RDC: Les élections prolongées jeudi après une 1re journée chaotique

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RDCLes élections prolongées jeudi après une 1re journée chaotique

Alors que tous les bureaux de vote n’ont pas pu ouvrir mercredi, les élections générales se poursuivent ce jeudi en République démocratique du Congo.

Dans un bureau de vote de Kinshasa à la nuit tombée, le 20 décembre 2023.

Dans un bureau de vote de Kinshasa à la nuit tombée, le 20 décembre 2023.

AFP

Les élections générales de mercredi se poursuivent jeudi en République démocratique du Congo, à cause de problèmes logistiques qui ont empêché l’ouverture de certains bureaux de vote et, selon l’opposition, transformé le scrutin en «chaos total».

Le président sortant, Félix Tshisekedi, 60 ans, brigue un second mandat de cinq ans à la tête du vaste pays d’Afrique centrale à l’histoire politique agitée et souvent violente, au sous-sol immensément riche en minerais mais à la population majoritairement pauvre.

Plus de 44 millions d’électeurs, sur un total d’environ 100 millions d’habitants, étaient appelés à élire mercredi leur président, mais aussi leurs députés nationaux et provinciaux, ainsi que leurs conseillers locaux. Plus de 100’000 candidats étaient sur les rangs pour les quatre scrutins, dont 19 pour la présidentielle, élection à un seul tour pour laquelle l’opposition n’a pas su trouver un candidat commun.

Il y a un an, la commission électorale (Céni) avait établi un calendrier fixant les élections au 20 décembre. Le gouvernement a affirmé depuis lors sa détermination à ce que le scrutin soit organisé à la date prévue, alors que de nombreux Congolais jugeaient inévitable un de ces «glissements» (reports) auxquels ils sont habitués. Les délais ont été tenus, mais les difficultés logistiques se sont imposées à la Céni.

De nombreux bureaux de vote ont ouvert en retard. D’autres, n’ayant pas reçu leur matériel électoral, n’ont pas ouvert du tout. L’énervement a gagné les files d’attente et quelques violences ont éclaté, avec des agents électoraux molestés et des centres de vote saccagés, selon des témoins.

«Élections ratées»

Dans la soirée, la commission électorale a dû se rendre à l’évidence: le vote a eu lieu, mais pas complètement. «Les bureaux qui n’ont pas du tout ouvert vont le faire jeudi», a annoncé le président de la Céni, Denis Kadima. Ce responsable n’a pas précisé le nombre de bureaux concernés. Selon lui, «pas moins de 70%» selon une estimation «hâtive», ont pu voter mercredi.

Cinq candidats de l’opposition à la présidentielle ont exigé «la réorganisation de ces élections ratées, par une Céni autrement composée». Dans un communiqué, le gouvernement n’a pu que reconnaître «le retard constaté dans l’ouverture de certains bureaux de vote». Mais il a félicité le peuple congolais pour sa «mobilisation» et la Céni pour sa «détermination» à organiser dans les temps des élections qui se sont selon lui «globalement» bien déroulées.

Parmi les adversaires de Félix Tshisekedi figurent Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la région minière du Katanga (sud-est), Martin Fauyulu, qui affirme que le président sortant lui a volé la victoire à l’élection de 2018, ou encore Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018 pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre.

Après avoir voté mercredi, tous ont dénoncé les «irrégularités» qui, en plus des dysfonctionnements, ont marqué selon eux les élections. Ils appellent leurs militants à surveiller de près le dépouillement et l’affichage des résultats, autre épisode du processus électoral qui s’annonce à haute tension.

«J’ai déjà voté, mais j’attends le dépouillement, pour m’assurer que mon candidat à la présidentielle a bel et bien gagné. S’il faut attendre jusqu’à demain, je vais le faire», assurait dans la soirée un homme de 43 ans qui n’a souhaité se présenter que sous le nom de «Michoux», assis dans l’herbe à proximité d’un bureau de vote de Kinshasa.

La campagne a aussi été empoisonnée par la situation sécuritaire dans l’est du pays, qui connaît un pic de tension depuis deux ans avec la résurgence de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda. Certains candidats d’opposition ont été accusés d’être des «étrangers», une arme redoutable pour les discréditer dans un pays meurtri par des années de conflits.

(AFP)

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