États-UnisLe Congrès vote pour écarter les personnes transgenres du sport féminin
La Chambre américaine a adopté jeudi un projet de loi visant à écarter les jeunes transgenres des sports féminins. Le but recherché? Une plus grande équité sportive.
Un projet de loi visant à écarter les jeunes transgenres des sports féminins a été adopté jeudi à la Chambre américaine des représentants, où les conservateurs mènent une offensive selon eux au nom de l’équité sportive. «Il faut protéger l’intégrité dans le sport féminin», a plaidé l’auteur du texte, le républicain Greg Steube.
Citant plusieurs versets de la Bible, selon lesquels Dieu a «créé l’homme et la femme», l’élu de Floride a accusé la gauche d’avoir «perverti» les moeurs américaines en acceptant «d’effacer les frontières entre les genres». Le texte, qui a toutefois peu de chances de passer l’étape du Sénat, s’inscrit dans une bataille plus large contre les personnes transgenres aux Etats-Unis.
Plusieurs Etats conservateurs ont récemment adopté des lois interdisant les soins et traitements de transition pour les adolescents. De nombreux républicains sont convaincus qu’insister sur ce sujet peut leur apporter des bénéfices électoraux certains.
Cette question brûlante s’est cristallisée autour du cas de la nageuse transgenre Lia Thomas, née de sexe biologique masculin et qui a concouru chez les hommes avant d’aligner les victoires contre des femmes en championnat universitaire. Ses détracteurs l’accusent de bénéficier d’un avantage injuste.
«Pervertir»
Concrètement, le texte voté jeudi interdit à toute école bénéficiant d’un financement fédéral de laisser des personnes «dont le sexe est masculin» jouer dans des équipes féminines.
Cette mesure «me couperait de ma communauté», a fustigé Rebekah Bruesehoff, une adolescente transgenre jouant au hockey sur gazon, lors d’une conférence de presse organisée devant le Congrès début mars. «Les enfants comme moi devraient pouvoir faire du sport avec leurs amis», avait plaidé la lycéenne de 16 ans.
Une position partagée par le camp démocrate, estimant qu’il est discriminatoire et très blessant de priver les athlètes transgenres d’épreuves sportives, et de s’ingérer dans leur parcours médical.
«Ce texte alimente une campagne de haine virulente contre des enfants», a critiqué l’élue progressiste Pramila Jayapal. «Ces attaques contre les enfants transgenres ont aussi des conséquences désastreuses», sur la santé mentale des jeunes, a alerté l’élue de Washington, elle-même mère d’une fille transgenre.
Santé mentale
Plus de 56% des jeunes transgenres ont eu des idées suicidaires au cours de leur vie et 31% ont fait au moins une tentative de suicide, selon l’Académie américaine de pédiatrie. Ils sont également plus sujets à la dépression, à l’anxiété, aux troubles alimentaires, aux conduites à risque et aux mutilations que le reste des adolescents.
Un argument qui a le soutien de nombreuses associations féministes mais aussi de stars du sport, comme la footballeuse Megan Rapinoe.
Le texte a toutefois très peu de chances d’aboutir: si la Chambre est désormais contrôlée par les républicains, le Sénat est toujours aux mains des démocrates, opposés au texte.
Le président américain Joe Biden s’est positionné sur le sujet, promulguant au premier jour de son mandat un décret visant à «prévenir et combattre les discriminations sur la base de l’identité de genre ou l’orientation sexuelle». Il s’est engagé à opposer son veto au projet de loi.