ViralLe phénomène «Wordle» tente sa chance en terre francophone
Un petit jeu de mots en ligne rend fou les anglophones. Son équivalent français, basé sur l’ex jeu télévisé «Motus», est bien parti pour étendre le feu.
Cinq lettres, six essais, et un seul mot à découvrir par jour: la formule de «Wordle» est simplissime mais, depuis quelques semaines, ce jeu en ligne met en émoi les réseaux sociaux aux États-Unis. Un équivalent en français, largement inspiré des règles de l’ex jeu télévisé «Motus» est bien parti pour étendre l’incendie en francophonie.
«Ça vous rend accro», confie à l’AFP Susan Drubin, une Américaine joueuse quotidienne de Wordle. «C’est super, ça ne vous prend que quelques minutes, et c’est une petite distraction bien sympathique», ajoute cette retraitée de 65 ans qui habite le Maryland, sur la côte est américaine. Selon le «New York Times», le 1er novembre dernier 90 personnes s’étaient essayées à trouver le mot du jour. Deux mois plus tard, le 2 janvier, elles étaient plus de 300’000.
Le principe est enfantin: il s’agit de deviner le fameux mot de cinq lettres, en six essais maximum. Chaque lettre devinée à sa bonne place apparaît en vert, une bonne lettre mal placée en jaune. Pour tous ainsi, un même mot à trouver chaque jour, et en cas d’échec devoir attendre le jour d’après. Après avoir commencé à y jouer il y a quelques semaines, Susan Drubin a rejoint les milliers de joueurs qui partagent leurs résultats quotidiens sur les réseaux sociaux avec le hashtag #Wordle, et six lignes de cinq rectangles de couleur indiquant en combien d’essais ils ont élucidé l’énigme.
Sans pub
La particularité de Wordle réside notamment dans le fait qu’il a été conçu par un ingénieur en informatique nommé Josh Wardle, non pas pour être vendu au grand public, mais simplement comme un moyen de distraction. Ce Britannique, résidant à New York, a ainsi décidé de ne pas monétiser le jeu.
«Les gens apprécient l’existence de ce truc en ligne qui est juste amusant», a déclaré Josh Wardle au New York Times. Wordle «n’essaie pas de faire quelque chose de louche avec vos données personnelles». Aucune publicité ne figure sur le site, mais certains ersatz se sont déjà pris à vouloir copier le principe, et à en tirer de l’argent. Le jeu original se trouve qu’à l’adresse: powerlanguage.co.uk/wordle.
Pour Mikael Jakobsson, coordinateur de recherche au GameLab du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Wordle est à classer dans la catégorie des jeux «passe-temps». Des jeux à la mécanique simple, «quand vous attendez un ami ou (…) quand vous attendez votre bus», affirme le chercheur à l’AFP.
Frimer en ligne
Selon lui, le succès du jeu s’explique en partie par la facilité de partage, sur les réseaux sociaux ou par le bouche-à-oreille. Après avoir résolu l’énigme «vous vous sentez très fier (…), vous avez ce petit bouton de partage juste ici. Alors vous pouvez frimer un petit peu, ce qu’on a tendance à aimer faire», explique-t-il.
Rachel Kowert, psychologue spécialisée dans les jeux vidéo, abonde et évoque la théorie de la comparaison sociale: chacun veut s’évaluer par rapport aux autres. La chercheuse estime également que le fait d’être «limité à une seule partie par jour vous donne un sens de rareté psychologique». «Ça vous donne envie de revenir et de jouer jour après jour», souligne-t-elle à l’AFP.
Autre avantage du jeu, son accessibilité à tous – à condition de maîtriser l’anglais… Au vu de la popularité météorique de Wordle, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne soit adapté à d’autres langues.
Variante en français depuis samedi
C’est chose faite depuis samedi en français, avec une variante nommée «Sutom», anagramme du défunt jeu télé de France Télévisions «Motus», dont il reprend en partie les codes. Sur sutom.nocle.fr, le visiteur doit comme pour Wordle deviner un mot du jour en seulement six essais. Mais Jonathan Magano, qui a adapté Wordle en Sutom, explique à l’AFP qu’il n’a pas voulu reprendre toutes les particularités de son homologue anglophone.
Cet ingénieur informatique de 30 ans a développé Sutom en une seule journée, en prenant des mots plus longs que cinq lettres parce que, «dans Motus, quand même, on était un niveau au-dessus». Après seulement quatre jours d’existence, la sauce commence déjà à prendre pour Sutom.
Une des connaissances de Jonathan Magano lui a ainsi construit un outil pour recenser le nombre quotidien de joueurs qui tweetent leurs résultats. De 488 tweets lundi, Sutom est déjà passé à près de 1300 en fin d’après-midi mardi. Face à l’afflux, «ce midi, le serveur il faisait un peu la tronche», sourit Jonathan Magano.