Italie – Les victimes de violences sexuelles mettent la pression sur l’Eglise

Publié

ItalieLes victimes de violences sexuelles mettent la pression sur l’Église

Des voix s’élèvent en Italie pour réclamer d’urgence une enquête sur les agressions sexuelles commises au sein de l’Église. Une association a mis en cause plus de 300 prêtres en quinze ans.

Des victimes d’agressions sexuelles commises par des religieux protestent régulièrement à Rome.

Des victimes d’agressions sexuelles commises par des religieux protestent régulièrement à Rome.

AFP

«Maintenant ou jamais»: neuf associations italiennes de victimes d’agressions sexuelles par des clercs au sein de l’Église catholique ont lancé, mardi, une campagne inédite pour faire pression sur le gouvernement et réclamer une enquête indépendante sur l’ampleur du fléau dans le pays.

Baptisée «Au-delà du grand silence» («Oltre il grande silenzio»), cette campagne s’inscrit dans la lignée des récents rapports publiés en France et en Allemagne, tandis que de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le retard pris par la Péninsule dans la lutte contre ces violences.

«Je crains qu’elle ne le fasse jamais»

«Le gouvernement doit agir et profiter de l’élan créé par les enquêtes indépendantes menées ailleurs», déclare Francesco Zanardi, fondateur du réseau «L’Abus» (Rete L’Abuso, en italien), association de victimes qui a recensé, sur les quinze dernières années, plus de 300 prêtres mis en cause ou condamnés sur les 50’000 que compte le pays. «Si l’Italie ne le fait pas maintenant, je crains qu’elle ne le fasse jamais», ajoute-t-il, lui qui a été agressé par un prêtre lorsqu’il était adolescent.

À travers cette initiative portée sur les réseaux sociaux par le hashtag #ItalyChurchToo, les neuf associations, regroupées dans un partenariat, entendent mettre la pression sur le gouvernement, dans un pays à majorité catholique, terre de la papauté où l’Église conserve une grande influence.

«Je suis le fils d’un prêtre pédophile.»

Erik Zattoni

Pour Cristina Balestrini, qui a créé un groupe de soutien aux familles après l’agression de son fils par un prêtre, l’essentiel, pour les victimes, est «de s’assurer que cela ne se reproduise jamais». D’autant que toutes ne survivent pas, souligne-t-elle. «Beaucoup se suicident et personne ne le sait.»

Cette campagne intervient alors que le Vatican a à nouveau été amené à s’exprimer sur le sujet après la publication d’un rapport en Allemagne. Le 8 février, l’ancien pape Benoît XVI, accusé d’inaction lorsqu’il était archevêque de Munich, a ainsi demandé «pardon» aux victimes.

Famille expulsée de son logement par l’Église catholique

«Je suis le fils d’un prêtre pédophile», a confié Erik Zattoni, 40 ans, lors d’une conférence de presse mardi. «Ma mère a été violée à l’âge de 14 ans», mais lorsque sa famille a signalé le crime, elle a été expulsée de la maison, qui appartenait à l’Église, a-t-il raconté.

Un test de paternité a prouvé que le prêtre, âgé de 54 ans au moment des faits, était bien le père, et l’ecclésiastique a reconnu les faits. «Il a continué à être prêtre pendant un an et demi», déplore Erik Zattoni, disant ressentir «beaucoup d’amertume et de déception». Le prêtre est décédé depuis. «Rien n’a été fait, rien. Que devons-nous faire pour nous assurer que ces prêtres, ces criminels, soient condamnés et destitués?»

«La Conférence épiscopale fait ce qu’elle veut»

Victime ou témoin d’une agression sexuelle?

(AFP)

Ton opinion