PopLa Maison d’Ailleurs se transforme pour accueillir les superhéros
Le musée d’Yverdon-les-Bains (VD) présente deux expos dès le 6 février: «Transformations!» et «Musclor et les Maîtres de l’univers». Reportage.
- par
- Laurent Flückiger
«Attention: peinture fraîche!» La Maison d’Ailleurs est encore en chantier quand nous y entrons mardi après-midi, cinq jours avant sa réouverture au public. Pas seulement parce qu’il y a encore des œuvres à accrocher aux murs et des comics à mettre sous vitrine, mais parce que le musée yverdonnois connaît quelques transformations. Outre les coups de pinceaux sur les murs, la configuration de certaines pièces a changé. C’est que les lieux entament une nouvelle ère: le samedi 6 février, non pas une mais deux expositions seront vernies. Ce sera aussi le cas pour les années à venir.
Et justement, la première, la plus imposante s’appelle «Transformations!» «Elle est dédiée au superhéros et aux modifications qu’a subies l’industrie des comic books au XXe siècle: censure, propagande, modifications des cases ou des formats, etc.», décrit Marc Atallah, directeur de la Maison d’Ailleurs. S’il y a déjà eu dans le bâtiment en 2014 une exposition sur l’histoire du superhéros, celle-ci s’attarde par exemple sur les traductions françaises de «Superman» – saviez-vous que ce dernier est arrivé en France en 1939 sous le nom de «Marc, l’Hercule moderne» puis de «Yordi»? On peut y découvrir aussi que certaines héroïnes étaient plus ou moins habillées selon le pays de publication.
Les œuvres de onze artistes invités trônent également dans le musée. En particulier celles des Français Mr Garcin et Sam Van Olffen. Le premier est réputé pour ses tableaux faits à partir d’images découpées dans les comics, comme «L’incroyable Hulk» ou «Thor», le second fait des collages numériques, dont certains rappellent le steam punk. De notre côté, gros coup de cœur pour le travail du Macédonien Zoran Cardula qui détourne des affiches soviétiques. «C’est comme si le Surfeur d’argent ou Batman étaient des figures de propagande communiste, explique Marc Atallah. L’idée est que chaque artiste a sa manière à lui de parler du monde réel et de l’humain.»
Musclor et Skeletor
La deuxième expo s’intéresse à des jouets qui rappelleront forcément des souvenirs à beaucoup de gens. Il s’agit des Maîtres de l’univers, une licence développée par Mattel et qui a déferlé dans les rayons au début des années 80. Musclor, Skeletor, Fisto et les autres envahissent l’Espace Jules-Verne et certaines pièces rendront malades de jalousie des visiteurs à qui le Père Noël n’avait pas apporté le bon cadeau.
On trouve encore sous blister plusieurs figurines de cette gamme qui continue à être produite, puisqu’une nouvelle série d’animation a récemment été mise en ligne sur Netflix et qu’un film live est en préparation, toujours sur la plate-forme de streaming. En convoquant ces personnages, le musée cherche, notamment, à observer la transformation d’un objet courant en une image nostalgique, parfois grinçante, et souvent détournée par les cultures alternatives. Et nostalgie, il y a, puisque la Maison d’Ailleurs possède le fameux château Grayskull. Par le pouvoir du crâne ancestral, qu’est-ce qu’on aimerait l’avoir!
«Transformations!» et «Musclor et les Maîtres de l’univers», du 6 février 2022 au 8 janvier 2023 à la Maison d’Ailleurs, à Yverdon-les-Bains (VD). Vernissage samedi 5 février à 17 h. Infos: www.ailleurs.ch