JusticeCondamné pour abus sur mineures, le prédateur fera appel
Célèbre cerveau d’un rapt, le Vaudois de 48 ans a écopé de 5 ans de prison ferme début avril. Son avocat confirme qu’il va recourir contre ce jugement.
Depuis le 1er décembre 2019, date de son interpellation en flagrant délit à son domicile en Valais, le prévenu n’a eu de cesse de clamer son innocence. Il a en outre multiplié les demandes de libération auprès du Tribunal des mesures de contrainte (TMC) du canton de Vaud qui a toujours suivi le préavis défavorable de la procureure Carole Deletra.
Les 28 et 29 mars derniers, le Tribunal correctionnel d’arrondissement de Lausanne jugeait enfin cet homme aux lourds antécédents judiciaires dont le procès avait été suspendu un an plus tôt pour complément d’instruction. Un rebondissement en pleine audience en mars 2021 – la perte par l’enquêteur principal de photos et de vidéos accablantes – avait relancé la machine et permis de récolter de nouvelles dépositions.
Proies faciles
Fils adoptif d’un ancien ministre vaudois, le commanditaire du rapt d’un avocat-stagiaire lausannois en 1998 a écopé de 5 ans de peine privative de liberté pour avoir, à divers degrés, abusé d’une quinzaine de mineures en rupture familiale et sociale sur la Riviera vaudoise et dans un chalet à Vercorin (VS) que lui louait son père. Les faits instruits s’étendaient quasiment sur deux ans, de fin 2017 au 1er décembre 2019.
Certaines de ses proies avaient parfois tout juste 14 ans aux moments des faits. Si sept d’entre elles avaient pu être entendues dans un premier temps, elles ont finalement été quatorze à relater la même histoire et le même modus operandi. Drogue, alcool, sexe, jeux, gages, emprise, dépendance, chez lui, de nuit comme de jour: un cocktail explosif sur des gamines en perte de repères et fragilisées.
«Pas de place au doute»
La Cour correctionnelle vaudoise a du reste salué le courage et la lucidité des victimes dans son jugement rendu le 4 avril. Oui, le cocaïnomane a bien poussé ses victimes à la dépravation et abusé de leur détresse, psychologique et financière: «Leurs témoignages corroborants ne laissent pas de place au doute. Il n’y a pas lieu d’avoir la moindre hésitation. Elles n’avaient aucune raison de mentir pour se venger, ce que prétend le prévenu».
Les juges ont retenu toutes les qualifications du Ministère public: actes d’ordre sexuel avec des enfants de moins de 16 ans, actes d’ordre sexuel avec des personnes dépendantes de plus de 16 ans, actes d’ordre sexuel avec des mineurs contre rémunération ainsi qu’actes d’ordre sexuel commis sur une personne incapable de discernement ou de résistance (ndlr. trois cas). Mais encore: remise à des enfants de substances pouvant mettre en danger leur santé, infraction grave et contravention à la Loi fédérale sur les stupéfiants (trafic et consommation).
14 filles, une mère
Pour parvenir à tant de récits concordants, il aura fallu la ténacité et la témérité d’une mère. La seule à avoir maintenu sa plainte et à avoir bataillé sans limites pour les treize autres jeunes filles. Pour que le Vaudois soit reconnu coupable d’abus sexuels. Son enquête parallèle aura fini par payer même si le Service de protection de la jeunesse (SPJ) avait dénoncé quatre cas en janvier 2019, près d’un an avant que le repris de justice ne soit arrêté au lit avec une mineure de 15 ans, alcoolisée et sous THC.
Aujourd’hui, son combat n’est pourtant pas terminé. Elle devra bientôt venir à nouveau défendre ces jeunes femmes et plaider cette fois-ci face aux juges cantonaux, sans avocat, comme elle l’avait si brillamment fait en première instance.
«Pas en danger chez moi»
Père de quatre enfants, le récidiviste a en effet décidé de faire appel de sa condamnation à 5 ans ferme dont il a purgé presque la moitié. Appel que nous confirme son avocat, Me Valentin Marmillod, par la voix de son secrétariat. Une suite sans surprise, l’accusé s’étant non seulement posé en victime lors des audiences, mais allant jusqu’à traiter les mineures qui l’acculaient de «menteuses». «Un complot, une conspiration pour se venger de lui», prétendra-t-il aussi. Ou encore: «Elles pouvaient venir chez moi pour consommer leur propre drogue et alcool plutôt que de se faire violer ailleurs. Je ne suis pas un Saint mais les jeunes n’étaient pas en danger chez moi».