Afrique du Sud«Les femmes et les enfants sont morts à l’intérieur»
À Johannesburg, après l’incendie qui a ravagé un bâtiment désaffecté et fait plus de 70 morts, des rescapés racontent comment nombre de personnes ont été prises au piège.
![Les pompiers retournent encore et encore dans l’immeuble à la façade noircie. Ils fouillent, étage par étage, mètre carré par mètre carré. Les pompiers retournent encore et encore dans l’immeuble à la façade noircie. Ils fouillent, étage par étage, mètre carré par mètre carré.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/01/1c6b5ff9-e579-48b4-ba4c-72953ecd2662.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1366&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=443c77412eca9615618a8028123f8076)
Les pompiers retournent encore et encore dans l’immeuble à la façade noircie. Ils fouillent, étage par étage, mètre carré par mètre carré.
AFPIls sont des dizaines à avoir été pris au piège: enfermées derrière les grilles verrouillées d’un immeuble squatté et délabré de Johannesburg, au moins 74 personnes, dont des enfants, ont péri jeudi dans un violent incendie, dont le bilan pourrait encore grimper.
«Nous avons couru pour essayer de trouver une sortie de secours», dit Kenny Bupe. Le jeune homme de 28 ans raconte à l’AFP avoir dû, au milieu de la nuit, avec un groupe d’hommes, forcer une grille fermée à clef pour échapper aux flammes. «D’autres avaient déjà sauté par les fenêtres, parce qu’ils savaient que la porte était verrouillée.»
«D’autres avaient déjà sauté par les fenêtres, parce qu’ils savaient que la porte était verrouillée.»
Un incendie a ravagé l’immeuble de quatre étages, dans la nuit de mercredi à jeudi, dans la capitale économique sud-africaine. Le bâtiment, à la façade désormais noircie par la fumée, est situé dans le centre-ville, rongé par l’insécurité dans un des pays les plus dangereux au monde.
À chaque étage, des grilles sont fermées chaque soir à double tour pour éviter les intrus. Quand l’incendie s’est déclaré, la panique a envahi les occupants. Au petit matin, des corps ont été découverts derrière une grille fermée à clef.
Tout pour faire des cordes de fortune
Nobuhle Zwane y a échappé, de justesse: «Nous avons eu beaucoup de mal à sortir», dit-elle, ses enfants de 2 et 13 ans à ses côtés. Elle décrit des gens courant dans tous les sens. Dans les couloirs, des lits, du mobilier, avaient été empilés pour tenter de ralentir le feu. À l’extérieur, des draps et des couvertures restent suspendus aux fenêtres. Les occupants de l’immeuble ont utilisé ce qu’ils avaient sous la main pour fabriquer des cordes de fortune et tenter de fuir.
«Nous avons eu beaucoup de mal à sortir.»
«Des garçons ont réussi à sortir par les fenêtres, les femmes et les enfants sont restés derrière et sont morts à l’intérieur», dit Irene Ntamba, une survivante. «Tout a brûlé, nos papiers, notre argent.» Des témoins ont dit aux journalistes avoir vu des bébés jetés par les fenêtres, dans des tentatives désespérées de les sauver des flammes. «Il y avait des corps partout sur le sol» après l’incendie, décrit Noma Mahlalela, 41 ans, femme de ménage.
Les pompiers ne cherchent plus de survivants…
Avec des échelles mécaniques, les pompiers retournent encore et encore dans l’immeuble. Ils fouillent, étage par étage, mètre carré par mètre carré. Ils ne cherchent plus vraiment de survivants, mais des corps. L’incendie était maîtrisé jeudi matin. Police, médecins légistes et élus locaux sont sur place.
Au milieu de la route, un imposant camion des secours tente de bloquer la vue. Derrière, allongés sur le pavé, des corps calcinés. Les secours recueillent des blessés, souffrant d’intoxication et de contusions. Des femmes pleurent au loin. Des voisins sont descendus dans la rue, d’autres observent depuis leur fenêtre.
«Des garçons ont réussi à sortir par les fenêtres, les femmes et les enfants sont restés derrière…»
L’origine de l’incendie n’a pas encore été élucidée. Les autorités ont évoqué l’éclairage à la bougie comme possible cause. Opulent quartier d’affaires au temps de l’apartheid, le centre de Johannesburg regorge aujourd’hui d’immeubles abandonnés, souvent déconnectés du réseau électrique et exploités par des marchands de sommeil.
![Le bilan du violent incendie pourrait encore grimper. Le bilan du violent incendie pourrait encore grimper.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/01/c90841ad-2abb-4da7-aa85-4dea09b1720a.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1536&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=b8161a6a1b2001db9a5d0d25ad594e8d)
Le bilan du violent incendie pourrait encore grimper.
X/@ODIRILERAM via REUTERS