Question d’éthiqueLausanne va renoncer aux prêts de la FIFA
Après les révélations des prêts de la fédération aux collectivités publiques, la cheffe des Finances de la Ville de Lausanne, Florence Germond, estime que les temps ont changé.
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Florence Germond dirige les finances lausannoises depuis 2011.
Ville de LausanneLa FIFA ne fera plus la banque pour Lausanne. Les révélations de la RTS, selon lesquelles la FIFA a prêté ces dernières années des sommes très importantes à des collectivités publiques, ont fait réagir de nombreux acteurs politiques lundi. Ainsi la municipale en charge des finances de la ville de Lausanne, la socialiste Florence Germond, a précisé que la Ville avait choisi cette solution de prêts sans intérêt en 2017: «À cette époque, déclare-t-elle dans «24 Heures», peu de gens remettaient en cause la FIFA et les collectivités publiques organisaient des fans zone pour la Coupe du monde 2018».
La ville a continué à utiliser cette source de financement, parmi d’autres, jusqu’en 2022 avec une somme de 40 millions de francs. Florence Germond estime que ces prêts permettaient d’avoir des liquidités à court terme à de bonnes conditions. Selon ses estimations, cela a permis d’économiser quelque 3,3 millions d’intérêts sur la période 2017-2022.
Plus de FIFA pour la trésorerie
Le fait que la ville de Lausanne se soit opposée à une fan zone lors de la Coupe du monde au Qatar pour des raisons éthiques a suscité lundi pas mal de commentaires ironiques de la part d’élus de droite. Cette situation a sans doute poussé les autorités lausannoises à revoir sa pratique: «Après la Coupe du monde au Qatar, la situation a changé, relève la socialiste. La position de la Ville est désormais différente et nous ne souhaitons plus travailler avec la FIFA en matière de trésorerie».
600 millions pour Genève
D’autres collectivités publiques en Suisse ont travaillé avec l’argent de la FIFA par le biais de la société de financement Loanbox. Il s’agit du canton et la ville de Neuchâtel, de La Chaux-de-Fonds, de la ville de Fribourg et celle de Genève. Pour la ville du bout du lac, cela représente des prêts pour un total de 600 millions de francs sur la période 2018-2022, dont 150 millions rien que pour l’année dernière. Ces prêts ont été à chaque fois remboursés dans un délai de trois à sept mois.
Ici aussi, la déontologie des autorités fait débat. Le président du PLR de la Ville, cité par «La Tribune de Genève», estime que la gauche municipale tient un «double discours». Contrairement à la réaction immédiate de la Ville de Lausanne annonçant renoncer à l’argent de la FIFA, le conseiller administratif en charge des finances de la Ville de Genève, Alfonso Gomez, déclare: «Nous aurons une discussion au sein du collège». L’élu écologiste se justifie tout de même: «Il est du devoir d’un bon gestionnaire de choisir les meilleures conditions financières possibles».
Rappelons qu’une autre ville de gauche, Berne, a emprunté environ 1,8 milliard de francs à la FIFA en six ans. Après ces révélations, les autorités bernoises ont dit vouloir étudier un changement de pratique.
La FIFA pourrait renoncer
Mais la FIFA pourrait bien cesser de mettre à disposition son trésor de guerre pour les collectivités publiques. Son directeur financier, Thomas Peyes déclare dans une interview à la «HandelsZeitung», reprise par «Le Temps» que la fédération examine «d’autres possibilités d’investissements, et pourrait bien, en raison d’une charge de travail importante, cesser de prêter aux collectivités suisses».