grenette), le 19 novembre à Sélestat, France, (Les Tanzmatten), le 7 décembre à Genève (Théâtre de la Madeleine), le 9 décembre à la salle de spectacle de Vuarrens, le 10 décembre au Théâtre de Colombier, le 12 décembre à Zurich (ComedyHaus), les 15 et 16 décembre à Lausanne (Théâtre de Boulimie), les 20 et 21 décembre à Rolle (Casino-Théâtre)