FootballJean-Michel Aeby a retrouvé un job à Bellinzone
Moins d’un mois après avoir été viré d’Yverdon, le Genevois se relance au Tessin dans un club de Promotion League qui vise à son tour un retour en Challenge League.
- par
- Christian Maillard
Jean-Michel Aeby n’est pas resté longtemps sans un club. Remercié le 9 août par Yverdon-Sport, le Genevois de 55 ans a rebondi outre-Gothard où il est désormais l’entraîneur de l’AC Bellinzone, qui vise, après l’équipe du nord-Vaudois, à son tour, une ascension en Challenge League. Les dirigeants tessinois ont contacté ce spécialiste des promotions, trois jours après son limogeage…
Jean-Michel Aeby, vous voilà déjà en poste, à Bellinzone. Comment s’est passée cette nomination au Tessin?
J’ai pris une semaine pour réfléchir un peu car Bellinzone ce n’est pas la porte d’à côté. Il a fallu discuter avec mon épouse avant que nous ne prenions cette décision ensemble. C’était une opportunité à saisir. Dès que les dirigeants de Bellinzone m’ont téléphoné, nous avons pris la route en voiture avec mon épouse et mon fils pour effectuer un aller-retour à Lugano où on a rencontré le propriétaire du club. Je suis ensuite allé voir jouer l’équipe à Bâle avant de me décider favorablement.
Moins d’un mois après votre licenciement, c’est allé plutôt vite avant que vous ne retrouviez un nouvel emploi…
J’ai donné ma réponse dimanche dernier au président, lundi je dirigeais mon premier entraînement et ce samedi c’est mon premier match contre les M21 de Sion.
Quelles sont les ambitions du club?
Le propriétaire et les dirigeants aimeraient bien pouvoir accéder à la Challenge League le plus rapidement possible. Mais si ce n’est pas cette année, ce sera d’ici deux ans. Il est clair qu’ils ont de l’ambition et ce serait bien que ce club de tradition puisse retrouver tôt ou tard sa place plus ou moins en Swiss Football League.
Vous ne débarquez pas non plus dans l’inconnu. Vous avez joué dans ce club, n’est-ce pas?
Il y a 35 ans en arrière, oui! J’avais évolué durant deux saisons, de 1986 à 1988. L’entraîneur était Peter Pazmandy et on avait réalisé une saison exceptionnelle avec des joueurs comme Fargeon, Paulo César et Kubilay Türkyilmaz. À Bellinzone, il y avait un engouement incroyable autour de cette équipe avec des matches joués devant 17’000 spectateurs. Cela reste de bons souvenirs. J’ai d’ailleurs rencontré d’anciens joueurs de cette époque qui habitent toujours dans la région. Ils sont à la retraite maintenant. Trente-cinq ans, c’est presque la moitié d’une vie, laquelle a un peu changé, mais c’est sympa, même si les choses sérieuses vont commencer. On connaît la pression des résultats. Avec ce que j’ai vécu ces derniers temps, je suis à la page!
Comment avez-vous d’ailleurs vécu votre licenciement d’Yverdon?
C’est une décision qui a été prise par le président et cela ne sert à rien d’aller plus loin dans la réflexion. Cela fait partie du football. Il a fallu digérer assez vite pour tourner la page et se concentrer sur autre chose. Comme la proposition de Bellinzone est venue rapidement après, j’avais suffisamment d’énergie pour redémarrer tout de suite, Sinon j’aurais peut-être pris un peu plus de temps avant de repartir. Je me sens prêt à relever ce nouveau défi.
Dans ce groupe de Promotion League, quels sont les favoris pour une ascension en Challenge League?
Il y a quand même Chiasso, qui vient de remporter ses quatre premiers matches, Stade Nyonnais bien sûr, et toujours Étoile Carouge, qui est également un club de tradition. Il faudra voir quels seront ceux qui ont les structures adéquates pour jouer plus haut et qui vont demander la licence. Pour l’instant on se concentre sur nous-mêmes, pour trouver notre rythme de croisière, répéter de bonnes performances et comptabiliser des points.
Au niveau de votre effectif, êtes-vous bien armés pour jouer le haut de tableau?
Notre propriétaire étant un Uruguayen, nous avons trois joueurs de sa nationalité qui sont de qualité dans le groupe, ainsi que Marco Basic, un ancien milieu de terrain de GC et de Lugano, de retour de Chine. Il y a également Bruno Martignoni, qui avait évolué à Servette, et Sergio Cortelezzi, qui était meilleur buteur l’an passé à Yverdon. Il y a enfin Adriano De Pierro et Norman Peyretti qui ont été prêtés par le club nord-vaudois jusqu’à Noël. Je pourrai aussi compter sur Fabio Dixon et André Edgar, qui ont également joué à un niveau supérieur, dès qu’ils seront qualifiés, à savoir pour notre prochain match à Carouge. Ces quatre derniers éléments vont amener plus d’équilibre et de la qualité dans le groupe et un peu de concurrence dans un effectif qui avait besoin d’être étoffé.
Avez-vous déménagé avec toute la famille à Bellinzone?
Non, comme ma femme travaille et que les enfants sont encore aux études, le reste de la famille va rester à Genève. Moi, pour l’instant je vis à l’hôtel et cela se passe très bien. J’ai été accueilli de la meilleure des manières par des gens très contents de mon arrivée. Je sens que tout le monde ici a envie que je connaisse du succès.
C’est toujours plus facile quand on se sent désiré…
Je vois souvent Kubilay Türkyilmaz qui possède un magasin à Bellinzone et qui est proche du président. Il y a beaucoup de personnes autour de moi pour favoriser mon intégration. De toute manière, ce n’est pas la même chose à 20 ans qu’à 55 ans, on s’adapte mieux, on arrive à faire la part des choses, comme la séparation d’une famille.
Et comment vos proches vivent-ils cette situation?
C’est difficile, mais je pourrai rentrer de temps en temps à Genève le week-end. C’est juste une question d’organisation. Nous avons une bonne complicité avec ma femme, qui a toujours été derrière moi et qui me pousse à être reconnu dans ce milieu. Parfois je me dis que même en réussissant des résultats corrects, je figure plutôt dans un groupe d’entraîneurs qui doit constamment prouver ce qu’on est capable de faire, c’est comme ça.
Si on vous comprend bien, d’autres coaches ont moins besoin de réussir des résultats pour rebondir dans des clubs de ligue supérieure, c’est ça?
Ce n’est pas mon cas, mais ce n’est pas grave. Il faut continuer à croire en ses capacités et ses compétences et essayer de repartir dans une nouvelle aventure en essayant de ne pas commettre certaines mêmes erreurs. Même si je pense que j’ai toujours donné mon maximum pour être performant. Je trouve que les résultats que j’ai obtenus ont été plus que corrects jusqu’à présent…