PortugalUne secrétaire d’État au cœur d’une polémique
L’indemnité perçue par Alexandra Reis après son départ de la compagnie aérienne publique TAP suscite un vif débat dans le pays.
L’indemnité de départ perçue par la secrétaire d’État au Trésor du Portugal Alexandra Reis après avoir quitté le conseil d’administration de la compagnie aérienne publique TAP en février, sur fond de restructuration du groupe, a déclenché une polémique dans ce pays. «Nous attendons tous une clarification (…) C’est fondamental!», a affirmé mardi le président de la République du Portugal, Marcelo Rebelo de Sousa, qui, comme des partis de l’opposition, demande au gouvernement de s’expliquer sur cette affaire.
La polémique ne cesse d’enfler après les révélations samedi du quotidien Correio da Manha sur le montant de l’indemnité de départ de 500’000 euros dont a bénéficié Alexandra Reis deux ans avant la fin de son contrat. Quelques mois plus tard, elle avait été nommée à la tête de NAV, entreprise publique chargée du contrôle aérien, avant de rejoindre début décembre le gouvernement comme secrétaire d’État au ministère des Finances.
Ambiguïté autour de son départ
Alexandra Reis a rejeté toute illégalité et a affirmé avoir quitté la compagnie «à la demande de TAP», dans une note envoyée à l’agence Lusa. Mais le transporteur portugais avait indiqué dans un communiqué en février que Mme Reis avait présenté sa démission, décidant «de clore un chapitre de sa vie professionnelle».
«S’il ne s’agit pas d’un licenciement, mais d’un départ volontaire, il n’y a pas forcément lieu à une indemnité», a rappelé lundi soir le chef de l’État portugais. Face à la polémique, le ministère des Finances et celui en charge des Transports ont sollicité TAP afin de clarifier «le cadre juridique de l’accord conclu» et le «montant de l’indemnisation accordée».
Compagnie au régime sec
Le groupe aérien portugais, dont les difficultés se sont accrues avec la pandémie de Covid-19, a été totalement renationalisé dans l’urgence en 2020, en échange de l’application d’un plan de restructuration imposé par Bruxelles. Chiffré à plus de 3 milliards d’euros, ce plan prévoyait notamment une diminution de ses effectifs, une réduction de sa flotte et une baisse de 25% pour les salaires supérieurs à 1410 euros jusqu’en 2025. Cette indemnité «est incompréhensible dans une entreprise qui connaît une situation économique difficile, soutenue par des fonds publics», a réagi le Syndicat des pilotes de l’aviation civile (SPAC) dans un communiqué.