ChineXi Jinping s’est rendu en secret au Xinjiang
Pour la première fois depuis 2014, le président chinois s’est rendu dans cette région longtemps meurtrie par des attentats et cible d’une répression menée au nom de l’antiterrorisme.
Xi Jinping a effectué en toute discrétion une visite au Xinjiang, cette semaine. Une première depuis huit ans. Des études occidentales accusent Pékin d’avoir interné plus d’un million de Ouïghours et de membres d’autres groupes ethniques musulmans locaux dans des «camps de rééducation», voire d’imposer du «travail forcé» ou des «stérilisations forcées».
La Chine, elle, présente les «camps» comme des «centres de formation professionnelle» destinés à combattre l’extrémisme religieux et à former les habitants à un métier afin d’assurer la stabilité sociale. Pékin dit n’imposer aucune stérilisation, mais uniquement appliquer la politique nationale de limitation des naissances, qui était peu mise en pratique auparavant au Xinjiang. Selon l’agence Chine nouvelle, Xi Jinping a salué les progrès socioéconomiques de la région lors d’une visite tenue secrète et entamée mardi à Urumqi, la capitale régionale.
Le dernier séjour du dirigeant, en 2014, avait été marqué par un attentat au dernier jour de sa visite. Cette attaque annonçait le début d’une vaste campagne antiterroriste. L’année 2014 avait été particulièrement sanglante, avec un autre attentat contre des civils à Urumqi et un troisième en gare de Kunming. Chacune de ces attaques avait fait plusieurs dizaines de morts et choqué le pays. Les autorités accusent des séparatistes et islamistes ouïghours.
Rencontre avec des étudiants
À Shihezi, dans le nord de la région, Xi Jinping a loué mercredi le travail de la Société de production et de construction du Xinjiang («Bingtuan»), sanctionnée par les États-Unis pour des atteintes présumées aux droits de l’homme. Cette puissante organisation économique semi-militaire, chargée notamment de l’essor agricole et de la sécurisation des frontières, a fait de «grands progrès» en matière de réforme et de développement, a déclaré Xi.
Les médias d’État ont publié des images le montrant parler à des étudiants et des responsables locaux, assister à un spectacle folklorique ou encore recevoir des applaudissements de la part d’habitants. Sa visite intervient avant le congrès du Parti communiste à l’automne, lors duquel il devrait, sauf cataclysme, être maintenu à la tête de l’organisation.
Lors d’une rare visite en Chine en mai, Michelle Bachelet, la Haute Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, avait appelé Pékin à éviter les mesures «arbitraires» au Xinjiang, tout en dénonçant les «actes violents d’extrémisme» dans la région.