Paris: D’abord interdit, un colloque de l’extrême droite aura bien lieu

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ParisD’abord interdit, un colloque de l’extrême droite aura bien lieu

Le Ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait demandé à interdire tous les rassemblements de l’ultradroite après la manifestation polémique du 6 mai.

Un rassemblement de l'Action française, mouvement royaliste d'extrême droite, doit se tenir ce samedi à Paris (image d’archives).

Un rassemblement de l'Action française, mouvement royaliste d'extrême droite, doit se tenir ce samedi à Paris (image d’archives).

AFP

Le tribunal administratif de Paris a suspendu samedi un arrêté de la préfecture de police interdisant la tenue d’un colloque organisé dans l’après-midi par le mouvement royaliste Action française classé à l’extrême droite, selon la décision transmise à l’AFP. La préfecture de police a indiqué à l’AFP «prendre acte» de cette décision, dans laquelle le tribunal n’explique pas ses motivations.

Elle avait publié cet arrêté vendredi, après une circulaire du ministre de l’Intérieur visant à interdire plusieurs «manifestations et rassemblements de l’ultradroite», à la suite de la polémique liée à la manifestation à Paris le 6 mai de militants d’ultradroite en majorité le visage caché et portant des croix celtiques.

«Notre colloque aura bien lieu! Première victoire pour ce grand week-end», a réagi l’Action française sur Twitter. Ce colloque de l’organisation, intitulé «La France en danger», est prévu à 14h30 dans le XIIe arrondissement de Paris. L’organisation avait saisi la justice administrative d’un référé-liberté, une procédure d’urgence lorsque le requérant estime être en présence d’une «atteinte grave et manifestement illégale» à une liberté fondamentale de la part d’un service de l’Etat.

Six rassemblements interdits

La préfecture de police a interdit au total six rassemblements prévus ce week-end à Paris sur la base de l’instruction donnée mardi aux préfets par Gérald Darmanin, dont cinq à l’appel de mouvements classés à l’extrême droite, faisant valoir un risque de troubles à l’ordre public.

Parmi eux figure un autre événement à l’initiative de l’Action française, une manifestation en hommage à Jeanne d’Arc convoquée dimanche matin au départ de la Place de l’Opéra (IXe arr.). L’organisation a annoncé avoir également déposé un référé-liberté auprès du tribunal administratif de Paris contre cette interdiction. «Nous aurons la réponse ce (samedi) soir», a indiqué à l’AFP une porte-parole du mouvement.

Un rassemblement devant la statue de Jeanne d’Arc déclaré par le mouvement «Les nationalistes» d’Yvan Benedetti, une figure de l’extrême droite, qui devait avoir lieu en même temps que la manifestation de l’Action française, a lui aussi été interdit, ainsi qu’une marche de l’association de militaires «Place d’armes». Une sixième manifestation, de gilets jaunes, qui devait emprunter le même parcours que celui des militaires de «Place d’armes», a également été interdite par le préfet de police.

Juridiquement fragile

Dans les arrêtés pris vendredi, le préfet de police Laurent Nuñez justifie l’interdiction notamment par le fait que les rassemblements s’inscrivent dans un «contexte particulièrement tendu» après «la polémique suscitée par la manifestation organisée par le Comité du 9-Mai». Il pointe aussi le «risque de troubles à l’ordre public», alors que plusieurs de ces manifestations ont suscité des appels à des contre-rassemblements par des organisations «proches de la gauche radicale» et qu’une mobilisation de la «mouvance antifasciste» qui pourrait «tenter de s’en prendre physiquement» aux militants d’ultradroite est possible.

Le préfet fait également mention, dans certains arrêtés, des «risques de heurts» entre les militants d’extrême droite eux-mêmes, rappelant que certains s’étaient déjà battus lors de la précédente édition de cet hommage à Jeanne d’Arc. Mais la décision de Gérald Darmanin a entraîné, elle aussi, une polémique, beaucoup la jugeant juridiquement fragile.

Interrogé mercredi par l’AFP, le professeur de droit public Serge Slama, avait ainsi estimé qu’une telle mesure ne pouvait être prise «de manière générale et absolue». Des «éléments objectifs, pour étayer le risque de trouble à l’ordre public» doivent être produits au «cas par cas», avait-il expliqué.

(AFP)

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