Crise des carburantsLes Français se pressent à la pompe avant la baisse des remises de l’État
La baisse des ristournes destinées à compenser la cherté des carburants, prévue pour mercredi, provoque une ruée sur les stations-services. Une sur cinq se retrouve à sec.
Les stations-services en rupture de carburant étaient lundi bien plus nombreuses qu’à la fin du mois d’octobre, particulièrement en Auvergne-Rhône-Alpes et en Île-de-France, deux jours avant la baisse des remises de l’État et de TotalEnergies, selon des données officielles. «Cet emballement est uniquement dû à la fin des remises, avec des automobilistes qui se sont pressés à la pompe, mais aussi au week-end de trois jours, avec un jour d’approvisionnement en moins la semaine dernière», explique Francis Pousse, président des stations-services et énergies nouvelles au sein du syndicat professionnel Mobilians, qui représente 5800 stations traditionnelles (hors grande distribution).
À l’échelle nationale, près de 21% des stations-services étaient à sec pour au moins un type de carburant, essence ou gazole, sur un échantillon de 9900 stations qui en servaient le 20 septembre dernier avant une longue grève dans les raffineries françaises. Le 26 octobre, alors que la grève ne touchait plus que deux sites de TotalEnergies, ce chiffre était de 14,5%.
La région parisienne fortement touchée
Près de 13% des stations-services françaises étaient même totalement à court de carburant lundi, contre 9,8% fin octobre. Les disparités régionales sont fortes. Dans 17 départements, plus de 40% des stations manquaient soit d’essence, soit de gazole. C’est le cas de la plupart des départements de région parisienne, comme la Seine-Saint-Denis (49,5% de stations affectées), le Val d’Oise (46%), les Yvelines (45%) et Paris (43,6%). En Auvergne-Rhône-Alpes, 58% des stations du Puy-de-Dôme manquaient d’au moins un type de carburant, et 46% dans le Rhône.
Mercredi, la remise de 30 centimes par litre de carburant financée par l’État depuis le 1er septembre, baissera à 10 centimes. Celle de TotalEnergies passera de 20 à 10 centimes. Les deux remises de 10 centimes dureront jusqu’au 31 décembre; en 2023, le gouvernement prévoit une aide ciblée sur certains automobilistes «qui ont du mal à joindre les deux bouts», selon le ministre Gabriel Attal.
Le gouvernement garde le silence
Francis Pousse se veut pour autant rassurant et se refuse à parler de pénurie. «Les camions recommencent à rouler depuis ce matin pour réapprovisionner les stations-services», précise-t-il, et par ailleurs, «la consommation de carburant devrait largement ralentir à partir de mercredi». Le gouvernement, de son côté, n’a plus communiqué de chiffres sur les ruptures de carburants depuis le 21 octobre, après que des analyses de médias ont montré une sous-estimation de la pénurie.