RussieMoscou accuse Kiev de manipuler des Russes par téléphone
Les autorités russes ont accusé mardi l’Ukraine de coordonner une campagne téléphonique «massive» pour conduire les Russes à incendier des infrastructures, notamment des bureaux militaires, dans leur pays.
Les incendies de bâtiments publics, dont des bureaux de recrutement de l’armée, se multiplient depuis plusieurs mois, nourrissant des conjectures quant à l’impopularité de l’assaut russe contre l’Ukraine et quant à l’émergence de mouvements clandestins de résistance. Pour les autorités, cette vague de vandalisme est essentiellement le fruit d’une opération téléphonique ukrainienne. «Les employés du ministère russe de l’Intérieur constatent une forte hausse dans nos régions de signalements sur l’utilisation d’une nouvelle tactique d’escroquerie téléphonique en provenance d’Ukraine», a dit ce ministère dans un communiqué.
Selon cette source, dans un scénario, les appelants disent avoir volé de l’argent à leurs victimes et leur promettent de leur rendre si elles incendient un bâtiment. Ou alors ils font croire que l’incendie fait partie d’un plan pour arrêter des criminels. «Parfois, ils les menacent simplement d’avoir des ennuis ou même de tuer leurs proches», affirme le ministère.
Pousser à incendier des infrastructures
«Tout se termine de la même façon: la demande d’incendier des infrastructures militaires, de transport ou bancaires», poursuit-il, soulignant que ce type d’appels a été «massivement» signalé ces sept derniers jours. «Pratiquement tous ces escrocs via le téléphone se trouvent en Ukraine et suivent les mêmes ordres. La majorité de leurs victimes sont des personnes âgées», assure le ministère.
Dans un communiqué distinct, le Parquet général russe a déclaré mardi que cette campagne «massive» coïncidait avec des avancées, revendiquées par Moscou, sur le front ukrainien. Le Parquet avertit que les incendies d’infrastructures militaires peuvent être considérés comme des «actes terroristes» ou des «sabotages», très sévèrement punis.
Poursuites pour «terrorisme»
Ces derniers mois, plusieurs manipulations de ce type ont déjà été déjà rendues publiques en Russie, un pays où les arnaques téléphoniques sont monnaie courante. En avril, le site d’information Mediazona comptabilisait au moins 16 cas publics de retraités russes ayant tenté d’incendier des bureaux militaires ou de banques, images de vidéosurveillance à l’appui, après des escroqueries au téléphone. Selon Mediazona, deux de ces affaires ont entraîné des poursuites pour «terrorisme». Mais, dans bien d’autres cas, les auteurs de ce type d’incendies disent agir pour dénoncer l’assaut de la Russie contre son voisin et la mobilisation de centaines de milliers de Russes pour aller au front.