CommentaireLes activistes du climat contre le climat
Alors que débute la campagne pour la votation du 18 juin sur la «loi climat», les militants trop radicaux de la cause ne lui rendent pas service.


Delphine Klopfenstein Broggini.
RTSC’est ce qui s’appelle essuyer une «shitstorm» ou une «tempête de merde» sur les réseaux sociaux. La conseillère nationale Delphine Klopfenstein Broggini (V/GE) s’est attiré les foudres de ses collègues de droite pour ne pas avoir spontanément condamné les déprédations commises sur trois golfs à Lausanne, Payerne et Genève. Sur la RTS, elle a parlé d’actions «pacifiques» et «symboliques».
S’en prendre au golf de Cologny, une des communes les plus riches de Suisse, a effectivement une haute valeur symbolique, plus proche de la lutte des classes, que de la lutte contre les émissions de CO₂. Mais on ne se fait pas de souci pour son propriétaire, qui a déposé une plainte. Il doit être bien assuré pour les quelques mètres de gazon endommagés. Personne n’a été blessé, hormis dans son amour-propre.
Quoi qu’il en soit, qu’ils collent leurs mains sur des tableaux ou sur le bitume, qu’ils dégonflent les pneus des SUV ou qu’ils arrachent le gazon des greens, les activistes du climat ont le don d’énerver une grande partie de la population. Sans mettre en cause l’intégrité de leur combat face à l’urgence climatique, leurs actions récurrentes finissent par faire le jeu de leurs adversaires.
Objectif 2050
La polémique déclenchée par Delphine Klopfenstein Broggini intervient dans un contexte particulier. Le 18 juin prochain, la Suisse votera sur la loi pour la protection du climat, qui propose des mesures d’incitations pour favoriser la transition énergétique, réduire les émissions de CO₂ et tourner le dos aux énergies fossiles. Ce n’est pas spectaculaire, c’est un compromis helvétique qui s’est construit autour de l’initiative des Glaciers. L’objectif est cependant ambitieux: zéro émission de gaz à effet de serre d’ici 2050.
L’UDC s’y oppose et a fait aboutir un référendum qui va porter au-delà de ses rangs. On a l’impression qu’à chaque action des militants du climat – encore récemment le blocage du Gothard à la veille de Pâques – ne sert finalement qu’à grossir les rangs des opposants à cette loi pourtant modeste. Le peuple pourrait bien la rejeter, si des opérations de désobéissance civile, qui semblent désespérées ou naïves, ne font qu’aggraver le climat d’intolérance déjà bien présent.
Cette loi sur le climat mérite mieux qu’une bataille rangée entre une frange d’activistes décroissants et une frange de post-adorateurs du pétrole. On ne se débarrassera des énergies fossiles qu’avec patience et persévérance. Un jour, nos arrière-petits-enfants se réveilleront peut-être sans connaître le bruit d’un moteur à combustion. Mais est-ce qu’ils pourront toujours jouer au golf? La question reste ouverte.