États-UnisTrump est-il toujours le chef des républicains?
L’influence politique de l’ex-président américain Donald Trump sera évaluée lors de primaires républicaines, au cours du mois de mai.
Dix-huit mois après avoir quitté la Maison-Blanche, Donald Trump a-t-il encore le pouvoir de faire et défaire les élections aux États-Unis? L’influence politique de l’ex-président sera évaluée lors d’une série de primaires républicaines tout au long du mois de mai.
Une dizaine d’États américains, à commencer par l’Ohio mardi, organisent durant le mois de mai des primaires pour déterminer quel sera leur candidat républicain pour les «midterms», les élections législatives de mi-mandat, prévues en novembre.
Sonder l’âme républicaine
Ces scrutins permettront de sonder l’âme du parti républicain, où se joue une bataille particulièrement âpre entre différents candidats de la droite dure. Nombre d’entre eux se sont lancé les pires invectives pour décrocher l’attention et le soutien officiel de Donald Trump.
Signe de la mainmise qu’il détient encore sur le parti républicain, le nom de l’ancien président passe en boucle sur les spots publicitaires électoraux de la Pennsylvanie à la Géorgie, en passant par l’Alabama ou la Caroline du Nord. Et gare à qui ne prête pas allégeance à Donald Trump.
En Ohio, où l’on vote mardi, l’un des prétendants républicains au poste de sénateur, J.D. Vance – auteur d’un best-seller sur l’Amérique en proie à la désindustrialisation ayant inspiré une production Netflix («Une ode américaine») – l’a bien compris. Autrefois critique du milliardaire républicain, le candidat de 37 ans vante désormais avec ferveur sa supposée proximité avec Donald Trump, qui a annoncé soutenir sa candidature au Sénat américain.
Capital politique
Cela n’a pas empêché l’ex-président d’écorcher le nom du candidat lors d’un meeting de campagne samedi… «On a soutenu J.P., n’est-ce pas? J.D. Mandel», a lancé Donald Trump à la foule, semblant confondre J.D. Vance avec son plus proche rival, Josh Mandel.
Le soutien de l’ancien président s’est néanmoins révélé être une énorme aubaine pour J.D Vance, qui a, depuis son annonce, pris une avance de cinq points sur ses rivaux selon les sondages. Le 17 mai, les projecteurs se braqueront ensuite sur la Pennsylvanie, un État anciennement célèbre pour ses aciéries, où Donald Trump a choisi de soutenir une ancienne star de la télé.
Le soutien de Donald Trump à Mehmet Oz -- chirurgien superstar longtemps à la tête d’une émission médicale quotidienne très populaire -- semble avoir aidé le «Dr. Oz» à dépasser son plus proche rival dans les sondages, l’ancien fonctionnaire du Trésor David McCormick. «Le résultat des primaires permettra de déterminer si la base républicaine est toujours la base de Trump», analyse auprès de l’AFP Alexander Heffner, spécialiste de la politique américaine.
Creuset miniature
Cela sera particulièrement crucial en Géorgie, sorte de creuset miniature des débats qui vont animer les États-Unis ces prochains mois. L’État du sud-est des États-Unis, connu pour sa capitale Atlanta, est à la fois au cœur d’une lutte acharnée sur l’accès au vote des Afro-Américains et l’épicentre d’une campagne de désinformation sur la fraude électorale.
Donald Trump a réprimandé à plusieurs reprises le gouverneur républicain Brian Kemp, candidat à sa réélection, pour avoir certifié les résultats de la présidentielle de 2020, où il a été battu par Joe Biden. L’ex-locataire de la Maison-Blanche soutient à la place l’ancien sénateur David Perdue, qui fait régulièrement des appels du pied aux partisans de Donald Trump en perpétuant l’idée que la présidentielle lui a été «volée» -- une thèse maintes fois démentie, mais à laquelle croient encore des millions d’Américains.
Nouvelle primaire en août
Une fois passée l’épreuve du mois de mai, l’influence de Donald Trump sera encore mise à rude épreuve lors de nouvelles primaires en août, lors desquelles une de ses bêtes noires au Congrès, l’élue républicaine Liz Cheney, affrontera une candidate adoubée par l’ancien président.
Si elle était défavorable, l’issue de ces scrutins pourrait coûter cher à Donald Trump, qui flirte de plus en plus ouvertement avec l’idée de se représenter à la présidentielle, en 2024. «Si les candidats soutenus par Trump n’obtiennent pas les résultats escomptés», avertit Alexander Heffner, «la trajectoire vers la course à l’investiture présidentielle de 2024 sera différente».