Football: À Sion, Bettoni refuse de parler du Real Madrid à ses joueurs

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FootballÀ Sion, Bettoni refuse de parler du Real Madrid à ses joueurs

Depuis son arrivée en Valais, le technicien français s’interdit d’évoquer son prestigieux parcours en Espagne sur le banc de Bernabeu, dans l’ombre de Zidane. Il est pleinement concentré sur le derby du Rhône de ce samedi (20 h 30).

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
À Tourbillon, David Bettoni est pleinement concentré sur l’opération maintien du FC Sion. Seule son élégance vestimentaire rappelle peut-être ses états de service.

À Tourbillon, David Bettoni est pleinement concentré sur l’opération maintien du FC Sion. Seule son élégance vestimentaire rappelle peut-être ses états de service.

Pascal Muller/freshfocus

Quand un technicien a passé plusieurs années assis sur le banc de l’un des plus grands clubs du monde, sinon le plus prestigieux, allant jusqu’à y soulever trois ligues des champions (en 2016, 2017 et 2018) en tant que bras droit de Zinédine Zidane, la question peut légitimement se poser de savoir ce qu’il importera dans son nouveau club, où il officie désormais en tant que coach principal. La question concerne David Bettoni, propulsé ce printemps à la tête du FC Sion après avoir longtemps entraîné au quotidien les stars du Real Madrid.

Avant un derby du Rhône certainement plus capital pour les Valaisans que pour leur hôte, la question a d’abord été posée en milieu de semaine à Dimitri Cavaré à propos aussi bien du discours que de la méthode de son nouvel entraîneur. Afin de savoir si celui-ci évoquait souvent devant ses nouveaux joueurs l’expérience qu’il avait précédemment pu emmagasiner à Bernabeu.

«Le Real, c’est le Real. Ici, c’est le FC Sion. Le contexte n’est pas le même, les joueurs non plus. S’il y avait Benzema, ce serait bien sûr différent.»

Dimitri Cavaré, défenseur du FC Sion

«Non, le coach ne nous parle jamais du Real, devait ainsi expliquer très calmement le défenseur français jeudi à Riddes. Il faut savoir faire la part des choses. Le Real, c’est le Real. Ici, c’est le FC Sion. Le contexte n’est pas le même, les joueurs non plus. S’il y avait Benzema, ce serait bien sûr différent. Sans parler du Real, on arrive néanmoins à bosser avec ce que l’on a…»

Questionné à son tour sur son passé chez les Merengues et sur ce qu’il aurait pu «transférer» dans son nouvel environnement, David Bettoni devait jouer cartes sur table. «Je ne parle jamais du Real à mes joueurs, à moins que l’un d’entre eux me le demande explicitement. L’institution est différente, l’environnement et le contexte également. Quand le Real termine 2e, c’est une saison ratée. Il faut rester dans sa réalité. Chacun a son univers. Ce n’est en tout cas pas un levier en termes de motivation.»

«Dire à l’un de mes joueurs «Regarde comment Modric fait ce contrôle» serait catastrophique en termes de management. On ne peut pas rabaisser nos joueurs comme ça.»

David Bettoni, coach du FC Sion

En Valais, le successeur de Fabio Celestini s’interdit même de vouloir faire progresser son groupe en s’appuyant sur l’exemple venu du sommet. Pas question ainsi de le voir se lancer dans le jeu – toujours risqué mais surtout inutile – des comparaisons. «Il n’y a pas de rapprochement à faire. Dire à l’un de mes joueurs «Regarde comment Modric fait ce contrôle» serait catastrophique en termes de management. On ne peut pas rabaisser nos joueurs comme ça.» Ce que Bettoni a pu vivre en Espagne aux côtés de son ami Zidane est donc resté à Madrid. «Heureusement d’ailleurs que je ne me suis pas inspiré du Real en mettant en avant ici mon parcours. Parce qu’avec nos résultats actuels, je serais passé pour un charlot!», s’exclame Bettoni quand on le branche sur ses années espagnoles.

Pas de mise au vert

Avant de retrouver l’ambiance électrique du derby du Rhône, l’entraîneur du FC Sion, rompu pour sa part au Clásico de la Liga, n’a pas changé d’un iota son approche. «Hormis au classement, estime-t-il, il y a du mieux dans plein de domaines. L’état d’esprit a changé. Quand vous faites déjà le maximum, vous voulez faire quoi d’autre?»

«Tout le monde veut gagner, mais gagner, ça ne veut rien dire! La question, c’est de quelle manière on y arrive.»

David Bettoni, coach du FC Sion

Durant la semaine écoulée, le technicien français a néanmoins insisté sur le chemin qui doit conduire au succès. «Je ne veux pas que mes joueurs se concentrent sur le fait de gagner, mais sur la manière de le faire. Tout le monde veut gagner, mais gagner, ça ne veut rien dire! La question, c’est de quelle manière on y arrive.» En raison de l’heure tardive du coup d’envoi (20 h 30), Sion a renoncé à la traditionnelle mise au vert qu’il avait coutume d’effectuer dans l’hôtel jouxtant le Stade de Genève. «Je ne suis pas favorable à ces journées passées entre nous, à attendre le coup d’envoi. Je préfère que les joueurs restent le plus longtemps possible en famille…»

Dans quelques heures, Sion sera face à son destin. Après leur mortifiante défaite à domicile contre Winterthour, ses joueurs auront-ils retrouvé suffisamment d’orgueil pour piéger Servette?

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