CommentaireHausse des primes maladie: c’est le grand jour à Berne!
C’est aujourd’hui que l’OFSP et Alain Berset vont annoncer la hausse des primes pour 2024: entre 6 et 9% selon les scénarios.
- par
- Eric Felley
Aujourd’hui, c’est le grand jour à Berne! Comme toutes les années lors de la dernière semaine de septembre, l’OFSP et son chef Alain Berset, pour la dernière fois, viendront devant la presse pour commenter des hausses de primes. Annoncée depuis des semaines, l’augmentation globale devait atteindre entre 6 et 9%. Mais dans certaines caisses, ce sera plus haut et les assurés devront une fois de plus en changer pour économiser quelques dizaines de francs par mois. Depuis 1997, les primes ont augmenté de 142%, tandis que les salaires ont bougé de 15%.
Plus que jamais, le système est grippé. Le week-end dernier, deux personnalités de la santé en suisse ont occupé le devant de la scène. La première est Anne-Geneviève Bütikofer, directrice de H+, la faîtière des hôpitaux suisses, qui a déclaré dans la presse alémanique: «La pression est si grande qu’une révolution semble inévitable». La deuxième est Raymond Loretan, vice-président du groupe hospitalier privé Swiss Medical Network. Sur la RTS, celui-ci a parlé du successeur d’Alain Berset à la tête de la santé: «C’est quelqu’un qui doit être à l’écoute des nouveaux modèles, qui doit être prêt à faire la révolution».
Visions antagonistes
Deux fois la «révolution» dans la même journée, c’est beaucoup pour la Suisse! Bien entendu, les deux ne parlent pas de la même révolution. La première met en doute l’efficacité du système des caisses maladie et déclare que «les réflexions autour de la caisse unique sont donc légitimes». Une position qui ne plaira certainement pas au deuxième, pour qui le libre marché est une valeur centrale et dont le groupe détient une chaîne de cliniques privées (à côté d’hôtels de luxe) et vise des bénéfices très appréciables.
Autrement dit, la première tente de trouver un meilleur système de financement pour les hôpitaux publics, tandis que l’autre cherche à étendre une forme d’empire sanitaire privé. Leurs intentions sont ainsi fortement antagonistes. Et au milieu, il y a l’argent: celui des assurés, des patients et des contribuables qui est le nerf d’une activité qui a brassé plus de 86 milliards de francs en 2021. Au milieu il y a donc les primes qui vont augmenter de 6 ou 9% en janvier prochain.
Ces «révolutionnaires» du dimanche montrent une fois de plus l’impasse dans laquelle nous sommes, nous, les citoyens payeurs de primes, depuis tant d’années à courir après des franchises, des rabais de modèle ou une caisse légèrement moins chère qu’une autre. Tout en espérant, au bout du compte, ne pas tomber malade, ou du moins le plus tard possible, voire de mourir en bonne santé pour ne rien coûter à personne. À condition, tout de même, d’avoir un rabais de prime rétroactif laissé à ses enfants!