Hockey sur glaceBienne-GE Servette: la parole aux anciens
Les Aigles mènent 3-2 dans la finale des play-off contre les Seelandais et ont l’occasion de conclure ce mardi soir à la Tissot Arena. Trois anciens joueurs nous donnent leur avis.
- par
- Ruben Steiger
On y est! Après plus de sept mois de compétition, le dénouement de la National League est à bout touchant. Le premier match potentiellement décisif se joue ce mardi soir à la Tissot Arena de Bienne. La donne est claire. Si GE Servette s’impose, il décrochera le premier titre de Champion de Suisse de son histoire. Si ce sont les Seelandais, l’épilogue de cette finale aura lieu sur un duel unique jeudi soir aux Vernets.
À quelques heures du lâcher de puck, trois anciens joueurs ont accepté d’évoquer les clés de cet acte VI et des émotions qui entourent ce type de rencontres.
Paul Savary: ex-attaquant du GSHC
«J’ai très peu suivi la saison régulière mais je me suis pris au jeu des play-off et je me suis rendu quatre fois aux Vernets. Au vu du dernier match, et même de la série, je trouve que GE Servette est supérieur à cinq contre cinq et le résultat de samedi en est la preuve. Bien que ce score de 7-1 ne représente pas la qualité intrinsèque des deux formations.
Il faut se méfier de Bienne, car c’est une formation qui possède du talent offensif et qui est très rapide sur les transitions. Antti Törmänen peut s’appuyer sur des joueurs dangereux comme Cunti, Brunner ou encore Rajala. Défensivement c’est fort aussi, leur bloc est très compact et c’est compliqué pour le GSHC de créer le décalage.
Bienne aura un sursaut d’orgueil en début de partie mais le soufflé peut vite retomber s’ils encaissent un ou deux buts. Une telle situation peut te détruire psychologiquement. GE Servette devra jouer avec ses qualités et faire parler sa puissance physique dans les bandes et devant la cage adverse.
Quand tu disputes une telle rencontre, tu es finalement assez relâché. C’est la fête du hockey, tu joues des gros matches alors que d’autres sont déjà en vacances. Tu te sens bien mieux que dans un match contre la relégation.
De plus, quand tu évolues à Genève, tu sens clairement le soutien populaire quand tu arrives en finale. Il y a quelque chose qui se crée et qui porte l’équipe. Mon seul regret, c’est que la presse romande ne fait pas assez la part belle à cet événement historique.
Je vois Genève s’imposer ce mardi soir, mais, et je ne sais pas si j’ose le dire, je préférerai les voir faire le titre jeudi à domicile. Les Vernets méritent de vivre un tel moment avant qu’une nouvelle patinoire voit le jour.»
Alain Miéville: ex-attaquant du HC Bienne
«Bienne va sortir très fort mardi, comme lors du premier match à la Tissot Arena. Les Seelandais auront à cœur de montrer que la défaite 7-1 n’était qu’un accident de parcours. D’ailleurs, ce lourd revers est certainement déjà oublié. Avec mon expérience de joueur, je peux vous confirmer qu’un groupe se remobilise très vite en play-off et qu’un 7-1 ou un 2-1, ça ne change pas grand-chose. On aura les réponses dans les cinq premières minutes de l’acte VI.
Bienne devra absolument jouer de façon plus agressive sur le for-checking. Ils ont été trop passifs lors des deux dernières rencontres. Dans le même temps, les sorties de zone contrôlées ont été très bonnes et leur ont permis de faire la différence. C’est un peu cliché, mais il faudra éviter les pénalités. Le power play de Genève, même s’il tourne moins bien, reste fantastique. Je crois que je n’ai jamais vu un aussi beau jeu de puissance de toute ma vie dans le championnat suisse.
En ce qui concerne l’alignement, le choix du gardien demeure une inconnue. Antti Törmänen a suivi la même stratégie qu’en demi-finale. Mais est-ce qu’il n’aurait pas dû laisser van Pottelberghe après l’acte III? Finalement, tout dépend de la stratégie choisie et du ressenti de l’entraîneur le jour du match.
Quoi qu’il arrive, je suis vraiment content d’avoir vu ces deux clubs en finale car ils ont tous les deux investi dans le mouvement junior, détiennent une bonne vision et progressent de manière assez linéaire. Bienne n’a jamais dépensé l’argent qu’il n’avait pas et à mon sens, le club ne s’attendait pas à être si haut si vite.
Un titre récompenserait toutes les personnes qui œuvrent pour l’organisation depuis la promotion en 2008. À titre personnel, je suis simplement content d’avoir aidé Bienne à retrouver sa place, celle qu’il mérite, dans l’élite.»
Kevin Fey: ex-défenseur du HC Bienne
«Bienne possède suffisamment d’expérience pour ne pas tenir compte du résultat du match précédent. Le score d’une rencontre ne change rien en play-off. Le soir même c’est frustrant et il y a peut-être même eu un petit sentiment de honte de perdre 7-1 en finale, mais c’est assurément déjà oublié. Je connais bien les joueurs et le staff et je sais que ce sont des gars qui arrivent à se remotiver et retrouver le plaisir rapidement.
Mardi, Bienne se retrouvera dans un entre-deux. D’un côté, les joueurs auront une certaine pression car ils savent que la moindre erreur peut les envoyer en vacances. Selon moi, la clé de cette partie pour les Seelandais sera de jouer avec joie. Ils ne doivent pas oublier que le hockey reste un jeu de plaisir. Il faut garder une certaine légèreté, dans le sens positif du terme. Un peu comme quand on était enfants et que l’important était le plaisir avant la victoire. Quand ce plaisir est présent, le résultat suit souvent. Et cela vaut pour les deux équipes.
Néanmoins, c’est compliqué de garder cette joie dans des matches aussi décisifs. Les play-off ont commencé depuis plus d’un mois, la fatigue s’est accumulée. À l’image de la vie quotidienne, tu es plus vite stressé quand tu es fatigué. Rester détendu demande un effort supplémentaire mais cela fait partie de notre travail.
De son côté, GE Servette devra s’appuyer sur son attaque. Elle est juste extraordinaire. C’est un immense plaisir de la voir à l’œuvre à la télévision, mais beaucoup de la contrer sur la glace. C’est toujours facile à dire, mais la clé pour les deux équipes sera d’avoir le contrôle du puck et de jouer dans la zone offensive adverse.
Si Bienne retourne la série et gagne le titre, ce serait un bel accomplissement pour tous les gens qui travaillent au quotidien pour ce club. Cela prouverait aussi que la stratégie biennoise a été la bonne. Ils n’ont jamais fait preuve d’arrogance et ont toujours fait avec les moyens du bord.
Évidemment, je ne suis pas tout à fait neutre puisque j’ai longtemps joué à Bienne, mais je trouve que personne ne mérite plus le titre que les gens de ce club. Si Genève fait le titre, je serai très heureux pour mon ami Marc-Antoine Pouliot.»