Technologie de la blockchainLe «20 Minutes» français vend un numéro NFT
Cet exemplaire numérique unique d’un supplément collector du journal gratuit est parti mardi pour 3000 euros lors d’enchères publiques à Paris.
Le quotidien français gratuit «20 Minutes», à l’origine d’une série d’articles sur les «NFT», ces objets numériques à la propriété certifiée qui bousculent le marché de l’art, a vendu mardi un exemplaire numérique unique d’un supplément «collector» du journal.
Ce supplément de six pages intitulé «Les folles années 2020» est finalement parti pour 3000 euros (lors d’enchères publiques organisées par la maison Piasa à Paris, au profit de la Fédération internationale des journalistes.
L’exemplaire est garanti unique grâce à un certificat de propriété fondé sur la technologie de la «blockchain», un système inviolable qui authentifie aussi bien les transactions d’échanges de monnaies cryptographiques que les ventes d’objets numériques.
NFT signifie «non-fungible tokens» ou jetons non fongibles en français.
Un numéro choisi pour «son côté prophétique»
Paru le 13 janvier 2020, juste avant la survenue de la pandémie en France, le numéro avait été choisi par la rédaction et internautes pour «son côté prophétique».
La création d’un premier NFT s’est révélée «assez compliquée», reconnaît la journaliste Laure Beaudonnet, à l’origine du projet.
Il lui a fallu tout d’abord créer un portefeuille numérique, acheter de l’ether (la cryptomonnaie utilisée par la blockchain Ethereum), puis payer les frais de transaction pour enregistrer le «contrat» numérique de manière définitive, sans oublier de céder les droits d’auteurs associés au numéro.
«Il faut y passer quelques jours si on débute, et c’est encore plus compliqué pour une entreprise», explique-t-elle.
Une œuvre numérique de Beeple adjugée 69 millions
Les NFT ont vu leur valeur s’envoler cette année dans les salles de ventes à l’étranger. Un jeton associé à l’œuvre numérique «Everydays: The First 5000 days» de l’artiste Beeple s’est notamment échangé 69 millions de dollars chez Christie’s en mars, tandis qu’une animation présentant le code source du premier navigateur web trouvait preneur en juillet pour 5,4 millions de dollars chez Sotheby’s.
Sur internet, les NFT s’échangent également facilement via des plateformes spécialisées comme OpenSea ou Rarible. En revanche en France, «la représentation numérique d’une œuvre, bien meuble incorporel, ne peut pas faire partie, à elle seule, d’une vente volontaire aux enchères publiques», a expliqué Piasa sur son prospectus de vente.
Pour contourner l’interdiction légale de mettre aux enchères un «bien meuble incorporel», «20 Minutes» a cédé en sus du NFT «une plaque d’impression offset figurant quatre pages du supplément».
«Plusieurs projets visant à organiser de telles ventes sans enfreindre délibérément la loi, par exemple en rattachant un NFT à une œuvre matérielle, ont été mis sur pied avec un succès jusqu’à ce jour limité», a expliqué le Conseil des ventes.
Le président de cette autorité de régulation du secteur a commandé en juin un rapport pour évaluer les contours d’une éventuelle réforme de la réglementation.