Sri LankaLe président fait appel à l’armée et instaure un couvre-feu
Au Sri Lanka, des troupes armées aux pouvoirs étendus pour arrêter des suspects ont été déployées quelques heures, après la déclaration de l’état d’urgence par le président.
Au Sri Lanka, le président Gotabaya Rajapaksa, après avoir instauré l’état d’urgence vendredi soir, au lendemain de la tentative de centaines de manifestants de pénétrer dans son domicile pour protester contre les pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments, a mobilisé l’armée.
Il a justifié sa décision par la «protection de l’ordre public et le maintien des fournitures et des services essentiels à la vie de la communauté». Des soldats équipés d’armes automatiques avaient déjà été déployés pour contrôler la foule aux stations-service et ailleurs, mais ils étaient plus nombreux samedi. «Avant l’état d’urgence, l’armée ne pouvait pas agir seule et devait jouer un rôle de soutien à la police, mais depuis vendredi, elle est seule et a plus de pouvoirs», a expliqué un responsable de la police.
Ces mesures interviennent avant des manifestations contre le gouvernement prévues dimanche, les militants sur les réseaux sociaux incitant les gens à manifester devant chez eux.
Véhicules brûlés, briques sur les policiers
Un couvre-feu imposé pour une deuxième nuit vendredi a été assoupli samedi à l’aube. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des centaines de manifestants s’étaient dirigés vers le domicile du président Gotabaya Rajapaksa pour réclamer sa démission, avant que la police ne fasse usage de gaz lacrymogène et de canons à eau. La foule a mis le feu à deux bus militaires, une jeep de la police et d’autres véhicules, et a jeté des briques sur les policiers. Le bureau du président sri-lankais a dénoncé, vendredi, les manifestants, qui voulaient créer un «Printemps arabe».
Graves pénuries
Le pays de 22 millions d’habitants subit de graves pénuries de biens essentiels, une forte hausse des prix et de longues coupures de courant, dans sa plus grave crise économique depuis son indépendance, en 1948. Le tourisme et les transferts de fonds de la diaspora, vitaux pour l’économie, se sont effondrés lors de la pandémie, et les autorités ont imposé une large interdiction des importations pour tenter d’économiser des devises étrangères.
Selon de nombreux économistes, la crise a aussi été exacerbée par la mauvaise gestion du gouvernement, l’accumulation de dettes et des réductions d’impôts mal avisées.