Route du RhumIl reste coincé 16 heures sous la coque de son bateau
Le skipper français Laurent Camprubi a pu survivre grâce à une poche d’air de 30 centimètres avant d’être recueilli par les sauveteurs espagnols.
«Un sauvetage à la limite de l’impossible». Voilà comment «Salvamento Marítimo» (le service espagnol de secours en mer) a décrit sur Facebook le sauvetage, mardi, du navigateur marseillais de 62 ans, dont le bateau avait chaviré la veille dans l’Atlantique, en plein parcours qualificatif pour la Route du Rhum 2022.
Selon «Salvamento Maritimo», Laurent Camprubi se trouvait à 14 milles (22 kilomètres) du petit archipel des Sisargas, au large de la Galice (nord-ouest de l’Espagne), quand il a déclenché sa balise de détresse lundi à 20 h 30 (18 h 30 GMT).
Des recherches ont été rapidement lancées, qui ont permis de localiser son voilier, le «Jeanne Solo Sailor», ballotté par de hautes vagues et plongé dans l’obscurité, selon les informations fournies jeudi à l’AFP par le service de secours.
Il était «la quille à l’envers» et il n’y avait «pas de trace de son occupant», explique «Salvamento maritimo», qui a dépêché sur les lieux un navire et trois hélicoptères épaulés par un navire marchand.
Des coups sous la coque
L’un des sauveteurs, déposé par un hélicoptère sur le voilier renversé, a frappé sur la coque. Il a perçu des «coups en retour», qui lui ont fait comprendre «qu’il y avait une personne coincée à l’intérieur».
Plusieurs autres plongeurs ont alors rejoint le voilier. Il y a eu «des cris et des coups» sur la coque et «l’émotion est montée en flèche», ont expliqué deux d’entre eux, Antonio Gómez et Andrés Pita, cités par «Salvamento Marítimo».
Selon le patron du navire de secours, Rodrigo Piñeiro, les conditions étaient difficiles et il a fallu travailler de façon «frénétique» pour s’assurer que le voilier ne coule pas.
Ils lui tendent une perche
C’est finalement après plusieurs heures de travail que les plongeurs, munis de lampes torches et au milieu d’une mer très agitée, sont parvenus à pénétrer sous la coque, où ils ont aperçu une botte rouge.
«La réaction immédiate a été de la toucher et le pied s’est retiré instantanément», expliquent les sauveteurs, qui ont alors tendu dans l’habitacle une perche que Laurent Camprubi a aussitôt attrapée.
Une fois à l’extérieur, le skipper s’est agrippé au voilier et s’est tourné vers les plongeurs, tout sourire: «Merci, merci, merci!» s’est-il exclamé.
«Je savais qu’ils étaient là et qu’ils allaient me secourir, qu’ils n’allaient pas m’abandonner. C’était une question de temps. Je devais survivre pour moi et ma famille», a déclaré Laurent Camprubi, cité dans le communiqué.
Il était 12 h 00 (10 h 00 GMT) et il venait de passer 16 heures «dans à peine 30 centimètres d’air», souligne le communiqué. Il a ensuite été évacué, indemne, par hélicoptère.
Sur une photo publiée par «Salvamento Marítimo», on voit le skipper, rayonnant, en shirt et sandales, sur un ponton. À côté de lui se trouve son voilier, toujours renversé, maintenu hors de l’eau par de grosses bouées jaunes.
Il est resté calme
Laurent Camprubi, qui se présente sur le site de la Route du Rhum comme un passionné de «course en solitaire», possède a son palmarès plusieurs victoires à des régates, dont la Rolex Giraglia, en Méditerranée.
Juan Ferrer, chef des opérations du service de secours, a souligné que le marin français «était équipé d’une combinaison spéciale qui lui a évité l’hypothermie». Mais il a aussi salué ses «connaissances, qui lui ont permis d’attendre calmement notre arrivée».