Suisse romandeLe nombre d’actes antisémites est en forte hausse
En 2022, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation a enregistré 562 actes antisémites en Suisse romande, contre 165 en 2021.
«En Suisse romande, l’antisémitisme persiste et continue de croître.» C’est le constat auquel est arrivée la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) dans son rapport 2022. L’année dernière, elle a en effet recensé 562 actes antisémites en Suisse romande, contre 165 en 2021.
Trois facteurs principaux expliquent cette «quantité considérable». D’abord, l’élargissement des sources observées. Alors qu’elle se concentrait sur les réseaux dits mainstream, comme Facebook, Twitter et Instagram, en 2022 la CICAD a pris en compte d’autres plateformes, comme Telegram. Ensuite, l’activité «très prolifique» à Genève d’un négationniste qui, de janvier à juillet, a publié des propos presque chaque jour. Enfin, un accroissement des cas d’antisémitisme sur internet. En s’appuyant sur les mêmes sources qu’en 2021, la CICAD comptabiliserait quand même 283 actes antisémites, soit une hausse de 70%.
Sur les 562 cas recensés en 2022, 23 ont été jugés sérieux et trois graves (contre sept et cinq en 2021) (voir encadré pour les définitions). Parmi les actes sérieux, la CICAD a enregistré trois cas d’insultes antisémites envers des personnes juives. Une employée du Habad, à Genève, sortait du parking lorsqu’un homme lui a dit «Saloperie de Juifs» et «race de merde». À Neuchâtel, une femme a reçu un message sur Instagram d’un ancien collègue lui disant «Retourne en Israël avec tes juifs de merde».
Les trois cas graves sont les suivants: un groupe d’amis sortait d’une synagogue genevoise, quand un individu en voiture leur a hurlé «Heil Hitler». Une élève juive d’un gymnase lausannois a été harcelée par des camardes qui lui ont répété notamment à plusieurs reprises «Heil Hitler». «Ces incidents se sont passés en cours et les professeurs présents n’ont pas réagi», déplore la CICAD. Le dernier cas est la souillure d’une synagogue à Genève – un individu s’est soulagé sur un des murs du bâtiment.
Différents actes antisémites
La CICAD distingue différentes sortes d’actes antisémites:
Les actes graves sont une «atteinte à l’intégrité des personnes et des biens (agression, menace ciblée, harcèlement, profanation, etc.)»
Les actes sérieux sont une «atteinte à la sensibilité des personnes et aux biens (courriers, insultes, graffitis, etc.)»
Les actes préoccupants et indicateurs sont «des propos antisémites divers, non ciblés, notamment ceux sur internet».
Au vu de ces réalités, la CICAD estime que «des initiatives doivent être prises dans les domaines éducatifs, politiques et judiciaires, afin de contenir ce fléau». À cette fin, elle propose de nombreuses recommandations pour combattre l’antisémitisme, qui est «une atteinte à nos libertés qui doit être combattue avec la plus grande fermeté».
Hausse aussi à l’échelle nationale
La CICAD note que «le nombre d’incidents antisémites réels enregistré dans l’ensemble de la Suisse a augmenté en 2022». Un total de 910 actes antisémites (contre 859 en 2021) ont été enregistrés l’année dernière en Suisse alémanique et italienne. Elle donne deux facteurs déclencheurs: le Covid-19 et la guerre en Ukraine. Source d’antisémitisme, ces deux sujets «ont généré de nombreux incidents en ligne tout au long de l’année», explique-t-elle.