JusticeViols sur mineurs: les enquêtes sur Gérard Louvin ont été classées
Plusieurs personnes, dont le neveu du producteur, avaient porté plainte contre l’ex-directeur de la «Star Academy» et son mari Daniel Moyne.
Les deux enquêtes pour «viols sur mineurs» visant le producteur Gérard Louvin et son mari Daniel Moyne ont été classées en janvier par le parquet de Paris, dans le premier cas pour cause de prescription et dans le second pour «infraction insuffisamment caractérisée».
En janvier 2021, Olivier A. avait déposé une plainte, accusant son oncle Gérard Louvin d’avoir «favorisé» des viols incestueux commis sur lui par le mari du producteur, Daniel Moyne, dans les années 1980. Par la suite, plusieurs autres plaintes pour des «viols» et «agressions sexuelles» visant le couple avaient été déposées à Paris, et une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de la capitale.
Celui-ci a confirmé que cette procédure avait «été classée sans suite en janvier 2022 du fait de l’acquisition de la prescription de l’action publique». «Après examen attentif de la procédure, nous sommes au regret de vous informer que les faits que vous dénoncez sont couverts par la prescription, empêchant que soit engagée toute poursuite à l’encontre du mis en cause», a aussi indiqué le parquet dans un courrier aux plaignants mi-janvier.
Conviction que des victimes non prescrites existaient
Me Pierre Debuisson, avocat de plusieurs plaignants, a dit à l’AFP sa conviction que des victimes non prescrites existaient. «Mes clients attendent encore qu’elles se manifestent», a-t-il dit, précisant qu’ils «réfléchissent à déposer une plainte avec constitution de partie civile» pour obtenir la désignation d’un juge d’instruction.
Début août, le parquet de Paris avait ouvert une autre enquête, également «pour viols sur mineurs», après un témoignage indirect accusant les deux hommes d’organiser «des parties sexuelles payantes avec des mineurs des favelas» au Brésil en 2004, ce qu’ils contestaient. Cette autre procédure «a quant à elle été classée sans suite», également en janvier dernier, «pour cause d’infraction insuffisamment caractérisée», a annoncé le parquet de Paris.
«Je ne suis pas un prédateur»
Peu après la publication de l’article du Monde de janvier 2021 révélant les accusations d’Olivier A., Gérard Louvin s’était dit victime d’une «cabale» et de chantage contre de l’argent de la part de son neveu. «Je ne suis pas un prédateur», avait encore assuré M. Louvin.
Ce double classement «est une juste application de la loi pénale, il est tout à fait normal que Gérard Louvin soit mis totalement hors de cause par la justice française», a commenté son avocat, Me Christophe Ayela, sollicité par l’AFP.
«C’est une victoire», a réagi Me Céline Bekerman, avocate de Daniel Moyne. «La justice a été rendue, c’est un grand soulagement, ça été une procédure longue et douloureuse pour mon client. On est content d’avoir fait confiance à notre système juridique, car aujourd’hui, leur honneur est lavé», a-t-elle ajouté.
Gérard Louvin est une figure familière de la télévision française, liée à TF1. Il en a produit plusieurs émissions phare et y est apparu également à plusieurs reprises en tant que juré ou chroniqueur. Il a produit également de très nombreux spectacles et pièces de théâtre.
Deux enquêtes closes sans poursuites en 2015 et 2016
Le couple avait déjà fait l’objet d’investigations judiciaires. Deux enquêtes avaient été closes sans poursuites en 2015 et 2016, la première sur un signalement concernant leur fils adoptif, selon le Monde, la seconde, pour cause de prescription, sur les faits déjà dénoncés concernant Olivier A.
Dans une circulaire de février 2021, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti avait demandé à ce qu’à l’issue des enquêtes préliminaires, le classement pour cause de «prescription» intervienne «uniquement (…) lorsque les faits révélés ou dénoncés dans la procédure constituent bien une infraction mais que le délai fixé par la loi pour pouvoir les juger est dépassé». C’est ce motif qui a été choisi pour les faits dénoncés par M. Olivier A. et d’autres plaignants.
«Lorsqu’au terme des investigations, l’infraction ne paraît pas constituée, c’est le motif infraction insuffisamment caractérisée voire absence d’infraction qui doit être coché, même lorsque les faits faussement dénoncés auraient été prescrits», poursuivait l’instruction de la Chancellerie.
C’est ce choix qui a été fait concernant les accusations relatives à des faits qui se seraient produits au Brésil. L’une car les faits reprochés étaient prescrits, et l’autre pour «infraction insuffisamment caractérisée». «C’est une juste application de la loi pénale, il est tout à fait normal que Gérard Louvin soit mis totalement hors de cause par la justice française», s’est félicitée l’avocate de l’ancien directeur de la «Star Academy».