La réforme de la politique migratoire de l’UE est sous toit

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Union européenneLa réforme de la politique migratoire est sous toit

Le Parlement européen et les États membres sont parvenus à un accord de principe trois ans après la présentation de ce projet par la Commission.

Sur cette photo d’illustration, un bateau transportant des migrants arrive au port maritime de La Restinga, dans la Municipalité d’El Pinar sur l’île canarienne d’El Hierro, le 15 décembre 2023.

Sur cette photo d’illustration, un bateau transportant des migrants arrive au port maritime de La Restinga, dans la Municipalité d’El Pinar sur l’île canarienne d’El Hierro, le 15 décembre 2023.

AFP

Le Parlement européen et les États membres sont parvenus mercredi à un accord de principe sur la difficile réforme de la politique migratoire européenne après une nuit entière de tractations et plus de trois ans après la présentation de ce projet par la Commission. Voici les principaux points du compromis trouvé sur ce «Pacte sur la migration et l’asile», dont les détails devront encore être finalisés.

Des contrôles renforcés

Un filtrage obligatoire préalable à l’entrée d’un migrant dans l’UE est mis en place, à proximité des frontières extérieures. Ces contrôles d’identification et de sécurité peuvent durer jusqu’à sept jours. À l’issue de ce délai maximum, la personne est orientée vers une procédure d’asile - classique ou accélérée - ou renvoyée dans son pays d’origine ou de transit. Les pays d’arrivée sont chargés d’entrer les empreintes digitales, images faciales et documents d’identité des demandeurs d’asile et migrants dans la base de données Eurodac, dont le champ a été élargi et qui s’applique désormais aux enfants dès l’âge de 6 ans.

Une procédure à la frontière

Les demandeurs d’asile qui ont statistiquement le moins de chances d’obtenir une protection internationale - les ressortissants de pays pour lequel le taux de reconnaissance du statut de réfugié, en moyenne dans l’UE, est inférieur à 20% comme le Maroc, la Tunisie, le Bangladesh - seront orientés vers une «procédure à la frontière». Ces demandeurs d’asile devront rester dans des centres dédiés le temps de cette procédure. Les États membres prévoient qu’au niveau de l’UE, quelque 30’000 places soient créées dans ces centres dédiés, afin d’accueillir à terme jusqu’à 120’000 migrants par an. Les mineurs non accompagnés «posant un risque à la sécurité», indique le texte sans plus de précisions, et les familles avec enfants de moins de douze ans seront eux aussi concernés par cette procédure.

Solidarité migratoire

Le nouveau système, qui remplace le règlement Dublin III, maintient le principe général en vigueur selon lequel le premier pays d’entrée dans l’UE d’un demandeur d’asile est chargé de l’examen de son dossier. Un nouveau critère est toutefois ajouté, selon lequel le pays européen de délivrance d’un diplôme est responsable du traitement de la demande d’asile de son titulaire.

Alors que la règle du premier pays d’entrée fait peser un poids plus important sur ceux du sud de l’Europe, un mécanisme de solidarité obligatoire est introduit pour soulager les États membres confrontés à une pression migratoire. Les autres pays de l’UE doivent alors contribuer en accueillant des demandeurs d’asile («relocalisations») ou par une aide financière, ou en moyens humains ou matériels.

Situations de crise

L’un des textes de la réforme prévoit une réponse en cas d’afflux massif et exceptionnel de migrants dans un État de l’UE, comme au moment de la crise des réfugiés de 2015-2016. Il prévoit le déclenchement rapide d’un mécanisme de solidarité en faveur de l’État concerné, et la mise en place d’un régime dérogatoire moins protecteur pour les demandeurs d’asile que les procédures habituelles.

Pays tiers «sûr»

Un État membre peut prendre en compte la notion de «pays tiers sûr» pour y renvoyer un demandeur d’asile. C’est-à-dire qu’il peut juger un dossier irrecevable parce que le demandeur est passé par un pays tiers considéré comme «sûr», où il aurait pu déposer une demande de protection. Il faut cependant qu’il y ait un «lien» suffisant entre la personne concernée et ce pays tiers.

(AFP)

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