Fraude massiveEn RDC, les emplois fictifs font perdre près de 800 millions par an à l’État
Un audit du fichier de la paie des agents de l’État congolais révèle de nombreuses irrégularités. Salariés non déclarés ou encore numéros matricules incorrects, fantaisistes voire fabriqués sont légion.
L’Inspection générale des finances (IGF) de la République démocratique du Congo a révélé une fraude massive au sein du service de la paie publique, où des dizaines d’employés fictifs coûtent près de 800 millions de dollars par an à l’État.
Selon les conclusions d’un audit du fichier de la paie des agents de l’État, l’IGF note de nombreuses irrégularités, avec des dizaines de milliers d’employés fictifs. Chaque mois, «le manque à gagner mensuel subi par le Trésor public est de 148’999’749’440,95 francs congolais (soit 66,2 millions de dollars)», affirme l’IGF dans un communiqué daté de jeudi, concernant l’audit effectué par ses services.
Le gendarme des finances publiques congolais indique par exemple que plus de 145’000 agents payés disposent des «numéros matricules incorrects, fantaisistes et fabriqués pour le besoin de la paie». Aussi, plus de 40’000 agents sont payés sans que leurs noms ne figurent sur les listes déclaratives provenant des services qui les emploient, tandis que plus de 90’000 agents «partagent le même numéro matricule avec d’autres agents également payés».
«Réseau mafieux»
L’IGF a promis de transmettre aux instances judiciaires la liste de 961 agents de l’État impliqués dans ce «réseau mafieux». Déjà, «certains cas d’irrégularités manifestes font l’objet d’une désactivation» sur les listes de paye des services étatiques, a ajouté la même source.
Pour 2023, le budget de la RDC est estimé à 16 milliards de dollars. Malgré les grandes ressources naturelles dont regorge ce pays, la pauvreté y est criante. Près des deux tiers des quelque 100 millions d’habitants vivent avec moins de 2,15 dollars par jour, niveau fixé comme seuil international de pauvreté, selon la Banque mondiale. Le pays occupe la 169e place sur 180 pays dans le classement 2021 de Transparency international.