Haïti: L’ONU toujours pas prête à envoyer une force d’intervention internationale

Publié

HaïtiL’ONU toujours pas prête à envoyer une force d’intervention internationale

Alors que le dernier rapport sur la situation du pays fait état d’une violence «qui a continué à s’intensifier et à se propager», le Conseil de sécurité de l’ONU ne veut pas intervenir.

AFP

Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé vendredi la communauté internationale à soutenir la police haïtienne, sans pour autant répondre à l’appel à envoyer une force d’intervention internationale pour aider à lutter contre les gangs qui gangrènent le pays.

Une résolution en demi-teinte

La résolution adoptée à l’unanimité «encourage les Etats membres, y compris les Etats de la région, à apporter un soutien en matière de sécurité à la police nationale haïtienne», «y compris par l’intermédiaire du déploiement d’une force spécialisée». Mais le texte, centré sur le renouvellement pour un an du mandat de la mission politique de l’ONU en Haïti (Binuh), est loin d’évoquer un mandat pour cette hypothétique force.

Ainsi, les 15 membres du Conseil demandent au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres de présenter d’ici 30 jours un rapport sur les «options» possibles pour améliorer la sécurité, évoquant notamment la lutte contre le trafic d’armes, la formation de la police, et «le soutien pour une force multinationale non onusienne ou une possible opération de maintien de la paix».

Enlèvements, pillages, viols et décapitations

Antonio Guterres avait relayé en octobre l’appel du gouvernement haïtien demandant une force d’intervention internationale pour épauler la police dépassée face à la violence des gangs qui terrorisent la population.

Tireurs embusqués sur les toits, meurtres, enlèvements, viols des femmes et des filles, pillages, milliers de personnes déplacées…: le dernier rapport du secrétaire général publié vendredi décrit l’ampleur de cette violence «qui a continué à s’intensifier et à se propager». Entre janvier et juin, les homicides ont augmenté de 67,5 % par rapport au second semestre 2022 (2094 homicides enregistrés contre 1250), selon le document qui évoque certaines victimes décapitées.

Les habitants se font justice eux-mêmes

Et face à l’incapacité de la police à agir, les habitants ont commencé à faire justice eux-mêmes, avec l’émergence du mouvement d’autodéfense «Bwa Kale» qui s’est propagé à tous les départements. Plus de 224 membres présumés de gangs ont été tués par des groupes d’autodéfense entre fin avril et fin juin, parfois lapidés, mutilés, «brûlés vifs au milieu de la rue devant la police», selon le rapport.

Mais l’appel à envoyer une force est toujours sans réponse. Si quelques pays ont indiqué être prêts à participer, aucun ne s’est porté volontaire pour prendre la tête d’une telle opération dans un pays échaudé par de multiples interventions étrangères.

La résolution réitère simplement l’appel aux Etats membres à empêcher le transfert des armes légères vers les gangs. Le texte augmente d’autre part de 42 à 70 le nombre de personnel du Binuh dédié au conseil des forces de l’ordre. C’est «un pas dans la bonne direction» mais ça ne saurait «suffire pour aider le gouvernement à faire face au défi sécuritaire», a réagi l’ambassadeur haïtien Antonio Rodrigue. «La population attend une décision concrète relative au déploiement d’une force internationale, tel n’a pas été le cas, et la déception doit être grande», a-t-il ajouté.

(AFP)

Ton opinion