FootballFranck Surdez: «Ma prof m’a envoyé faire du foot»
Le jeune buteur symbolise une jeunesse qui s’affirme et à qui on donne enfin sa chance à Xamax. Il a inscrit son premier but en Challenge League mardi. Retour sur le développement d’une boule d’énergie.
- par
- Florian Vaney
Le temps d’une passe, les rôles se sont inversés. Habituellement, celui qui donne et qui cadre, c’est le taulier Raphaël Nuzzolo. Et celui qui écoute et qui met en pratique, c’est Franck Surdez. Les deux hommes jouent le même poste, tout en étant séparés de 19 ans. L’un a vécu une vie, l’autre deux. Mais à la 70e minute mardi à Thoune, c’est Surdez qui lève la tête et envoie Nuzzolo directement en face-à-face avec le gardien bernois. Une ouverture soyeuse, une conclusion malheureuse dans les bras du dernier rempart. «Si je lui en veux? Bien sûr que non, ça arrive de rater», promettait une demi-heure plus tard le jeune homme dans un sourire sincère.
N’empêche, qu’est-ce que la feuille de statistique du nouveau venu aurait pu être belle. Son tout premier but en Challenge League dès la 7e minute pour offrir une chance de victoire à ses couleurs. Puis cette passe décisive à 2-1 qui aurait tué le match. Un détail au bout du compte. Xamax a gagné, Franck Surdez tapé dans l’œil par la rapidité avec laquelle il est en train d’apprendre à tout bien faire.
Une évidence? Un talent inné? On pourrait le croire lorsque le Neuchâtelois souffle le début de l’histoire. «Ma prof me trouvait trop agité à l’école. Elle m’a poussé à m’inscrire au foot. Je devais avoir dix ans. J’ai joué trois semaines au Landeron, avant qu’on m’oriente à Xamax. Je n’en suis jamais parti.» Jusqu’à rejoindre la première équipe il y a deux ans.
Tout semble aussi facile que son premier but en pro. Cette récupération de Mike Gomes sur la droite, ce centre au sol et sa frappe croisée qu’aucun doute n’aurait pu gâcher. Les Neuchâtelois n’étaient pas nombreux dans les tribunes de la Stockhorn Arena, mais chacun y est allé d’un «Bravo Francky!» sorti du cœur.
L’oreille attentive
À distance, Frédéric Page a sans doute lâché le même encouragement. Entre son FC Aarau qui domine le classement et un jeune qui s’affirme dont il s’est occupé pendant des années lorsqu’il était impliqué dans la formation neuchâteloise, son bonheur est double. L’ancien défenseur central nuance d’entrée ce qui apparaît comme de la facilité. «Pendant des années, Franck a été l’exact opposé de ce qu’on peut appeler «une armoire». À un âge où les différences physiques influencent énormément le jeu, lui a dû apprendre à être malin pour s’en sortir.»
Voilà qui colle avec la réalité d’un jeune homme qui déborde d’énergie. «Pour autant, ça a toujours été un footballeur à l’écoute, particulièrement réceptif aux conseils de ses entraîneurs», poursuit l’ancien patron de la Fondation Gilbert Facchinetti. Le principal intéressé ne dit pas autre chose lorsqu’il est question de sa relation avec Raphaël Nuzzolo. «Notre rapport? En dehors du terrain, c’est beaucoup de conseils, de petits trucs pour viser la progression. En match, ce sont davantage des ordres, notamment concernant mon placement.» L’oreille reste à l’affût, la positivité qu’il dégage se met au service de sa volonté d’apprendre.
C’est que Franck Surdez a fini par se lier d’amitié avec la patience. L’arme qui lui permet de vivre enfin un bonheur commun avec Xamax. Il y a eu l’attente pour que finisse par tomber son premier but. Celle pour qu’on lui fasse confiance dans une équipe longtemps prise à la gorge par le besoin de résultats. La plus significative, c’est celle que détaille Frédéric Page. «Il suffit de déterrer quelques vieilles photos pour s’en rendre compte. Entre ses 16 et ses 18 ans, Franck s’est métamorphosé physiquement. Taille, poids, muscles: son évolution est impressionnante. Lorsqu’on le voit aujourd’hui, il faut se féliciter de lui avoir laissé le temps, de ne pas l’avoir jugé trop vite.»
Le plus dur reste à venir: continuer de faire l’unanimité.