FootballLa synthèse de Suisse-Espagne: le naturel est revenu au galop
C’est lorsque l’équipe nationale s’est fiée à ses principes d’antan qu’elle a été en mesure d’inquiéter l’Espagne jeudi soir. Pas de quoi cependant lui contester cette défaite 1-0.
- par
- Valentin Schnorhk Genève
La Suisse s’est mise toute seule dans cette situation: celle où on est obligé de la juger sur la base du résultat, au-delà de toute autre considération. Alors en perdant 1-0 contre l’Espagne, signant du même coup une troisième défaite consécutive en autant de matches dans cette Ligue des nations, il est difficile d’accorder à l’équipe nationale beaucoup de crédit.
Même si sa performance pourrait et devrait encourager à la nuance. Elle n’a pas quitté le Stade de Genève avec le sentiment d’être une nouvelle fois passée à côté de son sujet. Murat Yakin a peut-être bien appris (ou compris) quelque chose jeudi.
Les trois enseignements
C’est quand la Suisse revient à ses principes presque naturels qu’elle apparaît sous un meilleur visage. On ne sait pas forcément ce qui s’est dit dans les vestiaires de la Praille à la mi-temps du match jeudi. Mais on peut le supposer: il a été convenu qu’après une période à constater et accepter les possessions prolongées de l’Espagne, il pourrait être une bonne idée de remonter le bloc et de développer un peu plus d’intensité dans le camp adverse.
De qui est venue l’impulsion? De Murat Yakin, prêt à renier ses principes? Des joueurs, le capitaine Granit Xhaka en tête, se refusant à se faire tourner autour et revenant à une approche pratiquée par le passé? Il y a en tout cas sûrement eu entente sur le plan à appliquer. Et le constat d’une Suisse beaucoup plus menaçante en jouant de la sorte s’est imposé.
Jeudi, les seules négligences sont venues du terrain. On pense à cette relance ratée par Eray Cömert menant au seul but du match, ou ces coups parfois mal joués. En revanche, la préparation de match de Yakin a semblé plutôt aboutie. Le dire après cette rencontre, c’est rappeler que ce n’était pas le cas lors des deux précédentes. L’équipe de Suisse a semblé claire dans son plan défensif. Et cela a été passablement gênant pour l’Espagne qui n’aura tiré que 7 fois au but (pour seulement 0,9 xG). C’est un progrès notable.
Il n’empêche, difficile de ne retenir que du positif. Au contraire. Le bilan comptable est désastreux. Trois défaites consécutives dans le temps réglementaire en matches officiels, cela n’était jamais arrivé depuis 1996. Une autre époque. Impossible dans cette situation d’exonérer Murat Yakin de la majorité des responsabilités. Le sélectionneur n’est pas encore menacé, mais les résultats en ce début d’année interrogent vraiment sur le chemin qu’est actuellement emprunté par l’équipe de Suisse.
Les meilleurs Suisses: Granit Xhaka et Manuel Akanji
Les patrons sont de retour. Si la Suisse a donné le sentiment d’avoir un certain caractère, notamment en phase défensive, jeudi, c’est parce que l’un comme l’autre ont donné le ton. Xhaka a reproduit son rôle de capitaine comme il a eu l’habitude de le faire: il a incité le bloc à remonter et a même déclenché certains pressings.
Akanji, lui, revenait concrètement dans l’équipe, après avoir été absent pour blessure lors des deux premiers matches. Il est celui qui donne de la sérénité à la défense, et lui permet de défendre haut avec certitudes. Il avait vraiment manqué lors des derniers matches.
Le moins bon Suisse: Eray Cömert
Pendant de Manuel Akanji, le défenseur de Valence est bien, bien loin du niveau international. Il n’y a en fait pas grand-chose de surprenant là-dedans. Si l’ancien joueur de Bâle s’est retrouvé là, c’est parce qu’Elvedi est blessé, Schär est suspendu et rien ne requérait la présence de Frei.
Cömert est donc le principal responsable du but encaissé, et son placement aura souvent manqué de justesse, au même titre que ses choix balle au pied. Il n’est pas logique de le retrouver là. L’avenir s’écrira sûrement avec Leonidas Stergiou (qui a rejoint le groupe jeudi soir) et Becir Omeragic (blessé).
La décla’
Le fait tactique
S’il y a eu une Suisse aux deux visages jeudi, c’est parce qu’il y a eu un changement tactique. D’un 4-1-4-1 où Freuler et Aebsicher surveillaient de près Gavi et Marcos Llorente, pendant que Xhaka sortait sur Busquets, elle est passée à un 4-2-3-1 peu avant la pause où Aebischer (puis Steffen) se montraient très agressifs sur Sergio Busquets. Quitte à le marquer à la culotte, pour empêcher l’Espagne de le trouver.
Réflexion créatrice: elle a permis à tout le bloc de remonter, tout en maintenant une distance réduite entre les lignes. Et même d’enclencher à plusieurs reprises un pressing bien coordonné. Les situations suisses sont venues de cette récupération plus haute.
La statistique
0, comme le nombre de tacles tentés par les Suisses dans la moitié de terrain espagnole en première période. Symbole d’un moment passif, avec un barycentre relativement bas. Il y en aura eu quatre après la pause.
L’avenir en une question
Murat Yakin doit-il se décider à abandonner ses convictions pour laisser ses joueurs interpréter le jeu selon leurs propres certitudes?
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