SuisseFaciliter l’accueil des Afghans n’est «pas possible pour l’instant»
Le Conseil fédéral a fait le point sur la situation en Afghanistan, mercredi. Des employés afghans vont être accueillis en Suisse. Pour les autres, les règles ne changent pas.
La situation n’est pas encore assez claire aux yeux du Conseil fédéral pour pouvoir envisager une ouverture de l’accueil de réfugiés afghans en Suisse. La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter et son collègue Ignazio Cassis ont présenté mercredi la stratégie de la Confédération en réaction à la situation en Afghanistan avec la récente prise de pouvoir des talibans.
En résumé, la Confédération donne la priorité aux ressortissants helvétiques et aux employés afghans engagés par la Suisse dans les missions humanitaires sur place. Ignazio Cassis a d’abord précisé que le personnel du bureau de la Direction du développement et de la coopération (DDC) à Kaboul est arrivé mardi en Suisse. «Ils sont rentrés et vont bien», a-t-il précisé. La Suisse va aussi rapatrier des employés de la coopération internationale et leur famille, environ 230 personnes au total.
Situation «pas assez claire»
Mais pour l’instant, un accueil plus large de réfugiés afghans n’est pas à l’ordre du jour. Le contingent de 800 personnes venant d’Afghanistan pouvant trouver refuge en Suisse ne sera pas rehaussé, a annoncé le Conseil fédéral. «Ce n’est pas possible pour l’instant», a déclaré Karin Keller-Sutter. «La situation n’est pas assez claire sur place pour savoir combien de personnes ont besoin d’une protection.»
Le Conseil fédéral explique dans un communiqué que «selon le HCR (ndlr: l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés), le manque d’informations claires concernant la situation sur place ne permet pas encore de définir d’éventuels besoins de réinstallation, mais aussi parce qu’une telle opération ne serait de toute façon techniquement pas possible à l’heure actuelle, compte tenu de la situation chaotique en Afghanistan». La cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP) et son collègue ont rappelé que, pour l’instant, personne ne pouvait se rendre sur place pour savoir comment évoluait le changement de régime.
Flux migratoire limité
Le bureau de la DDC à Kaboul est désormais fermé temporairement, a précisé Ignazio Cassis, qui croit à une poursuite prochaine des activités humanitaires sur place. «Notre engagement ne va pas s’arrêter. Nous sommes depuis 2002 à Kaboul. Notre volonté de poursuivre est intacte», a-t-il assuré. Concernant les relations avec le gouvernement formé par les talibans, la Suisse va-t-elle reconnaître ce dernier? «Je rappelle que la Suisse ne reconnaît pas les gouvernements, mais les pays. Rien n’est clair à Kaboul et il faut d’abord éclaircir la situation», a répété le conseiller fédéral.
La Confédération ne s’attend pas pour l’instant à un flux migratoire important en provenance d’Afghanistan. «La migration se fera sans doute dans les pays voisins avant tout et la Suisse sera présente sur place à ce moment-là pour aider autant que possible», estime Ignazio Cassis.
Appel de la Ville de Genève
Plus tôt dans la journée, la Ville de Genève a appelé Berne, dans un communiqué, à agir immédiatement afin de permettre aux personnes en danger de bénéficier d’un accueil en Suisse via la délivrance de visas humanitaires. Quant aux Afghans résidant en Suisse, la Ville salue le fait que la Confédération ait suspendu les renvois, mais elle lui demande de réexaminer les décisions de refus de l’asile. Selon les autorités genevoises, «la Suisse, fière de sa tradition d’accueil, pays siège de nombreuses organisations internationales et berceau de la Croix-Rouge, ne peut rester les bras croisés alors qu’un drame effroyable se joue en Afghanistan».
Le parti des Verts suisses a critiqué de son côté la stratégie du Conseil fédéral, jugeant que le fait d’accueillir «que 230 personnes» était «inacceptable».