Amérique latineMexique: assassinat d’un homme présenté comme journaliste
Fredid Roman a été tué par balle dans le sud-ouest du Mexique lundi. Il venait de publier sur Facebook un texte intitulé «crime d’État sans inculper le chef».
Un homme présenté comme un journaliste a été assassiné lundi au Mexique, où une douzaine de photographes, informateurs ou commentateurs de la vie locale dénonçant la collusion des élus avec le crime organisé ont été tués depuis le début de l’année.
Fredid Roman a été tué par balle à Chilpancingo dans l’État du Guerrero (sud-ouest), a indiqué le parquet local en annonçant l’ouverture d’une enquête.
Quelques heures avant son assassinat, Fredid Roman avait publié sur Facebook un texte intitulé «crime d’État sans inculper le chef». Il revenait sur le récent rapport du gouvernement qualifiant de «crime d’État» la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa (Guerrero) en septembre 2014.
Citant un «témoin protégé», Fredid Roman mentionnait une réunion présumée entre quatre responsables de l’époque, dont l’ex-procureur général Jesus Murillo Karam, en détention provisoire pour «disparition forcée» depuis la publication du rapport la semaine dernière, et l’ex-gouverneur du Guerrero. Il citait également le chef de la police fédérale de l’époque dans le Guerrero, Omar Garcia Harfurch, actuel chef de la police de Mexico, et un fugitif en Israël dont le Mexique demande l’extradition.
«Grave menace»
Douze journalistes ont été tués au Mexique depuis le début de l’année, d’après le gouvernement. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) n’en recense que neuf. Des médias avancent le chiffre de 15 ou seize. Les victimes sont souvent des journalistes en situation précaire, qui exercent d’autres activités pour vivre. Il peut s’agir aussi de commentateurs de la vie politique locale qui dénoncent la collusion entre les élus et le crime organisé.
La plupart des assassinats de journalistes restent impunis et surviennent dans des zones affectées par le narcotrafic. «La collusion entre les autorités et le crime organisé constitue une grave menace pour la sécurité des journalistes», selon RSF. «Le président López Obrador n’a toujours pas entrepris les réformes nécessaires pour endiguer cette violence et l’impunité qui l’entoure», a déploré l’ONG.
Avec 150 journalistes tués depuis 2000, d’après RSF, le Mexique est considéré comme l’un des pays en paix les plus dangereux pour la presse.