Angoissé par les missiles de Kim, un prof sud-coréen appelle à bâtir des bunkers

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Corée du SudAngoissé par les missiles de Kim, un prof d’archi appelle à bâtir des bunkers

Face à l’hostilité de Pyongyang, le Sud-Coréen Lee Tae-goo s’est construit son propre abri antiatomique. Il encourage ses concitoyens à suivre son exemple pour se protéger de toute attaque.

Lee Tae-goo, professeur d’architecture sud-coréen, est bien préparé en cas d’attaque de la Corée du Nord contre son pays: il entend se réfugier dans son bunker. Et il encourage ses compatriotes à faire de même. Avec ses murs en béton épais, ses portes en acier renforcé et son système de purification de l’air, son abri antiatomique, enfoui sous un mètre de terre, pourrait le protéger d’une catastrophe nucléaire, dit-il. Tout est en place pour qu’il puisse survivre pendant au moins deux semaines.

Construit sur sa propriété dans la ville de Jecheon, située à environ 120 kilomètres au sud-est de la capitale Séoul, ce bunker, financé par le gouvernement, fait partie du combat de ce professeur pour inciter les Sud-Coréens à mieux se préparer à d’éventuelles retombées radioactives si les menaces nucléaires se concrétisent.

«Il y a un manque d’abris publics et ils sont souvent excentrés»

«La Corée du Nord, d’où pourraient être lancés des missiles, est située à seulement 100 kilomètres d’ici», explique le prof. Il se dit par ailleurs très inquiet d’une éventuelle fuite radioactive d’un des réacteurs nucléaires vieillissants de la Corée du Sud. «Cela fait longtemps qu’il n’a pas été demandé aux Sud-Coréens de construire des abris personnels. Il y a un manque d’abris publics et, dans de nombreux cas, ils sont excentrés», souligne-t-il.

Séoul et Pyongyang sont toujours techniquement en guerre, depuis la fin de la guerre de Corée qui s’est soldée en 1953 par un armistice et non un traité de paix. Les deux pays continuent de s’accuser mutuellement de «provocations» qui pourraient, un jour, conduire à un nouveau conflit.

La crise a fait transformer les abris en logements ou parkings

Selon le ministère sud-coréen de l’intérieur, la Corée du Sud dispose d’un réseau de plus de 17’000 abris antibombes, dont plus de 3000 à Séoul, qui se trouve à seulement 60 kilomètres de la frontière avec le Nord. Les stations de métro de la capitale font également office d’abris antiaériens publics, mais elles ne protégeraient pas en cas d’attaque nucléaire.

Dans les années 1970, le pays a adopté une loi exigeant que les bâtiments dépassant une certaine taille dans les grandes villes aient un sous-sol, pouvant servir de bunker en cas de guerre. Mais à Séoul, en raison de la flambée des prix de l’immobilier, la plupart des immeubles privés ont transformé ces sous-sols en parkings ou en appartements.

Un abri pour 47’000 francs

Le bunker «modèle» de l’architecte a coûté environ 70 millions de wons (env. 47’000 francs suisses) – sans compter les coûts de main-d’œuvre, qu’il a pu financer grâce à une bourse du ministère de l’Éducation. Il espère que cela incitera d’autres personnes à sauter le pas.

Dans leur ensemble, les Sud-Coréens sont plutôt indifférents aux menaces constantes de Pyongyang, mais de plus en plus de personnes, comme Lee Tae-goo, commencent à prendre les choses en main. Et les personnes qui construisent leurs propres bunkers restent plutôt discrètes à ce sujet, craignant être pris d’assaut en cas d’urgence, relève l’architecte. «Lorsque j’ai construit ce bunker-ci, il y avait tous ces gens qui me disaient qu’ils viendraient si le pays était attaqué. Mais cet endroit ne peut accueillir que douze personnes», lance-t-il.

(AFP)

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