Hockey sur glace«À 42 ans, je pense que c’était le moment»
Goran Bezina a décidé de prendre sa retraite. Le Valaisan va toutefois continuer de s’occuper des jeunes défenseurs du HC Sierre. Interview.
- par
- Christian Maillard Genève
C’est une page qui se tourne dans le hockey suisse. Goran Bezina a décidé de raccrocher ses patins. De Monthey à Sierre en passant par Fribourg, Phoenix, Genève et Zagreb, le défenseur valaisan, international à 174 reprises, aura passé plus de 25 ans sur des patinoires. À 42 ans, il était temps pour lui, qui a fini sa belle et longue carrière à Graben, de se retirer…
Alors Goran, c’est fini, c’est la retraite, vous raccrochez vraiment vos patins?
Je pense que c’était le moment. Je pense avoir fait le tour, de donner tout ce que je pouvais. J’ai eu la chance de jouer jusqu’à cet âge et de finir sans regret, sans avoir été forcé d’arrêter. À vrai dire, durant ces dernières années, ce n’était que du bonus.
Pourquoi avoir attendu 42 ans pour dire stop? Est-ce votre corps qui vous a rappelé à l’ordre?
Non car j’ai eu moins de douleurs ces dernières années que durant toute ma carrière. Peut-être aussi du fait que la Swiss League était moins intensive. Toujours est-il que mon dos ne m’a pas trop perturbé contrairement au reste de ma carrière. Mais je dirais qu’à 42 ans, je voyais que j’arrivais au bout du chemin, que physiquement c’était de plus en plus difficile, que j’avais moins de vitesse qu’avant. Il faut laisser la place aux jeunes même si cela faisait un moment que j’aurais dû le faire.
Et qu’allez-vous faire maintenant?
J’ai des projets à côté, c’était donc vraiment le moment de faire autre chose. Mais je ne lâche pas le hockey. Je vais continuer de travailler avec les jeunes à Sierre. Je vais notamment m’occuper des défenseurs de la première équipe, sans être pour autant à 100% dans le club. Mais j’avais envie de rester dans ce groupe qui m’a énormément apporté ces trois dernières années. Il y a de jeunes éléments prometteurs appelés à grandir et à s’améliorer et ce serait dommage avec mon expérience que je n’aide pas ce club à ce niveau-là. C’est pour cela que j’ai envie de rester ici où je me suis attaché aux gens.
À côté du HC Sierre, vous allez reprendre un travail?
Oui j’ai, depuis quelques années, une entreprise avec mon frère Toni où on s’occupe de promotions et de rénovations. Du coup, je vais pouvoir m’organiser pour travailler aussi avec les jeunes défenseurs sierrois à la vidéo.
Qu’allez-vous retenir de cette magnifique carrière, des hauts des bas, des beaux souvenirs?
En 25 ans, je pense que c’est logique d’avoir connu des hauts mais aussi et des bas. Or si je dois résumer mon parcours, je pense qu’il y a surtout eu de bons que de mauvais moments. Il est clair qu’il y a eu des déceptions mais tu ne retiens que les plus. Comme les liens par exemple que j’ai pu créer avec mes coéquipiers, mes entraîneurs ou mes fans. Ou des mondiaux, des Jeux olympiques, cela reste ancré., Mais les matches, les victoires ou les défaites, avec le temps ça disparaît.
Il y a tout de même deux titres de champion, un avec Salzbourg et deux Coupes Spengler…
Oui, un titre en Autriche c’est vrai et les deux Coupes Spengler, c’était cool. Mais cela reste des tournois amicaux. J’aurais préféré décrocher un titre de champion de Suisse avec Genève-Servette en 2008 ou en 2010, une médaille avec l’équipe nationale ou réussir en NHL qui seront mes plus gros regrets, sinon, le reste, ce n’est que du positif.
Qu’est-ce que vous diriez au petit gamin de Monthey que vous étiez, de refaire le même parcours?
Je dirais aux jeunes que j’avais commencé dans un petit club à Monthey et qu’il n’y avait pas beaucoup de moyens mais que j’ai eu la chance de trouver un groupe d’amis qui m’a fait aimer ce sport où on restait tous les jours à la patinoire à bosser avec passion. La passion c’est un élément important si tu veux réussir dans une carrière. Il en faut beaucoup, comme le plaisir et être motivé. Je le répète mais j’ai eu la chance de trouver ce groupe d’amis où tout en jouant on travaillait sans le savoir notre patinage. Mais oui, pour réussir, il n’y a pas d’autre secret que le travail. Si mes parents m’ont toujours encouragé, personne ne m’a jamais poussé à le faire.
Avec plus de 600 matches disputés à Genève, vous avez vécu une belle histoire aux Vernets…
Rester seize ans dans un club c’est rare où j’ai été capitaine durant une bonne douzaine d’années. C’est une organisation qui m’a tout donné et vice versa. Je n’ai aucun regret d’avoir choisi Genève quand je suis revenu des États-Unis en 2004 et ce sera toujours mon club. Chris McSorley était venu me chercher en me proposant ce projet et il avait tenu parole. Il voulait que je sois la pièce maîtresse pour créer quelque chose d’exceptionnel et on l’a fait pendant toutes ces années.
Avec Chris Mc Sorley c’était un peu «je t’aime moi non plus»?
On avait fêté notre anniversaire lors de ce fameux match à rallonge contre Berne qui s’était terminé à 0 h 54 après 118 minutes de jeu et là on ne se savait pas encore que ce serait notre dernier match avec Servette. Je me souviens que j’étais sur la glace quand Arcobello a marqué ce but décisif. C’était une défaite mais malgré tout un match fantastique qui ressemblait à un derby. Avec Berne, on a eu pas mal de matches intenses dont cette finale en 2010, que cela se finisse ainsi c’était tout un symbole.
Et à Sierre vous avez fini votre carrière à Olten sur un banc de pénalité…
Oui, j’ai essayé de montrer encore à la fin de ma carrière, lors de mon dernier match, que je n’aimais pas perdre. On venait de prendre quelques buts et il y a eu une scène devant le gardien et des derniers coups de poing pour protéger mon espace et mon gardien. C’est ce que j’ai fait toute ma carrière.
À Sierre, vous allez retrouver Chris McSorley avec un projet pour la nouvelle patinoire?
Pour l’instant, je ne suis pas dans l’opérationnel, je suis en retrait en tant que consultant de ce projet. Mon rôle exact viendra plus tard, dans le futur, mais oui j’ai envie d’aider tout le club et la région. C’est un projet énorme qui me tient à cœur pour tout le Valais. Il est important d’amener de la visibilité dans note canton pour que les jeunes ne partent plus ailleurs pour jouer en National League.