TennisLa semaine de rêve de Jil Teichmann à Madrid
La Biennoise de 24 ans est en demi-finale du tournoi madrilène, estampillé WTA 1000 (elle affrontera ce jeudi soir l’Américaine Jessica Pegula). Pour la première fois de sa carrière, elle entrera dans le cercle fermé des 30 meilleures joueuses du monde.
- par
- Renaud Tschoumy
«Que bien me sienta Madrizz!» En français dans le texte: «Qu’est-ce que je me sens bien Madrizz!» Comprenez Madrid. Sur son profil Instagram, la Biennoise Jil Teichmann, née à Barcelone il y a un peu plus de 24 ans, affiche clairement la couleur. Et elle a de quoi! Elle vit en effet un rêve éveillé dans la capitale espagnole.
Classée au 35e rang mondial avant le début du tournoi madrilène, estampillé WTA 1000, elle a remporté quatre matches de suite pour se hisser en demi-finale, soit sa deuxième meilleure performance en carrière à ce niveau – elle avait été finaliste l’an passé du tournoi WTA 1000 de Cincinnati, où elle avait été battue par la No1 mondiale de l’époque Ashleigh Barty.
Qui plus est, Jil Teichmann n’a pas perdu le moindre set, et elle ne s’est fait breaker qu’à six reprises au total des quatre matches. Elle affiche d’ailleurs un taux de réussite sur première balle exceptionnellement haut: 71,25% en moyenne depuis le début du tournoi, avec un pic à 77% en 16e de finale contre la Canadienne Leylah Fernandez.
Ces superbes performances – elle a battu trois joueuses mieux classées qu’elle – vont lui permettre d’intégrer le Top-30 mondial pour la première fois de sa carrière: elle sera au pire 29e lundi, à la sortie du prochain classement de la WTA. Mieux: si elle bat l’Américaine Jessica Pagula ce jeudi soir, elle grimpera à la 23e place. Et si elle devait aller au bout de son rêve et remporter le tournoi madrilène, elle occupera alors la 18e place mondiale, quatre rangs derrière Belinda Bencic.
La Biennoise affiche un bilan de huit victoires en neuf matches cette année, et ses performances à Madrid lui garantissent de passer la barre des 2 millions de dollars de gains en carrière. Victorieuse de deux tournois 250 en 2019 (Prague et Palerme, à chaque fois sur terre battue), Jil Teichmann saura-t-elle gérer la pression ce jeudi soir?
Capitaine de l’équipe de Suisse de FedCup, Heinz Günthardt veut croire que oui: «Jil a cette particularité de devenir inarrêtable lorsqu’elle est lancée dans un tournoi, explique-t-il. Autant elle a souvent été battue au premier tour, autant elle devient redoutable quand elle parvient à justement passer ce cap. Elle n’a pas de point faible, et c’est ce qui la rend dangereuse pour toutes ses adversaires. Elle peut s’appuyer sur un gros service, sur un excellent coup droit – d’autant plus à Madrid, qui est en altitude et où son lift fait merveille –, elle bouge bien, bref: elle a tout. Elle va entrer dans les trente meilleures joueuses du monde, mais à mon avis, sa progression ne va pas s’arrêter là.»
Un point faible, peut-être? «Elle aura accompli un grand pas en avant lorsqu’elle sera capable de gagner des matches dans lesquels elle joue mal, ou pas si bien que cela», note Günthardt, qui se réjouit évidemment de cette affirmation de la Biennoise. «Notre équipe était déjà forte, puisque nous avons été finalistes de la Billie Jean King Cup l’automne dernier (ndlr: défaite 0-2 face à la Russie), précise le Zurichois. Mais il est vrai qu’avec Belinda Bencic, Viktorija Golubic et maintenant Jil Teichmann, nous avons trois joueuses capables d’aller loin dans les grands tournois. Et ce ne sont pas des paroles en l’air, ce sont des faits établis.»