DiplomatieCorée du Nord: le Conseil de sécurité de l’ONU toujours divisé
Les États-Unis «devraient montrer davantage de sincérité et de flexibilité» s’ils veulent débloquer la crise avec Pyongyang, a affirmé vendredi Pékin, alors que Washington a échoué à obtenir une déclaration commune du Conseil de sécurité.
Washington a proposé à ses 14 partenaires un texte condamnant les derniers essais de missiles nord-coréens, mais «la Chine, la Russie, les Africains et d’autres» ont refusé de l’adopter, ont précisé à l’AFP des diplomates américains.
Les États-Unis «devraient proposer des approches, des politiques et des actions plus attrayantes et plus pratiques, plus flexibles et répondre aux préoccupations de la Corée du Nord», a insisté le représentant de la Chine Zhang Jun devant des médias, avant le début d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité convoquée à la demande de Washington.
Après les initiatives de l’ex-président américain Donald Trump à l’égard de la Corée du Nord, «nous avons vu la suspension des essais nucléaires, nous avons vu la suspension du lancement de missiles balistiques intercontinentaux», a fait valoir l’ambassadeur chinois dans cette rare déclaration avant une réunion du Conseil consacrée à la Corée du Nord.
Ces derniers mois, au contraire, «nous avons assisté à un cercle vicieux d’affrontements, de condamnations, de sanctions», a déploré Zhang Jun dont le pays a bloqué en janvier à l’ONU l’adoption de sanctions individuelles visant des Nord-Coréens sur le modèle de mesures prises par Washington.
Il y a plus d’un an, la Chine, avec la Russie, a proposé au Conseil de sécurité d’adopter une résolution visant à alléger à des fins humanitaires les sanctions économiques internationales imposées à la Corée du Nord, a rappelé le diplomate chinois. Faute de soutien, ce projet n’a pas fait jusqu’à présent l’objet de négociations ni été soumis à un vote. «Nous avons au moins fait quelque chose pour faciliter une amélioration et éviter l’escalade de la tension», a estimé Zhang Jun.
«Silence persistant»
«Cette résolution récompense la Corée du Nord pour son mauvais comportement», a rétorqué après la réunion l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield. «Et il n’y a aucune raison pour que ce Conseil les récompense pour neuf tests en un mois et presque autant les années précédentes», a-t-elle déclaré à des médias. «Dépenser des millions de dollars en tests militaires alors que votre peuple meurt de faim indique que ce pays ne se soucie pas de son propre peuple», a asséné la diplomate américaine.
La réunion du Conseil de sécurité vendredi était la troisième depuis moins d’un mois. Le 20 janvier, la dernière session s’était soldée par une déclaration conjointe de huit pays (États-Unis, Royaume-Uni, Albanie, France, Irlande, Norvège, Émirats arabes unis, Brésil) auxquels s’était joint le Japon. Sept membres du Conseil de sécurité avaient refusé de se joindre à l’initiative de Washington: Russie, Chine, Inde, Mexique, Gabon, Kenya et Ghana.
Ce vendredi, les huit mêmes pays avec le Japon, toujours emmenés par Washington, ont à nouveau émis une déclaration commune à l’issue de la session à huis clos du Conseil.
«Nous réitérons notre appel à la Corée du Nord pour qu’elle cesse ses actions déstabilisatrices et renoue avec le dialogue», affirme leur texte. «Nous continuons d’exhorter la Corée du Nord à répondre positivement aux offres des États-Unis et d’autres de se rencontrer sans conditions préalables», ajoute-t-il, en condamnant «dans les termes les plus forts» le dernier tir dimanche du plus puissant missile nord-coréen depuis 2017.
Selon les auteurs de la déclaration, «le coût du silence persistant du Conseil est trop élevé. Cela encouragera la Corée du Nord à défier davantage la communauté internationale, normalisera ses violations des résolutions du Conseil de sécurité, déstabilisera davantage la région et continuera à menacer la paix et la sécurité internationales», estiment-ils.
Selon des experts cependant, l’envoi vendredi d’un message de «chaleureuses félicitations» de la Corée du Nord à son allié chinois pour les Jeux olympiques de Pékin est le signal probable d’un arrêt des tirs de missiles pendant l’événement sportif.