Justice – Le Pérou ne va pas libérer l’ancien président Fujimori

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JusticeLe Pérou ne va pas libérer l’ancien président Fujimori

Le Pérou ne va pas suivre l’avis de la Cour constitutionnelle autorisant la libération anticipée de l’ancien président Alberto Fujimori.

Président du Pérou de 1990 à 2000, Alberto Fujimori, ici en 2018, purge depuis 2009 une peine de 25 ans.

Président du Pérou de 1990 à 2000, Alberto Fujimori, ici en 2018, purge depuis 2009 une peine de 25 ans.

AFP

La Cour interaméricaine des droits de l’homme a ordonné à l’État péruvien de «s’abstenir d’exécuter» la décision de la Cour constitutionnelle autorisant la libération anticipée de l’ancien président Alberto Fujimori, emprisonné pour crime contre l’humanité.

Président du Pérou de 1990 à 2000, Alberto Fujimori, 83 ans, purge depuis 2009 une peine de 25 ans notamment pour deux massacres perpétrés par un escadron de la mort en 1991-1992 dans le cadre de la lutte contre la guérilla maoïste du Sentier lumineux. Vingt-cinq personnes, dont un enfant, avaient été tuées.

La Cour constitutionnelle du Pérou avait ordonné le 17 mars la libération de l’ancien chef d’État qui souffre de nombreux problèmes de santé. Elle rétablissait la grâce accordée la veille de Noël 2017 par le président de l’époque Pedro Pablo Kuczynski qui avait été annulée en 2018 par la justice.

«Droit d’accès à la justice»

Selon l’arrêt de la Cour interaméricaine basée au Costa Rica, la décision de la Cour constitutionnelle péruvienne de rétablir la grâce accordée à l’ancien président «n’a pas évalué l’impact d’une grâce pour des violations flagrantes des droits de l’homme sur le droit d’accès à la justice des victimes et de leurs proches». Le gouvernement du Pérou, dirigé par le président de gauche Pedro Castillo, avait indiqué qu’il se conformerait à la décision de la Cour interaméricaine.

Les proches des victimes des massacres ont accueilli avec soulagement la décision de la Cour. «Nous sommes rassurés et nous sentons soutenus». La Cour «fixe des lignes cohérentes en matière de droits de l’homme et l’État péruvien a l’obligation de s’y conformer», a déclaré à l’AFP Gisela Ortiz, une parente d’une des victimes des escadrons de la mort.

Hospitalisé en mars

Alberto Fujimori, seul détenu de la petite prison de Barbadillo située dans une caserne de police, avait été hospitalisé 11 jours début mars pour des problèmes cardiaques. Sa famille a demandé à maintes reprises, sans succès, sa remise en liberté pour raisons de santé.

Sa fille, Keiko Fujimori, qui a perdu à trois reprises au second tour de la présidentielle avait annoncé avant le scrutin de 2021 qu’elle gracierait son père si elle était élue. Battue par Pedro Castillo, elle est poursuivie en justice pour financement illégal de ses campagnes présidentielles perdues en 2011 et 2016.

Alberto Fujimori a gouverné le Pérou d’une main de fer mais face à une opposition croissante, il s’était enfui en novembre 2000 au Japon, d’où sa famille est originaire, et avait annoncé renoncer à son mandat par fax. Extradé du Chili en 2007 il avait été condamné et emprisonné deux ans plus tard.

(AFP)

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