Une graine a un thermomètre pour savoir quand germer

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NatureUne graine a un thermomètre pour savoir quand germer

L’Université de Genève a découvert le mécanisme qui permet à une plante de déclencher ou au contraire de retarder sa naissance. Bon à savoir avec le réchauffement climatique

Comm/M.P.
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Une variation de 1 à 2 °C seulement peut suffire à retarder la germination d’une graine et augmenter ses chances de survie.

Une variation de 1 à 2 °C seulement peut suffire à retarder la germination d’une graine et augmenter ses chances de survie.

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Les graines nouvellement formées sont dormantes: elles sont incapables de germer. Après quelques jours, voire quelques mois selon les espèces, elles se réveillent et acquièrent la capacité de germer pendant la saison favorable pour la croissance de la jeune plante (plantule) et la production de nouvelles graines. Cependant, les graines non dormantes peuvent encore décider de leur sort. Ainsi, si l’une d’elles se retrouve soudainement soumise à des températures trop élevées (plus de 28 °C), elle peut bloquer sa germination.

Ce mécanisme appelé thermo-inhibition permet une régulation très fine. Une variation de seulement 1 à 2 °C peut en effet retarder la germination d’une population de graines et ainsi augmenter les chances de survie des futures jeunes plantules.

Un groupe de scientifiques suisses, dirigé par Luis Lopez-Molina, professeur au Département des sciences végétales de la Faculté des sciences de l’Université de Genève (UNIGE) , s’est intéressé au contrôle de la germination chez l’Arabette des dames (Arabidopsis thaliana) , une espèce de plante appartenant à la famille des Brassicacées et utilisée comme modèle dans de nombreuses recherches.

Protéine sensible à la température

Pour comprendre les mécanismes de détection permettant aux graines de déclencher la thermo-inhibition, les scientifiques ont exploré la piste de phénomènes déjà décrits et assez similaires chez les jeunes plantes, c’est-à-dire à un stade de développement plus avancé. En effet, les changements de température sont également perçus par les plantules, chez qui une légère augmentation de température favorise la croissance de la tige. Cette adaptation est similaire à celle observée lorsqu’une plante se retrouve dans l’ombre d’une autre: elle s’allonge pour échapper à l’ombre afin de s’exposer à la lumière du soleil qui est plus favorable pour la photosynthèse.

Ces variations sont détectées par une protéine sensible à la lumière et à la température, le phytochrome B, qui agit normalement comme un frein sur la croissance de la plante. Une augmentation de 1 à 2 °C promeut l’inactivation du phytochrome B, ce qui le rend moins efficace pour empêcher la croissance.

Un tissu nourricier indispensable

Pour comprendre si le phytochrome B joue également un rôle dans la thermo-inhibition lors de la germination, les scientifiques ont disséqué les graines pour dissocier deux tissus: l’embryon (qui donnera la jeune plante) et l’albumen (tissu nourricier qui contrôle également la germination chez la graine d’Arabidopsis). Les scientifiques ont constaté que les embryons privés de leur albumen sont incapables de stopper leur croissance sous des températures trop élevées, ce qui entraîne leur mort.

«Nous avons découvert que la thermo-inhibition chez l’Arabette des dames n’est pas contrôlée de manière autonome par l’embryon mais mise en œuvre par l’albumen, révélant une nouvelle fonction essentielle pour ce tissu», explique Urszula Piskurewicz, chercheuse au Département de sciences végétales de la Faculté des sciences de l’UNIGE et première auteure de l’étude parue dans «Nature Communications». «En d’autres termes, en l’absence d’albumen, l’embryon au sein de la graine ne percevrait pas que les températures sont trop élevées et débuterait sa germination, ce qui lui serait fatal».

Optimiser la croissance des plantes

La thermo-inhibition de la germination est un nouvel exemple de l’influence des variations climatiques sur certains phénomènes périodiques de la vie des plantes. «On s’attend à ce que cette caractéristique ait un impact sur la distribution des espèces et l’agriculture des plantes et cet impact sera d’autant plus grand que les températures augmentent dans le monde entier», rapporte Luis Lopez-Molina, dernier auteur de l’étude. Mieux comprendre comment la lumière et la température déclenchent ou retardent la germination des graines pourrait en effet permettre d’optimiser la croissance des plantes exposées à un large éventail de conditions climatiques

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