LibyeLe gouvernement rival se retire de Tripoli après des combats
Le gouvernement libyen désigné par le Parlement, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar, a annoncé qu’il se retirait de la capitale, après plusieurs heures de combats déclenchés par son arrivée.
En milieu de matinée, le service de presse du gouvernement désigné par le Parlement a indiqué dans un communiqué que son Premier ministre, Fathi Bachagha, ainsi que plusieurs de ses ministres, avaient «quitté Tripoli pour préserver la sécurité (...) des citoyens».
Plus tôt dans la nuit, il avait annoncé l’arrivée à Tripoli de M. Bachagha et des ministres «pour y débuter les travaux» du gouvernement, mais celle-ci avait entraîné des combats pendant plusieurs heures en pleine ville entre groupes armés, selon un correspondant de l’AFP.
Appel à la retenue
Dans la région de Tripoli, les deux camps disposent du soutien de groupes armés encore très influents dans l’ouest du pays, mais dont les allégeances sont traditionnellement mouvantes. «Al Nawasi», une importante milice de la capitale, s’est notamment félicitée de l’entrée de M. Bachagha, dans la nuit de lundi à mardi, avant son retrait.
De son côté, le gouvernement siégeant à Tripoli, né début 2020 d’un processus politique parrainé par l’ONU, n’a pas réagi aux évènements survenus ces dernières heures. La conseillère spéciale du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Stephanie Williams, a pour sa part appelé sur Twitter à la «retenue», en insistant «sur la nécessité absolue de s’abstenir de toute action provocatrice».
Dans une vidéo diffusée par des médias locaux, M. Bachagha avait affirmé en matinée avoir été «très bien accueilli» à Tripoli, et annoncé la tenue d’une conférence de presse en soirée durant laquelle il ferait «un discours d’unité au peuple libyen».
Et le ministre de l’Intérieur du gouvernement Bachagha, Issam Abu Zariba, avait assuré, avant le retrait, que l’équipe gouvernementale prendrait ses fonctions «pacifiquement» et «dans le respect de la loi». Pour faciliter la transition, il a appelé «toutes les forces de sécurité (...) à coopérer».
Report des élections
En février, le Parlement siégeant dans l’Est avait désigné M. Bachagha, un ancien ministre de l’Intérieur, comme nouveau Premier ministre. Cette instance est soutenue par le puissant maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen, dont les forces avaient tenté de conquérir la capitale en 2019. Mais M. Bachagha n’avait jusque-là pas réussi à évincer l’exécutif en place à Tripoli, dirigé par l’homme d’affaires Abdelhamid Dbeibah. Ce dernier a affirmé à maintes reprises qu’il ne remettrait le pouvoir qu’à un gouvernement formé à l’issue d’élections.
Le gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah avait en effet comme principale mission l’organisation d’élections législatives et présidentielle, initialement prévues en décembre dernier. Cependant, des querelles entre les caciques politiques locaux, notamment sur la base juridique du scrutin, ont entraîné le report sine die de ces élections sur lesquelles la communauté internationale fondait de grands espoirs pour enfin stabiliser le vaste pays d’Afrique du Nord. Les rivaux politiques de M. Dbeibah estiment que son mandat a pris fin avec ce report.