États-UnisAu lieu d’être extradée, l’arnaqueuse qui a inspiré Netflix passe sur Spotify
Anna «Delvey» Sorokin a réussi à repousser son expulsion vers l’Allemagne et donnera ce mercredi depuis sa prison une interview à une influenceuse.
La fausse multimillionnaire russo-allemande Anna «Delvey» Sorokin, qui a trompé le gotha de New York et inspiré la série «Inventing Anna» sur Netflix, continue de faire parler d’elle: elle a échappé à une expulsion vers l’Allemagne mais reste détenue aux États-Unis tout en parlant de sexualité sur un podcast de Spotify.
La vie rocambolesque de cette trentenaire, condamnée en 2019 à New York à des années de prison pour avoir escroqué 275 000 dollars à des hôtels, des banques et des proches, a connu un nouvel épisode lundi quand le «New York Post» a affirmé qu’elle serait extradée le soir même vers Francfort, en Allemagne.
Mais mardi, les services fédéraux américains de l’Immigration et des Douanes ont assuré qu’Anna Sorokin restait «détenue dans un centre ICE (U.S. Immigration and Customs Enforcement, la police fédérale migratoire) dans l’attente de son expulsion».
Son avocat Manny Arora, qui n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP, a confirmé au «Daily Mail» qu’il avait formé lundi soir un recours administratif d’urgence pour suspendre l’ordre d’expulsion daté du 17 février, valable 30 jours, et le repousser ainsi d’un mois de plus.
Attente en vain à Francfort
Le même avocat avait pourtant confirmé lundi l’information du «New York Post» et les rumeurs de réseaux sociaux selon lesquelles Anna Sorokin avait quitté le centre de rétention ICE de Goshen, au nord de New York (où elle est détenue depuis un an) pour prendre, sous la contrainte, un vol pour Francfort. Mais dans cet aéroport allemand, où la presse a afflué mardi matin, un porte-parole a démenti l’arrivée de la jeune femme. Et pour cause puisqu’elle n’a donc même jamais quitté son centre de rétention.
Une porte-parole du suédois Spotify a confirmé à l’AFP à New York qu’Anna Sorokin était l’invitée du podcast audio et vidéo américain «Call Her Daddy», émission de conversations sur la sexualité animée par l’influenceuse Alexandra Cooper, laquelle l’a annoncée avec photos à l’appui sur Instagram.
Spotify a précisé que l’émission avait été «enregistrée par Anna depuis le centre de détention» au nord de New York et qu’elle serait diffusée «pour la première fois mercredi 16 mars».
Anna Sorokin, alias Anna «Delvey», avait réussi pendant dix mois, entre 2016 et 2017, à tromper des élites new-yorkaises en se faisant passer pour une richissime héritière allemande à la tête d’un patrimoine fictif de 60 millions de dollars.
Capable d’échafauder d’habiles mensonges grâce à un aplomb hors du commun, la jeune femme (reconnaissable grâce à ses larges lunettes de marque) avait obtenu des dizaines de milliers de dollars de prêts bancaires, voyagé gratuitement en jet privé et vécu au crochet de palaces de Manhattan. Sans jamais rien payer, selon la justice américaine. Affabulatrice hors pair, elle avait même tenté de décrocher un prêt de 22 millions de dollars pour lancer un club sélect à Manhattan.
De nationalité allemande et née russe près de Moscou, elle avait été arrêtée à New York en flagrant délit de vol à l’automne 2017 et incarcérée à la sinistre prison de Rikers Island. Avant d’être condamnée par la justice new-yorkaise au printemps 2019 à entre 4 et 12 années de réclusion pour des vols à des hôtels, des banques, des proches. Une ardoise évaluée à 275 000 dollars.
Visa échu
Libérée de prison en février 2021 pour bonne conduite, elle est de nouveau arrêtée un mois plus tard pour dépassement de la durée de son visa et détenue dans le centre new-yorkais de la police migratoire, aux conditions plus souples qu’en prison.
Fille d’un routier et d’une commerçante russes émigrés en Allemagne en 2007, ayant fréquenté le milieu de la mode à Londres et à Paris, Anna Sorokin avait débarqué à New York en 2013 pour la Fashion Week.
Elle aurait touché le pactole pour la série
Son histoire rocambolesque avait séduit la productrice de télévision Shonda Rhimes («Grey’s Anatomy», «Scandal») qui en a fait une mini-série qui cartonne depuis un mois sur Netflix, «Inventing Anna», avec Julia Garner dans le rôle-titre. Selon la presse spécialisée, Anna Sorokin aurait touché 320 000 dollars du géant du streaming. Et elle n’a pas fini de faire parler d’elle sur les plateformes.